Bien plus qu’un simple défilé festif, le déboulé plonge ses racines dans l’histoire et la résistance. C’est que révèlent les travaux de Clémence Baubant, chorégraphe.

Danseuse, chorégraphe et chercheuse, Clémence Baubant est l’auteure de passionnants travaux sur le déboulé, une pratique emblématique du carnaval guadeloupéen. À travers une approche historique, esthétique et corporelle, elle révèle toute la richesse de cette marche rythmée, ancrée dans la mémoire collective et en constante évolution.
Bien plus qu’un simple défilé festif, le déboulé plonge ses racines dans l’histoire et la résistance. Héritier du marronnage et des traditions africaines, le déboulé s’est imposé comme un espace de transmission culturelle en Guadeloupe. Les tambours, autrefois interdits par les colons, résonnent aujourd’hui encore comme un puissant écho du passé.
« Le déboulé est un espace où se rencontrent histoire, rythme et corps en mouvement, explique Clémence Baubant. Il est à la fois un acte social, une performance esthétique et une manière d’habiter l’espace public. »
Un langage du corps et du rythme


Contrairement aux parades ordonnées des carnavals européens, le déboulé repose sur un mouvement libre et organique, dicté par les percussions. Les danseurs évoluent dans un état de tension et de relâchement, incarnant physiquement la mémoire et l’histoire. « C’est une marche qui mobilise tout le corps. Chaque pas, chaque oscillation du torse, chaque frappe du pied sur le sol raconte quelque chose, même inconsciemment. »
Si les « group-a-po », utilisant des tambours traditionnels, perpétuent l’héritage ancestral, d’autres influences viennent enrichir le déboulé. Certains groupes intègrent des sonorités modernes et des éléments scéniques empruntés aux arts du spectacle. « Le déboulé d’aujourd’hui dialogue avec son époque. Il se transforme tout en conservant ses racines », constate Clémence Baubant.
Une transmission culturelle essentielle
Clémence Baubant souligne l’importance de la transmission de cette pratique aux jeunes générations. Plus qu’un apprentissage technique, le déboulé est une immersion sensorielle et émotionnelle.
« Le déboulé est un savoir qui se transmet dans la pratique, dans l’expérience directe du rythme et du mouvement. »
Les travaux de Clémence Baubant mettent en lumière toute la complexité et la richesse de cette pratique carnavalesque, confirmant que le déboulé est bien plus qu’une tradition : c’est un langage vivant, inscrit dans le corps et la mémoire de la Guadeloupe.
Mamadou Mactar