Il faut bien reconnaître que le carnaval ne se laisse pas conter, autorités ou non. Les interdictions en Martinique sont peu suivies, les vidés se déroulant en plus en plus nombreux un peu partout dans l’île, et surtout dans la capitale, à Fort-de-France.
Les manifestations officielles au stade de Dillon ne rassemblent pas la grande foule. Peu s’intéressent à ce carnaval aseptisé, surveillé, réglementé. Par tradition, le carnaval ne se laisse pas embrigader, emmener, il en impose, il est liberté. Alors, les rassemblements « marrons » sont légion pour contredire les interdictions, les résolutions.
Depuis les premiers jours gras, et bien avant, les carnavaliers s’en donnent à cœur joie, loin des barricades. Une actualité qui défraie la chronique et laisse pantoises les autorités. Les réseaux sociaux sont inondés de défilés, ici ou là, loin des attentes des autorités compétentes et en défiance de la crise sanitaire.
Une foule souvent incontrôlable, comme celle qui s’était rassemblée lundi 15 février, face à la Préfecture scandant des chants aux discours clairement dirigés contre le préfet de région, Stanislas Cazelles. Pour l’heure, aucune réaction n’a émané de l’édilité, une certaine compréhension semblant être le leitmotiv, en dépit de la salacité des insultes proférées par la foule.
« Le carnaval n’est pas un spectacle, mais un déboulé dans les rues », expliquent les carnavaliers. Ce mardi 16 février, au matin, le rond-point du Vietnam Héroïque, à Bellevue était pris d’assaut par une foule défilant jusqu’à Fort-de-France. Un carnaval bien engagé en dépit des interdictions.
Du côté du stade de Dillon, c’est une foule timide, éparse qui s’est laissé prendre au jeu, dimanche 14 et lundi 15 février. Une déception pour les organisateurs et les artistes participant à cette manifestation. « Le carnaval, c’est un lieu, un espace, une culture, une sensation, tout doit être ensemble. Alors, penser que le carnaval sera transposé au stade, ce n’est pas possible », estime Yvon Lamorandière, responsable de la mission carnaval à Fort-de-France.
Rodolf Etienne