Les principaux responsables politiques du Conseil supérieur de la police nationale CSPN sont connus.
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, homme d’affaires, candidat malheureux aux dernières élections sénatoriales, et étranger de la fournaise ardente de la gestion de l’Etat, préside le CSPN. Premier ministre et président du Conseil Supérieur de la Police Nationale sont ces premières responsabilités au sein de l’État haïtien.
Le ministre de la Justice, Patrick Pelissier, est pour le moins transparent. L’avocat au beau parcours académique, militant de certaines organisations de défense des droits humains, n’imprime pas. Il laisse l’impression de transférer ses responsabilités, là où il aurait fallu de la poigne et de l’investissement de sa personne.
Le ministre de la Défense, ex-député de Baie de Henne/Bombardopolis de la cinquantième législature, est certainement apprécié dans sa circonscription. Mais il n’est ni un chef de guerre ni un théoricien connu.
Le ministre Paul Antoine Bien-Aimé, ex-prêtre, revient au ministère de l’Intérieur après avoir occupé le poste sous la présidence de René Préval. Il peut être tout. Il peine à peser à l’intérieur qui se trouve en territoire abandonné au Champ de Mars.
Mario Andresol, ex-capitaine des FAD’H reconverti en policier, a été responsable du commissariat de Pétion-Ville, responsable de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) avant de devenir Directeur général de la PNH. Son règne comme DG PNH, plus de six ans, est le plus long de l’histoire de l’institution policière.
Respecté par beaucoup, critiqué par certains pour son choix, en tant que DG d’avoir abandonné le centre-ville de Port-au-Prince après le séisme de 2010, Mario Andresol, ex-candidat à la présidence, est l’actuel Secrétaire d’Etat à la Sécurité publique. Sa secrétairerie d’Etat, une coquille quasi vide, n’a aucun pouvoir direct sur la police dont l’autorité de tutelle est le ministre de la Justice.
Rameau Normil, salué pour ses performances à la DCPJ qu’il a dirigé, est, comme Léon Charles avant lui, à son deuxième passage comme directeur général de la PNH. Il hérite d’une situation sécuritaire dégradée et d’une police qui cumule des défaites depuis 2021. Rameau Normil a une histoire compliquée avec au moins deux chefs du CSPN.
L’ancien Premier ministre Joseph Jouthe l’avait publiquement poussé à la démission pour manque de résultats. Aujourd’hui, il est un secret de Polichinelle que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé ne veut plus de lui à la tête d’une police dans laquelle, dit-on, le venin de la rivalité, incompatible à la cohésion, à l’unité du commandement, a été injecté.
Promu général de brigade des Forces Armées d’Haïti le 27 juillet 2024, Derby Guerrier a été nommé, peu de temps après, commandant en chef des Forces Armées d’Haïti (FAd’H) par le Conseil présidentiel de transition et le gouvernement.
Il remplace à ce poste le général Jodel Lesage qui l’avait nommé général de brigade. Militaire de carrière, il fait le pont entre les FAD’H honnis avant sa démobilisation après le retour de Jean Bertrand Aristide le 15 octobre 1994 et cet embryon de force qui porte le même non.
Ex-collaborateur immédiat du président Aristide, ex-ministre Lavalas, architecte lors de certains travaux de réaménagement urbain, candidat à la présidence sur une autre bannière, Leslie Voltaire est aujourd’hui le président du Conseil présidentiel de transition (CPT). En charge du pays avec ses pairs au CPT, M. Voltaire, appelé à évaluer la compétence, les réalisations des officiels responsables de la sécurité, sort des lieux communs, des promesses de rétablir la paix et la sécurité.
De retour d’un voyage au Vatican, le président Leslie Voltaire a confié avoir prié la vierge lors d’un voyage au Vatican pour le retour de la sécurité en Haïti.
Cela dit, ces responsables politiques devraient avoir le service d’experts pour pallier leur limitation, si l’on considère comme acquis que ces chefs ne seraient ni corrompus ni de mèche avec des éléments de cet écosystème politico-économique mafieux à l’origine, en partie, de la descente aux enfers de la population.
Cependant, au fil des mois et des années, des faits, implacables, interpellent. Entre incapacité, improvisation des autres et le refus d’admettre l’échec, le navire Haïti continue de voguer sur une mer démontée. Le bricolage politique au sommet de l’Etat coûte cher aux familles qui pleurent des disparus, aux entrepreneurs ruinés.
L’on propose au pays le recours à la providence au lieu de se mettre à construire et ou à renforcer des institutions, des organisations, avec des hommes et des femmes compétents, pétris du sens du devoir envers la nation pour s’attaquer aux défis. Aujourd’hui plus qu’hier, il y a un devoir d’audit, de vérité par rapport aux hommes, aux femmes, aux institutions chargées de la sécurité publique, de la défense du territoire.
Source : Le Nouvelliste