PAR DOMINIQUE THÉOPHILE*
A quoi pensait le gouvernement en annonçant une baisse de 33 % du budget du sport ? Que nos champions n’auraient pas besoin de moyens pour briller à nouveau ? Que les territoires ultramarins, où le sport est une échappatoire parfois vitale, pourraient se contenter de promesses non tenues ? Sur 500 milliards d’euros de budget global, on s’attaque au sport juste après Paris 2024 ? Sommes-nous devenus fous ?
Nous en sommes témoins : nos athlètes ont illuminé les Jeux. Ils ont porté haut les couleurs de la France, unifiant une nation dans la fierté et l’émotion. Alors pourquoi, tout juste cinq mois après cet exploit, leur tournons-nous le dos ? Les médailles tombent-elles du ciel ? Mais on marche sur la tête ! Le gouvernement aurait-il déjà oublié les cris de joie, les hymnes entonnés à l’unisson, et la fierté portée par les Français ?
Toutes ces personnes mobilisées pendant les JO, qui ont assuré la sécurité avec un professionnalisme exemplaire, ont-elles travaillé pour rien ? Baisser le budget du sport, c’est clairement ridiculiser l’élan que nous avons promis de poursuivre.
Et les Outre-mer, dans tout ça ? Là où le sport est souvent le seul moyen d’échapper à la précarité, de se construire un avenir et de croire en des jours meilleurs.
J’ai remis un rapport en mai 2023 à l’ancienne ministre des Sports, Madame Oudéa-Castéra, fruit d’un travail colossal de près de six mois, montrant la voie pour développer des politiques sportives ambitieuses dans nos territoires.
Visiblement, ce rapport semble destiné à prendre la poussière.
A quoi bon investir dans une vision si on détruit les moyens de la réaliser ? Que l’on me l’explique très clairement ! Mais quel message envoie-t-on à cette jeunesse ultramarine ? Qu’elle peut continuer de rêver ? Je ne vois pas comment, puisque sans aide, sans infrastructures, cela reste impossible.
Je le dis et je le répète : le sport n’est pas un luxe. Il est un rempart contre les fractures sociales, un catalyseur de santé publique, un espace de cohésion. Pourtant, quand rien ne marche dans ce pays, il reste le sport pour redonner du souffle, de l’espoir et une raison de croire en l’avenir. Alors pourquoi saboter ce qui fonctionne ?
Dans un contexte de défiance à l’égard des politiques et des institutions, il me paraît évident que c’est un signal de désengagement dans une nation qui a pourtant besoin de se rassembler.
Les mots sont forts, oui, je le concède, mais cette baisse de budget est une trahison. Une trahison envers nos champions, envers nos territoires, envers nos jeunes, envers nos fédérations, nos clubs, nos associations, nos bénévoles, nos entraîneurs, et la liste est bien trop longue.
A l’heure où chaque euro devrait servir à construire, à unir, à inspirer, amputer les jambes du sport, c’est choisir la fuite en avant.
Alors non, nous ne pouvons pas l’accepter et nous ne devons pas l’accepter. Le sport, c’est l’avenir de la France, et je me félicite que mes collègues aient suivi mon appel de détresse en votant contre l’amendement du Gouvernement.
*Sénateur de la Guadeloupe, vice-président du Sénat