Vendredi 10 janvier, conférence de presse de rentrée du groupe socialiste à la Région, Péyi Gwadloup, avec à sa tête Bernard Guillaume, au Yacht-Club de Pointe-à-Pitre.
Ils sont tous là, autour du président Guillaume : le conseiller régional Hilaire Brudey, le sénateur Victorin Lurel, ancien ministre, Sylvie Chammougon-Anno, conseillère régionale.
Pendant un peu plus d’une heure, ces élus socialistes vont distiller…
Après les traditionnels vœux à la population guadeloupéenne, « des vœux de prospérité et de santé, mais aussi le souhait d’une année lumineuse. », les intervenants ont immédiatement abordé un sujet qui les rend prolixes, les 10 ans de mandat du président de région, Ary Chalus. Côté critique. Normal, ils sont dans l’opposition.
Ils ont parlé d’Ary Chalus et de sa façon de gérer la Région, appuyant leur sombre démonstration sur les projets laissés en suspend au long deux mandatures, depuis 2015, « ceci en contradiction avec les grands effets d’annonces à coups de millions d’euros ». Et de lancer une litanie : la déviation de la boucan (Sainte-Rose) pas achevée et celle de Sainte-Marie (Capesterre Belle-Eau) pas commencée, la Zone artisanale de Fromager (Capesterre Belle-Eau toujours en cours de lotissement, le barrage de Moreau (Goyave) en eau mais toujours pas actif pour irriguer le nord Basse-Terre, ou encore le marché d’intérêt régional, Lizin Santral dans le Nord Grande-Terre, etc.
Péyi Gwadloup déplore aussi les budgets successifs depuis dix ans, « élevés, abondés par l’Europe, présentés comme une façade qui veut dire que tout va bien alors que, pour les Guadeloupéens la qualité de vie se dégrade, avec la précarité qui touche les étudiants et les personnes âgées par exemple », etc.
Si, affirment les élus de Péyi Gwadloup, tout n’est pas la faute du président Chalus et de sa majorité, « il n’y a pas à se glorifier… »
Bernard Guillaume :
Et puis, cela se ressent dans leurs propos, ces élus régionaux d’opposition, ont le sentiment, comme ils disent, « d’être laissés pour compte, d’être muselés, parfois rudoyés en plénière, malgré le statut d’opposants constructifs revendiqué. »
Il est vrai que, fatigue ou lassitude, leurs interventions sont rares et écoutées dans une sorte de ronron général. La cour dort ? Sans doute un peu, car il ne se passe pas grand-chose…
Les élus de Péyi Gwadloup, en conférence de presse, le disent, le clament : « Nous sommes rapidement passés du Nous au Je alors que nous avions le sentiment, en début de première mandature, que nous allions travailler ensemble, pouvoir faire des propositions, mais nous nous sommes vite aperçus que c’est devenu Je fais ci, je fais ça…, tout le monde acquiesce, du moins dans la majorité, et nos propositions ne sont pas prises en compte. D’ailleurs, des élus de la majorité apprennent par nous ce qui se passe à la Région, c’est dire… »
Critique encore de Victorin Lurel : « En Martinique les élus sont montés au créneau pour la cherté de la vie. Il y a eu un protocole, -20% sur 6 000 produits. Et ici, pas de débat à la Région. Rien… On se pose des questions. On nous pose des questions… »
La volonté des élus de Péyi Gwadloup — attendre la première plénière de 2025 pour voir comment vont réagir les élus du GUSR qui ont fait leur groupe (tout en restant dans la majorité ils représentent, avec les élus de Péyi Gwadloup, 23 élus contre… 18 pour Ary Chalus) — est donc « d’être enfin écoutés, d’avoir l’occasion de s’exprimer, loin des débats à huis clos (ceux-ci ne sont plus filmés depuis deux ans), donc hermétiques aux médias, et des objections permanentes du président de région. »
Les deux dossiers qui étonnent Péyi Gwadloup
Sylvie Chammougon-Anno puis Victorin Lurel vont aborder plus précisément deux dossiers qui leur semblent poser problème.
D’abord, Sylvie Chammougon-Anno, avec la création et le fonctionnement de Cœur d’Energie, qui a le statut de société publique locale (SPL). Dans une Société publique locale, les collectivités locales sont les seuls maîtres à bord. Elles détiennent la totalité du capital et des sièges au conseil d’administration, lequel nomme et révoque le directeur général.
Sylvie Chammougon-Anno : « La SPL Cœur d’Energie a deux actionnaires : la Mairie de Baie-Mahault, actionnaire principal avec 55% des actions, la Région Guadeloupe avec 45% des actions. Son budget annuel est d’un million d’euros, elle affiche 900 000 euros de déficit la première année avec 700 000 euros de salaires pour quatre salariés. Le chiffre d’affaires de cette SPL est de 42 000 euros, travaux réalisés pour une seule cliente : la Région. »
Sylvie Chammougon-Anno :
Ensuite, Victorin Lurel, qui lance comme une bombe — c’est du moins l’impression qu’il veut donner — « un problème de division… »
Il détaille : « Il y a eu en 2024 le Congrès des élus présidé par Guy Losbar. Il devait y avoir un Congrès avant le 31 décembre, présidé par Ary Chalus. Il n’y a pas eu de Congrès. Mais, ce qu’il faut savoir et qui n’est pas connu c’est que la Région a rédigé un texte de 190 articles qui fait la promotion non de l’article 73 de la Constitution comme dans le Congrès de Guy Losbar, avec des adaptations, mais de l’article 74. C’est l’autonomie. Cela s’est fait en secret. Il y a une confusion. Le 13 janvier, Guy Losbar va réunir la Commission ad hoc et on verra bien ce qu’il va se passer. »
Victorin Lurel :