L’ambianceur Jean-Marc Ferdinand est le deuxième invité de notre série consacrée aux artistes face à la crise sanitaire.
Comment avez-vous vécu l’annonce du confinement en mars 2020 ?
C’était très laborieux. Au départ, les journées se suivaient et se ressemblaient. Pour moi qui suis toujours en activité, en Guadeloupe, dans la Caraïbe, en métropole…, j’avais la hantise de savoir comment j’allais faire, d’autant que je suis artiste professionnel : la musique, c’est mon métier. Au départ, c’était un coup dur. Mais, étant dans le milieu artistique, j’avais pris l’habitude de gérer mon budget.
Sauf que cette période « creuse » semble s’éterniser…
Eh voilà ! A force de puiser dans les économies, nous sommes arrivés au stade où les choses sont vraiment difficiles. On ne sait plus à quel saint se vouer. D’où la mise en place du Sendika Awtis Gwadloup, UniArt. A mon sens, ce syndicat aurait dû être créé depuis très longtemps. Mais, chacun était de son côté.
La crise aura au moins servi à cela ?
Malheureusement, cette période Covid a servi d’élément déclencheur. C’est vrai qu’aujourd’hui, un artiste professionnel rame énormément pour gagner sa vie. On tient par la force des choses ! Je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans cette situation. Moi qui suis de nature positive, je continue de penser que ça ira mieux demain, mais je ne vois toujours rien à l’horizon !
Pourtant, depuis juin, en Guadeloupe, certaines prestations sont autorisées…
Nous avions pensé que l’activité repartirait vraiment en juin et pour les grandes vacances. Mais, ce n’était rien de mirobolant. En juillet, j’ai été sollicité pour une prestation en métropole, mais la situation sanitaire était tellement critique que j’ai préféré ne pas prendre de risques, pour moi et pour ma famille. Je préfère être vivant et fauché, que les poches pleines et malade ! Maintenant, je comprends que certaines situations peuvent fragiliser et pousser à des extrémités.
Des mesures ont été annoncées pour venir en aide aux artistes…
Quand on envoie un dossier, la collectivité ou l’administration réclame une pièce supplémentaire. Quand on la fournit, il en faut une autre ou ce n’est pas la bonne. Il manque toujours quelque chose. Là où j’ai réellement obtenu une aide, c’est à la Sacem qui a mis en place un fonds pour leurs sociétaires. Ils nous ont alloué une petite somme pour tenir le coup.
Vous qui avez fait l’expérience du spectacle sans public, qu’en pensez-vous ?
Oh, mon Dieu ! Si c’est ça l’avenir ! Pour moi qui ai besoin de l’énergie de mon public, c’est encore plus difficile ! Avant de partir de chez moi, il faut que je me prépare psychologiquement. Mais, la première fois, ce n’était vraiment pas évident. Heureusement, c’était avec le groupe K’Koustik, nous étions 4 sur scène, donc notre complicité habituelle nous a permis de donner le change. Idem pour Nwèl Boukoussou. Mais, pour le show de fin d’année, ce n’était vraiment pas évident !
Propos recueillis par Cécilia Larney