Goodÿ, plasticien : « Faute de visibilité, il faut s’adapter chaque semaine »

Troisième invité de notre série consacrée aux artistes face à la crise sanitaire, Goodÿ n’a pas attendu l’épisode Covid-19 et son corollaire, la fermeture des salles d’exposition, pour être en mode proactif. Parallèlement à Rézonans, sa boutique en ligne, Goodÿ a fait le choix de la proximité en pratiquant son art dans les communes, au contact du public.

Les lieux d’exposition étant fermés, comment avez-vous organisé votre activité ?

L’avantage, c’est que j’ai toujours créé mes propres événements pour montrer mon travail. J’avais déjà décidé, avant le confinement de mars 2020, de me soigner, puis de reprendre mes activités, en novembre 2020. J’ai dû réévaluer mes projets par rapport à la situation sanitaire.

Rézonans, votre boutique en ligne, a été lancée en mai 2020. A-t-elle eu l’impact escompté ?

L’idée de la boutique en ligne était déjà programmée, en novembre 2020, pour fêter mes 20 ans de d’artiste-auteur. Plutôt que d’attendre novembre, j’ai ouvert la boutique, en mai, avec quelques produits et un relais sur les réseaux sociaux. En mai 2020, ne sachant pas où on allait, cela a au moins permis de montrer mon travail tout en créant des produits que je publiais en ligne. En novembre, j’ai complété le catalogue de produits. Le site fonctionne très bien par rapport à la manière dont je l’ai lancé. Quand on crée un e-commerce, il faut du marketing, un budget de communication pour permettre à l’activité d’être rentable, surtout dans mon secteur.

« La Covid m’a freiné dans mes projets »

Lespwa, acrylique sur toile.

Cette anticipation a-t-elle permis d’amortir le choc, financièrement ?

Bien au contraire ! Tous ces projets sont très coûteux. Avec une entité en France, une en Guadeloupe et une autre à Miami, financièrement, j’ai été très impacté par la Covid parce que j’étais en phase d’investissements. En 2019, j’avais contracté des crédits pour lancer mes activités. Avec la Covid et n’ayant pas travaillé pendant près de 9 mois, les crédits, les charges… se sont accumulés. Toutes les actions que j’ai mises en place malgré la crise sanitaire font que je gagne plus qu’en 2019, mais cela ne suffit pas à compenser les dettes occasionnées par la Covid. Je n’ai pas lancé cette boutique en ligne comme je l’avais souhaité.

A quoi avez-vous dû renoncer ?

J’avais prévu un espace physique pour présenter les produits : j’ai dû remettre le local. Il y a des produits que je n’ai pas pu développer parce qu’ils supposent d’avoir du stock. Les produits présentés sur le site sont disponibles à la demande. J’avais envisagé de réaliser une série d’articles en verre, en porcelaine…, j’ai tout remis dans les tiroirs en attendant d’en avoir les moyens. Beaucoup de mes projets ont été freinés à cause de la Covid. Même si j’avais les moyens de faire certains investissements, on n’a pas de visibilité à moyen terme. On ne fonctionne même pas à court terme ! On est obligé de s’adapter chaque semaine en fonction des nouvelles informations. On ne peut pas faire des investissements en sachant que, pour avoir un retour, il faut attendre 3 à 6 mois.

« Pour demander une aide financière, je suis un mauvais élève ! »

Le sac Rézonans, extrait du catalogue en ligne de Goodÿ.

Quelles sont vos solutions ?

Faute de visibilité, on peut faire des expositions ponctuelles. J’ai pris le contre-pied de la frénésie d’expositions qu’on observe en ce moment, en allant à la rencontre du public. Chaque semaine, j’ai un programme que je peux réajuster dans des lieux différents. Cela me permet d’exister, de montrer mon travail. En septembre, j’ai intégré un réseau de défiscalisation d’œuvres d’art. J’avais une proposition d’acquisition en octobre. Puis, il y a eu l’annonce d’un éventuel confinement en novembre : les entreprises ont gelé leurs investissements jusqu’en février. C’est clairement un manque à gagner. Et, en mars, personne ne sait ce qui va se passer !

Et les aides allouées aux artistes ?

Pour les relations avec les institutions, je suis un mauvais élève ! Je n’ai pas le temps, ni les moyens de déléguer à quelqu’un la constitution d’un dossier de demande d’aide, puis d’attendre de savoir si l’aide me sera accordée ou pas. Je sais que je peux m’organiser pour constituer un fonds, donc j’agis ! Etant à l’origine de mes propres événements, comment justifier les dépenses que j’allais engager ? Comment évaluer les pertes du lancement de ma boutique, puisque je fonctionne en autofinancement ? Je suis trop autonome pour bénéficier de ces aides : je ne corresponds pas aux critères ! En revanche, pour les manifestations qui ont été annulées à cause de la Covid et pour lesquelles j’étais invité, j’ai été remboursé des frais qui étaient déjà engagés.

Propos recueillis par Cécilia Larney

L’actualité de Goodÿ

Parallèlement à l’exposition permanente de ses toiles et dessins à la boulangerie Gabriel, à Jabrun (Baie-Mahault), Goodÿ est en tournée dans l’archipel jusqu’au 31 mars :

  • Le mardi, au restaurant Chez Didier, route de Malendure, Bouillante.
  • Le jeudi, au Léwoz Kafé, Lauricisque (Pointe-à-Pitre).
  • Le vendredi, à La Galante, Grand-Bourg (Marie-Galante).
  • Le dimanche, au Bik Kafé, Saint-François

Tél. 06 90 95 39 31. www.goodyart.orghttps://rezonansbygoodyart.com/

https://play.google.com/store/apps/details?id=com.app.rezonans&pli=1

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