La mobilisation nationale des Accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) du jeudi 16 janvier sera relayée en Guadeloupe par la FSU. Le syndicat qui entend très largement autour des AESH a exposé les raisons de la colère.
La situation des AESH en Guadeloupe dépasse l’entendement. Sur 1650 agents recensés dans l’archipel, ils sont 857 à attendre « désespérément » la régularisation de leur salaire. « Ces personnes, qui ont une famille à charge, travaillent 21 heures et sont rémunérées 19 h 30 », dénonce Karine Fronteau, secrétaire adjointe du SNUipp/FSU, responsable des AESH du 1e degré.
Les réunions et échanges de courriers du syndicat avec le rectorat ont permis d’obtenir, au bout de plusieurs mois, une « promesse de régularisation des salaires » par courrier en date du 15 novembre 2024… qui n’a toujours pas été exécutée. Une injustice qui ne fait qu’amplifier la situation de précarité et de mal-être des AESH « payés à peine 1000 euros par mois ! », insiste Tony Pioche, secrétaire du SNUipp/FSU. Au pays de la vie chère, cela donne à réfléchir…
Une discrimination à peine soutenable
Quand on sait la mission essentielle des AESH, chargés d’accompagner les élèves en difficulté, souffrant notamment de troubles autistiques, de troubles « dys », d’un handicap moteur…, l’école « inclusive » ne serait-elle qu’un vaste écran de fumée où s’applique une discrimination à peine soutenable ?
Sous-payés, en sous-effectif (il n’est pas rare qu’un même agent accompagne plusieurs élèves en difficulté), sans accès au congé de formation professionnelle, beaucoup d’entre eux travaillent… « sans contrat ou avec des contrats erronés », révèle le syndicat. Pire encore, Gabriel Attal, éphémère ministre de l’Education nationale, annonçait, en septembre 2023, qu’après trois années de service, les AESH bénéficieraient d’un Contrat à durée indéterminée. « Une mesure qui ne s’applique pas en Guadeloupe ! », martèle la FSU. Pourquoi ?
Lassé des attentes, des promesses, des discriminations, la FSU monte au front.
« Nous sommes dans une situation totalement ubuesque, constate Tony Pioche. L’exercice est compliqué. Nous demandons à des personnes payées à peine 1 000 euros par mois, et donc de perdre un peu de leur salaire, alors qu’elles sont à 2 euros près : c’est leur réalité ! Ou, nous gardons le silence et nous enchainons les réunions en attendant un éventuel changement. On a choisi de relever la tête et de demander le respect pour ces personnes en très grande difficulté financière. »
« L’école est le réceptacle de toutes les souffrances ! »
Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU.
Un choix cornélien pour tenter de faire bouger les lignes et obtenir, pour les AESH, la reconnaissance de leur travail, le respect de leurs droits et permettre aux enseignants et aux élèves, quelles que soient leurs difficultés, d’apprendre sereinement.
Pour toutes ces raisons – et d’autres encore, notamment la création d’un corps de fonctionnaires de catégorie B pour les AESH -, la FSU espère une forte mobilisation au sein de l’académie, jeudi 16 janvier, dès 9 heures, devant le rectorat, à Dothémare (Les Abymes).
Selon Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU Guadeloupe, le manque de structures spécialisées en Guadeloupe dans la prise en charge des enfants souffrant de lourds handicaps, fait de l’école « le réceptacle de toutes les souffrances : sociales, mentales, physiques… La plus grande difficulté, c’est le nombre d’enfants qui sont encore en attente d’un AESH, souligne Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU Guadeloupe. Pire, dans les écoles, quand il y a des élèves en grande difficulté ou sans AESH, c’est toute la classe qui en pâtit, y compris l’enseignant qui n’arrive pas à remplir sa mission ! »
Des conditions d’enseignement qui ne favorisent pas vraiment la réussite scolaire « pour tous », le credo de l’Education nationale…
Cécilia Larney