Guadeloupe. Le Département consacre 206 millions aux dépenses d’investissement

Première plénière du Département, mardi 28 janvier, sous la présidence de Guy Losbar, président du Conseil départemental.

Au menu des élus départementaux, l’occasion d’examiner les Grandes Orientations Budgétaires (GOB) pour l’exercice 2025. Donc les élus départementaux ont pu travailler sur les engagements pluriannuels envisagés, la structure des dépenses et des effectifs, ainsi que sur la gestion de la dette.

Après le discours traditionnel* (voir le Verbatim), qui ne manque pas de poser les conditions dans lesquelles la collectivité va devoir commencer l’année, avec un budget national pas encore voté, donc un manque de visibilité sur les capacités financières de l’Etat qui conditionnent les transferts de finances, le premier vice-président du Département, Jean-Philippe Courtois, remplaçait le président de la commission des Finances, Elie Califer, retenu à Paris — il est député — pour la lecture du rapport.

Le département, c’est la solidarité, donc la famille, de la naissance au grand âge. Les dépenses augmentent parce que la population vieillit, mais autant parce que la Guadeloupe connaît une population en précarité voire grande précarité certaine.

Le PPI 2025 s’articule autour de grands axes stratégiques :

  • Cohésion sociale et culturelle, pour promouvoir un territoire inclusif et solidaire.
  • Modernisation des infrastructures, notamment par des investissements significatifs dans le réseau routier et la réhabilitation des collèges.
  • Excellence éducative, en rénovant les installations scolaires pour favoriser l’épanouissement de la jeunesse.
  • Développement durable, avec des actions concrètes pour répondre aux enjeux environnementaux et climatiques.

Pour l’année 2025, le montant des dépenses d’investissement est estimé à 206 millions d’euros, incluant 54,4 M€ pour la rénovation et l’entretien des collèges. 13,2 M€ pour la culture, le tourisme, la jeunesse et le sport.

« Pour 2025, selon les premières estimations, le taux d’épargne serait ainsi de 6%, contre 10% en 2024, essentiellement du fait des mesures d’économie annoncées par le Gouvernement. La capacité de désendettement est quant à elle estimée à 2,4 ans à fin 2025 contre 1,2 an en 2024 », expose Jean-Philippe Courtois.

« Le PPI 2024-2028 représente un périmètre financier prévisionnel de 933 millions d’euros, soit près d’un milliard d’euros, sur la totalité de la mandature en intégrant un axe conséquent sur la cohésion sociale et culturelle ainsi que sur l’attractivité du Territoire.

Ce document prévoit des projets d’investissements directs de 780 millions d’euros, avec un volume de crédits de paiement moyen de 150 millions d’euros par an, intégrant la possibilité d’exécuter certaines opérations dans le cadre de convention de maîtrise d’ouvrage délégué.

Le PPI table sur un volume d’investissements indirects de 150 millions d’euros pour la période 2024-2028 avec l’anticipation des crédits de paiement annuels de l’ordre de 30 M€, nécessaires pour honorer les engagements pris auprès de tiers extérieurs, notamment les communes et les EPCI.

Ce PPI s’inscrit parfaitement dans le développement durable de l’archipel en respectant scrupuleusement les obligations issues des textes en matière de budget vert. »

Fabert Michely souhaite réagir : il apporte « deux contributions », en matière de route tout d’abord, soulignant que les voies communales qui jointent les routes départementales, sont à cheval sur deux communes. « Bien souvent, on a une commune qui fait une partie, l’autre pas et la population ne comprend pas. »

L’arrêt des tours d’eau d’ici 2026 l’a interpelé : « Il y a une forte souffrance de la population. Certains quartier se sont créés spontanément dans les sections… et l’habitude a été prise de tirer sur les capacités des compteurs et des réseaux. Il y a, maintenant, des fuites… donc de l’eau qui se perd dans la nature et d’énormes factures d’eau… Pourquoi pas soutenir le SMGEAG avec une enveloppe financière pour que l’eau arrive partout, y compris dans les Grands Fonds ? »

Réponse de Guy Losbar : « Dans le cadre du PPI, il y a eu un inventaire qui permet de planifier les interventions nécessaires. Pour ce qui est des routes communales, nous avons signé 22 contrats péyi et dans ceux-ci il y a des routes communales pour lesquelles il y a des engagements de travaux que nous pouvons faire. »

200 millions d’euros sont consacrés à l’entretien du réseau routier départemental et aux travaux sur des voies connexes du réseau départemental, dans les communes, dans le cadre des contrats de péyi, précise Richard Albina, directeur des services techniques du Département.

Pour ce qui concerne l’eau, « les tours d’eau vont prendre fin mais le problème évoqué, ce sont les fuites d’eau qui génèrent des factures énormes. Il y a sans doute une stratégie du SMGRAG », commente Guy Losbar qui passe la parole au président du SMGEAG, vice-président du Département, Ferdy Louisy.

« Nous poursuivons les réparations des fuites d’eau en régie interne et avec les entreprises qui ont obtenu les marchés. Nous allons aussi changer les compteurs. Enfin, nous allons faire une vaste campagne contre les branchement illicites, notamment une dans le sud basse-Terre et l’autre dans le nord Basse-Terre pour mettre fin aux vols d’eau par des gens qui ont de ‘leau en abondance et ne la paient pas. Je maintiens la politique de redressement mis en œuvre. Il y a 216 millions d’euros financés par l’Etat, l’Europe, Le département et la Région pour avancer les travaux. Maintenant, il faut que tout le monde se mette au travail sinon, nous ne passerons pas la fin de l’année. Pour l’extension du réseau, c’est prévu mais quand les maires délivrent des permis de construire, le compteur du réseau doit être au droit de la parcelle. Or, on délivre des permis avec des compteurs qui sont à 150-200 mètres, et on fait un raccord. Tout ceci coûte cher ! »

Jules Otto : « Nous maires sommes prêts, pour ce qui concerne l’extension des réseaux, à assumer ce que l’on a trouvé. Mais, si le SMGEAG met en place ces extensions, nous sommes prêts à contribuer, modestement. »

L’élu de Vieux-Habitants passe à l’assainissement : « Aujourd’hui, compte tenu du mode d’habitat, on a fait des maisons avec des fosse septiques. Sinon, avec les constructions d’avant, tout va à la mer. On a commencé à identifier les personnes concernées. Toutes les familles ne peuvent pas prendre en charge les travaux à faire. Pour protéger nos littoraux, nos plages, la question de l’assainissement à ce niveau là est un vrai sujet. »

Ferdy Louisy répond : « Soixante pour cent du territoire n’est pas couvert par l’assainissement collectif et 80% des installations ne sont pas en état. C’est source de pollution pour le littoral, pour les nappes phréatiques… » 

Brigitte Rodes intervient pour souligner le problème de Rivière-Sens et du CNRBT qui ne peut plus utiliser sereinement cette plage pour les exercices de natation, notamment scolaire, avec la base nautique départementale. Des voiliers à l’ancre viennent empiéter sur l’aire de natation protégée.

Le président Guy Losbar est conscient de ce problème et signale une réunion de travail avec toutes les parties concernées.

Les débats se poursuivent… avec la présentation des rapports des présidents de commissions qui disent les projets du Département dans leur secteur.

Après des garanties d’emprunts, on donne lecture d’un rapport sur la création d’une Maison de la Guadeloupe à Paris.

Celle-ci permettra de mettre en œuvre, en harmonie avec la Région, le CTIG — qui ont des représentations à Paris —, la solidarité sous toutes ses formes en faveur des Guadeloupéens où qu’ils se trouvent. Notamment pour soutenir les projets personnels ou d’associations, les étudiants, les jeunes volontaires pour revenir travailler au pays… et être l’interface avec les institutions, les parementaires, les partenaires naturels du Département.

Le vote est unanime.

VERBATIM

(extraits du discours de Guy Losbar)

« Le contexte dans lequel nous évoluons reste marqué par une période de tumulte au plan international, d’incertitudes nationales et de contraintes budgétaires de plus en plus fortes.
Les récentes secousses politiques en France hexagonale, notamment l’absence d’une loi de finances pour 2025, viennent renforcer un climat déjà complexe.
Mais, nous le savons, en Guadeloupe, nous avons toujours su transformer les défis en moteurs d’innovation et de résilience. Et vous le savez aussi, je suis un élu profondément optimiste !
C’est pourquoi je considère que ces contraintes ne doivent pas freiner notre élan, mais plutôt renforcer notre conviction que les décisions qui touchent notre territoire doivent être prises ici, au plus près des réalités locales. 
Depuis le début de cette mandature, nous avons démontré qu’ensemble, avec une vision claire et une mobilisation exemplaire, nous pouvions répondre aux attentes de nos concitoyens.
En 2025, nous poursuivrons sur cette lancée avec une détermination renouvelée. Il ne s’agit pas simplement de gérer le quotidien, mais bien d’inventer l’avenir. »

« Notre administration continue de se transformer pour mieux répondre aux besoins de nos concitoyens.
Cette transformation est guidée par une volonté claire : bâtir une administration moderne, efficace et proche de ses usagers.
Nous achevons actuellement le déploiement du portail des aides départementales, qui incarne notre engagement envers la simplification administrative.
Ce portail ne se limite pas à un outil numérique. Il constitue une avancée majeure, un véritable pont entre les citoyens et l’administration, offrant une meilleure lisibilité de nos dispositifs et garantissant un accès équitable à tous. 
Mais, notre ambition ne s’arrête pas là. Nous travaillons activement à la digitalisation des services, en explorant des solutions innovantes avec des outils collaboratifs pour améliorer le traitement des demandes et anticiper les besoins des usagers.
Et même lorsque certains de nos compatriotes peuvent être éloignés de l’outil informatique, nous nous attachons à déployer des solutions d’accompagnement, comme les conseillers numériques.
Cette démarche de digitalisation s’accompagne donc d’un renforcement des espaces d’accueil physiques, car nous savons que derrière chaque outil numérique, il y a des citoyens qui ont besoin d’un contact humain pour les accompagner. Moderniser, c’est aussi réconcilier technologie et proximité. »

« L’amélioration stratégique de nos infrastructures est une pierre angulaire de notre développement. Elle se traduit par des projets concrets qui impactent durablement notre territoire : 

  • La réhabilitation des infrastructures d’eau potable en étroite collaboration avec l’Etat, la Région et le SMGEAG, demeure une priorité. D’ici 2026, nous envisageons la fin des tours d’eau grâce au plan d’action accéléré en vigueur depuis la mi 2024, car l’accès à une eau de qualité est un droit fondamental pour chaque Guadeloupéen. 
  • Dans le cadre du Schéma Départemental des Ports, nos ports de Sainte-Rose et de Port-Louis, bénéficieront d’aménagements renforcés pour soutenir le dynamisme économique et touristique de ces communes. 
  • La Maison du Handicap dont les travaux démarrent en 2025, deviendra un symbole de notre ambition pour une société plus inclusive, répondant davantage aux besoins spécifiques de chacun. 
  • Nous poursuivrons la mise à niveau de nos infrastructures scolaires, et la construction d’équipement nouveaux comme le collège unique de Marie-Galante, et nous mettrons en œuvre la création de la Maison de la Culture à Marie-Galante. Ce projet ambitieux incarnera à cet égard notre volonté de valoriser notre patrimoine culturel et de transmettre à nos générations futures ce qui fait l’essence même de notre identité collective. 

La réhabilitation du Jardin d’Essai, illustrera notre engagement à protéger la biodiversité tout en promouvant un espace propice aux déambulations, à la valorisation de notre patrimoine culturel et au développement respectueux de nos ressources naturelles. »

Vers un congrès

Guy Losbar ne lâche pas le morceau. Les commissions ad hoc avec la Région et les élus poursuivent leurs travaux.

« Depuis le 1ᵉʳ janvier dernier, en ayant repris les fonctions de président du Congrès des élus guadeloupéens, aux côtés des membres de la commission mixte ad hoc et dans le droit fil des quatre résolutions adoptées lors du congrès du 12 juin 2024, nous travaillons sur l’élaboration d’un avant-projet de loi organique pour la Guadeloupe.
Cette étape cruciale vise à définir un cadre institutionnel sur mesure, aligné sur les spécificités et les aspirations de notre territoire.

En collaboration étroite avec l’ensemble des élus locaux, nous menons un travail rigoureux et inclusif pour doter la Guadeloupe des outils juridiques et institutionnels nécessaires à une gouvernance renforcée, en phase avec nos réalités.
Ce projet ambitieux vise à offrir à la Guadeloupe une autonomie accrue dans la prise de décisions, tout en garantissant une gestion transparente et responsable au service de nos citoyens.

Cette démarche illustre notre volonté collective de bâtir une Guadeloupe plus forte, capable d’affronter les défis de demain tout en affirmant son identité et sa résilience. Pour concrétiser ce travail, nous prévoyons la tenue d’un congrès conclusif avant la fin du premier semestre, une étape décisive pour formaliser et porter cette ambition commune. »

Les priorités de l’action départementale en 2025

Les GOB 2025 confirment les axes majeurs suivants :

Renforcement de la solidarité sociale

  • Insertion : Une priorité est donnée au RSA et au Programme Départemental d’Insertion (PDI), avec des financements accrus pour accompagner l’emploi, lutter contre l’exclusion et favoriser la réinsertion.
  • Soutien aux personnes âgées : Amélioration des structures d’accueil et renforcement des dispositifs favorisant le maintien à domicile, tels que la téléassistance et le portage de repas.
  • Accompagnement des personnes en situation de handicap : Une enveloppe substantielle sera dédiée à l’aide à domicile, ainsi qu’à l’amélioration des équipements et services destinés aux publics vulnérables.

    Investissements dans la culture et le sport
  • Politique culturelle : Soutien à la création artistique, préservation du patrimoine, et financement des événements culturels phares. Parmi les projets emblématiques, le musée Edgar Clerc bénéficiera de 18,5 M€ pour sa réhabilitation et son extension.
  • Sport et jeunesse : Aide renforcée aux associations sportives, financement d’infrastructures (telles que des gymnases et installations sportives pour collégiens, pour un montant de 10 M€) et organisation de manifestations pour encourager la pratique sportive, notamment chez les jeunes.

    Aménagement et transition écologique
  • Poursuite des travaux routiers : Sécurisation des infrastructures, réparation post-Fiona et développement des pistes cyclables (22 M€).
  • Travaux sur les réseaux d’eau potable : Des investissements sont prévus pour réduire les pertes d’eau et améliorer l’irrigation agricole (27 M€ pour la remise en état des réseaux et 25 M€ pour l’irrigation).
  • Transition énergétique : Le Département continue son engagement pour la transition énergétique, avec des projets comme la réhabilitation de bâtiments, et l’aménagement de sites naturels comme celui du barrage de Letaye (2,5 M€).

    Un Programme Pluriannuel d’Investissements ambitieux
    La collectivité prévoit un Programme Pluriannuel d’Investissements (PPI) pour répondre aux priorités du territoire. Parmi les projets phares de 2025 :
  • Travaux routiers : Sécurisation et modernisation des infrastructures, dont la poursuite des travaux des ponts de Goyave et Saint-Louis, avec des investissements importants pour la reconstruction et la mise aux normes (16 M€).
  • Travaux portuaires : Il est décliné et chiffré le programme d’aménagement et d’équipement des ports d’un montant de 64 M€ tel que prévu dans le schéma départemental des ports.
  • Collèges : Travaux parasismiques dans 12 établissements, ainsi que des rénovations et la construction de nouveaux équipements éducatifs. Le collège de Marie-Galante bénéficie d’un financement de 25 M€.
  • Équipements ruraux : Réduction des pertes sur les réseaux d’eau et amélioration des systèmes d’irrigation pour soutenir l’agriculture.

Les Contrats de Péyi, dotés de 63 M€, continueront d’accompagner les communes dans leurs projets structurants. Ces contrats visent à promouvoir un développement harmonieux des territoires en finançant :

  • La rénovation des infrastructures communales (équipements éducatifs, sportifs et culturels).
  • Les travaux d’amélioration des réseaux d’eau potable et d’irrigation.
  • Des initiatives locales durables adaptées aux besoins spécifiques de chaque territoire.
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