Guadeloupe. Pointe-à-Pitre dit « non » à la violence

Le meurtre de Kimaël, 16 ans, en marge des défilés carnavalesques, le 12 janvier, à Pointe-à-Pitre, a suscité de vives réactions. La ville de Pointe-à-Pitre a organisé une marche blanche, ce samedi 25 janvier.

Alors que Pointe-à-Pitre vibrait au rythme du carnaval, une fête symbole de joie, de partage et de valorisation des traditions, le 12 janvier 2025, un drame est venu assombrir les festivités. Kimaël, de 16 ans, a été poignardé à la gorge en marge de l’événement. Cet acte de violence a bouleversé la Guadeloupe et relancé les débats sur l’escalade de la violence chez les jeunes.

« Avons-nous mis au monde des assassins ? »

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre

Le carnaval, véritable pilier de la culture guadeloupéenne, a toujours été un moment d’unité et de fierté. Pourtant, cette édition 2025 a pris une tournure tragique. Le maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, exprimant son désarroi, a posé des questions profondes : « Comment, à cet âge, peut-on avoir envie de tuer ? Nous qui sommes des parents, avons-nous mis au monde des assassins ? À travers cette marche symbolique, nous disons non à la violence, nous voulons la paix ! Ça suffit pour la Guadeloupe. »

Les citoyens, choqués, se sont mobilisés en nombre. Des marches silencieuses et des rassemblements ont été organisés pour dire stop à cette violence. Le slogan « Non à la violence » s’est répandu comme un appel à la prise de conscience collective.

La douleur d’une mère

Parmi les voix les plus bouleversantes, celle de la mère de Kimaël résonne avec force. En larmes, elle a dénoncé l’inaction des autorités. « C’est inadmissible que des jeunes du même âge que mon fils puissent lui enlever la vie, déplore-t-elle. J’avais alerté l’État, je les avais prévenus, mais rien n’a été fait. Je ne veux plus qu’un autre jeune parte dans de telles conditions. »

Ce drame est malheureusement le symptôme d’un malaise profond. Les comportements agressifs chez les jeunes semblent de plus en plus fréquents, et les écoles, souvent en première ligne, peinent à juguler cette montée de violence.

Philippe Ribere, adjoint au maire chargé des affaires financières, a exprimé son inquiétude : « Aujourd’hui, c’est devenu facile pour les jeunes de s’entretuer. Notre pays a besoin de cette génération pour avancer, mais que fait-on pour la protéger ? Dans un carnaval, ils s’entretuent, dans un match de foot, ils se battent. Il manque un accompagnement éducatif et social, c’est clair. »

Un appel à agir

La colère et la tristesse des habitants de Pointe-à-Pitre ont été relayées par des figures politiques comme Rody Tolassy, député européen et délégué départemental du Rassemblement national en Guadeloupe. « Il est inadmissible qu’un jeune de 16 ans perde la vie au carnaval. Cette violence récurrente, qui emporte notre jeunesse, ne peut plus être tolérée. Je partage la douleur de cette famille et de toute notre société. Il faut agir, maintenant. »

Face à ce drame, les propositions pour enrayer cette spirale violente se multiplient : renforcer les campagnes de sensibilisation à la non-violence, améliorer les dispositifs éducatifs et sociaux, et offrir aux jeunes des alternatives pour se construire autrement. Le meurtre de Kimaël a agi comme un électrochoc dans une société qui semble s’accommoder peu à peu de ces drames. Mais, pour beaucoup, il marque un point de non-retour. « Le carnaval doit redevenir ce qu’il a toujours été : une fête de vie et d’espoir », a insisté le maire Harry Durimel.

Pour la Guadeloupe, cette tragédie doit ouvrir la voie à une mobilisation générale, un effort collectif pour offrir à la jeunesse un avenir meilleur et rétablir la paix dans une société où le vivre-ensemble est une valeur fondatrice.

Mamadou Mactar

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​