Le comité éditorial du Miami Herald, dans un éditorial, 21 février 2025, a appelé l’administration Trump à revenir sur sa décision de révoquer le TPS octroyé aux Haïtiens.
Le comité éditorial du Miami Herald, dans un éditorial, 21 février 2025, a appelé l’administration Trump à revenir sur sa décision de révoquer le TPS octroyé aux Haïtiens. Cette décision, a indiqué le journal Floridien, « est une erreur et nuira à la Floride ».
« Un demi-million d’Haïtiens vivant temporairement aux États-Unis ont été plongés dans l’incertitude cette semaine lorsque l’administration Trump a annoncé qu’elle annulait l’extension de leur statut de protection temporaire, ce qui signifie qu’ils pourraient perdre leur permis de travail et être éligibles à la déportation dès le mois d’août », peut-on lire dans cet éditorial.
On ne sait pas exactement combien de Haïtiens détenteurs du TPS vivent en Floride, mais l’État compte l’une des plus grandes populations d’Américains d’origine haïtienne du pays, soit environ 500 000 personnes, dont la majorité se trouve dans le sud de la Floride. Cette décision aura un effet dévastateur sur nos amis et voisins, nos collègues et employés, et nuira à notre économie.
Le « baiser de la mort »
La représentante démocrate de Miami, Frederica Wilson, a déclaré que l’envoi d’Haïtiens américains à l’étranger serait une catastrophe. Frederica Wilson, de Miami, a qualifié de « baiser de la mort » le fait de renvoyer les Haïtiens chez eux au milieu des turbulences que traverse le pays.
L’appréhension qui couve est en train de devenir un mode de vie ici : La nouvelle concernant le TPS pour les Haïtiens est tombée environ trois semaines après l’annonce déchirante de l’administration selon laquelle elle révoquerait également le TPS pour quelque 350 000 Vénézuéliens d’ici avril et pour 257 000 autres d’ici septembre.
Dans d’autres régions du pays, la question du TPS peut sembler abstraite et lointaine, dans le cadre de la conversation nationale sur l’immigration et la nécessité de sévir contre les personnes qui se trouvent illégalement aux États-Unis. Mais à Miami, cette question fait mouche. C’est très dur, écrit le comité éditorial.
Notre communauté a été construite, du moins récemment, par des immigrants. Les Haïtiens et les Vénézuéliens font partie intégrante de notre société. Et les personnes protégées par le TPS ne sont pas ici illégalement ; elles bénéficient d’un statut légal temporaire accordé par le gouvernement américain.
Certes, il s’agit d’un statut temporaire, mais l’octroi de ce statut devrait être fondé sur la logique, et non sur des manœuvres politiques.
Trump sape la parole
du gouvernement américain
Or, c’est bien de politique qu’il s’agit. Le président Donald Trump est entré en fonction en promettant d’expulser un million de personnes. La désignation TPS a été prolongée par l’administration Biden, et Trump tente donc de l’effacer. Ce faisant, il sape la parole du gouvernement américain.
Nos alliés comme nos ennemis peuvent se poser la question : Si nous ne tenons pas notre parole sur le TPS d’une administration à l’autre, sur quelles autres promesses reviendrons-nous ? Il est inutilement cruel que le gouvernement change simplement de cap lorsqu’un nouveau président entre en fonction.
Ce sont des êtres humains qui bénéficient du TPS, pas des pions. Et ils viennent d’endroits en proie à de terribles troubles. Le TPS est un programme fédéral qui permet aux migrants de certains pays de vivre et de travailler temporairement et légalement aux États-Unis lorsque les conditions dans leur pays d’origine ne sont pas sûres.
La terrible situation d’Haïti
S’il y a un pays au monde qui devrait être éligible à ce programme, c’est bien Haïti. Des gangs armés contrôlent jusqu’à 90 % de l’agglomération de Port-au-Prince, la capitale. Les violences sexuelles sont monnaie courante et servent à contrôler la population, a souligné le comité éditorial du Miami Herald.
Les États-Unis ont dépensé plus de 620 millions de dollars pour soutenir une mission multinationale de sécurité autorisée par les Nations unies, qui peine à imposer l’ordre. Il y a des pénuries de nourriture et un manque permanent de fournitures médicales, au moins 70 % des hôpitaux ne fonctionnent pas.
L’année dernière, au moins quatre massacres ont été perpétrés par des gangs, causant la mort de plus de 5 600 Haïtiens. Les écoles ont fermé, des médecins et des infirmières ont été enlevés contre rançon, l’électricité fonctionne par intermittence et un million de personnes ont fui leur domicile pour échapper à la violence, comme l’a écrit William G. O’Neill, un expert des Nations unies sur les droits de l’homme en Haïti, dans un article d’opinion publié dans le Herald, demandant aux États-Unis de reconsidérer la décision relative au TPS.
Si ce n’est pas le cas pour le TPS, qu’est-ce que c’est ? Le même argument a été avancé — par ce comité de rédaction — concernant le TPS pour le Venezuela, où les conditions sous la direction de Nicolas Maduro ont empiré, si tant est qu’il y ait eu une aggravation.
Le raisonnement visant à permettre aux Haïtiens de continuer à bénéficier du TPS n’est pas uniquement basé sur l’humanité. Que se passe-t-il lorsqu’un demi-million de personnes sont soudainement expulsées ? C’est difficile à imaginer. Les familles seraient divisées. Les entreprises en souffriraient, a fait remarquer le comité éditorial du Miami Herald.
Réduire le TPS, comme le souhaitent de nombreux républicains, est une chose ; le retirer aux personnes qui en bénéficient déjà en est une autre. Renvoyer les Haïtiens dans leur pays dévasté et dangereux est malheureusement une question de politique, qui ne repose sur aucune menace pour les États-Unis ni sur aucune réalité en Haïti. Cette décision doit être revue, a appelé le comité éditorial du Miami Herald.
Source : Le Nouvelliste