Haïti, à travers son ministre des Affaires étrangères Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, a participé à l’élection du nouveau secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin, lundi 10 mars 2025, au siège de l’institution à Washington. M. Ramdin, élu jusqu’en 2030, succède à Luis Almagro qui a fait deux mandats. Beaucoup de pays ont évoqué le cas d’Haïti parmi de nombreux défis auxquels fait face la région.
Une élection historique. C’est la première fois qu’un Caribéen occupe le poste de secrétaire général de l’OEA. Cette élection vient « corriger cette anomalie ». Albert Ramdin, 67 ans, ministre des Affaires étrangères du Suriname, diplomate de carrière, avait le champ libre au cours de cette élection car le ministre des Affaires étrangères du Paraguay, son ancien concurrent, s’était retiré de la course. Albert Ramdin a donc été élu par acclamation. Tour à tour les représentants des différentes délégations ont salué l’élection d’Albert Ramdin, appelé à un nouveau souffle à l’OEA.
« Les défis qui nous attendent sont nombreux et, pour la plupart, colossaux. Comme ailleurs dans le monde, la région des Amériques doit affronter des bouleversements majeurs, tant sur le plan politique, économique, environnemental, climatique, que sur le plan technologique », a déclaré le chancelier haïtien Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste.
« Notre organisation hémisphérique va devoir se réinventer pour pouvoir faire face à tous ces défis. Il nous faudra faire preuve d’imagination pour répondre aux besoins de nos peuples, surtout dans un contexte où les ressources se raréfient. Il faudra également veiller à la préservation de la paix dans notre région, et contribuer de toutes nos forces au retour de la paix là où, ailleurs dans le monde, elle a été mise à rude épreuve », a poursuivi le ministre des Affaires étrangères, qui pense qu’ « il faudra accompagner avec encore plus de détermination et de souci d’efficacité, les différents États membres qui – comme mon pays, Haïti – font face à des crises internes. La paix et la sécurité sont un trésor précieux qu’il nous faut chercher à protéger par tous les moyens ».
« Plus que jamais, notre organisation a besoin de réaffirmer ses valeurs et faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’elles se concrétisent. Dans ce sens, la solidarité entre les peuples, et surtout entre nos peuples, n’a jamais été aussi nécessaire », a indiqué le chancelier haïtien.
Les différentes interventions ont abondé dans le même sens en rappelant la mission de l’OEA qui est de défendre la démocratie, de promouvoir et de protéger les droits de l’homme, ainsi que de faire progresser la sécurité et la prospérité économique dans tout l’hémisphère.
Des pays comme la Jamaïque, la Dominique, la Barbade, la République dominicaine, entre autres, ont évoqué la crise sécuritaire en Haïti comme une préoccupation pour la région. « Pour la situation en Haïti, nous avons tous des responsabilités à assumer », a soutenu la représentante de la Jamaïque, appelant la communauté internationale à continuer à apporter son soutien à Haïti.
La Dominique a aussi fait un plaidoyer pour « voler au secours d’Haïti ». Ce pays voisin estime qu’il « faut absolument supporter Haïti » dans le contexte actuel. Et la République dominicaine a encore parlé des « groupes terroristes », des gangs qui sèment le chaos en Haïti depuis plusieurs années. Une situation qui a des répercussions sur l’autre pays partageant l’île avec Haïti dont les relations diplomatiques se sont un peu détériorées ces trois dernières années.
Ramdin appelle à l’unité
Urgence climatique, criminalité transnationale, démocratie, promotion de la paix… les défis sont énormes. D’autant plus que des pays de la région font face à des expulsions massives des États-Unis de leurs ressortissants. Pour surmonter les obstacles, le nouveau secrétaire général de l’OEA appelle à l’unité. « L’unité doit nous guider. L’unité nous rend plus fort », a déclaré Albert Ramdin. « La communauté des Caraïbes est bien unie, elle en fait la preuve aujourd’hui », a assuré le diplomate, qui a appelé à « redoubler d’efforts pour travailler ensemble ».
« Nous devons nous mobiliser activement, nous écouter les uns les autres, chercher des terrains d’entente pour aller de l’avant et non reculer », a dit le nouveau secrétaire général de l’OEA, assurant que l’organisation accordera une attention spéciale à la situation d’Haïti, à celle de Cuba et à celle du Venezuela…
« Albert Ramdin vient d’un pays de la Caricom certes, mais il ne sera pas le secrétaire général d’un seul pays… L’avenir de l’OEA dépend de son leadership », ont rappelé des chanceliers.