PAR YVES BROSSARD*
On ne peut que se féliciter de la rencontre précoce de la nouvelle ministre déléguée aux Industries touristiques, Nathalie Delattre, avec Valérie Boned, présidente des entreprises du voyage (EDV). Aller vite et bien, en concertation — avec les professionnels, et en faveur des Français —, c’est le voeu que j’aurais volontiers formulé en ce début d’année 2025.
Reprendre le travail antérieur, cela signifie également intégrer le travail des parlementaires, qui ont déjà délibéré sur la question de la préservation des Ultra-marins et des Corses sur le sujet de la TSBA, taxe sur les billets d’avion.
A l’heure où les Français de l’Hexagone ont une nouvelle fois, avec les événements dramatiques de Mayotte, pris conscience des handicaps structurels et fragilités de la France des Outre-mer, il serait inconcevable de ne pas préserver les intérêts légitimes des Ultra-marins, et des Corses, qui sont fondés à revendiquer une exonération de la TSBA au nom de la nécessité, et de la continuité territoriale.
Ou alors, il faudra, pour les Outre-mer et les Corses, transformer la TSBA en taxe de non-solidarité sur les billets d’avion, qui deviendrait la TNSBA !
On ne peut pas plus négliger les intérêts des compagnies aériennes françaises dans leur environnement concurrentiel international.
Cette rencontre entre Nathalie Delattre et Valérie Boned illustre positivement la participation des professionnels représentatifs à la réflexion sur les enjeux d’avenir des industries touristiques françaises. Elle est souhaitable car les professionnels représentatifs constituent un catalyseur important, susceptible d’enrichir et faciliter une action rapide et efficace des pouvoirs publics.
Mais, force est de constater qu’à travers les évolutions du code du tourisme pendant les 20 dernières années, la participation des professionnels représentatifs aux instances régionales et locales a été réduite à l’extrême, et que cela entrave la dynamique d’action des pouvoirs publics.
La plupart des organes d’orientation des politiques régionales et locales étaient autrefois présidés quasi systématiquement par des professionnels des industries touristiques.
Est-ce à dire que les professionnels ont plus de vertus que les élus ? Certainement pas. Mais ils ont des atouts dont les pouvoirs publics peuvent tirer parti : expérience de terrain, sensibilité forte au pragmatisme et aux priorités, souci de la performance des investissements, souci du long terme puisqu’ils sont très souvent endettés à long terme, lorsqu’ils sont actionnaires.
Le sujet est donc celui d’une réflexion à mener sur la manière de rééquilibrer la participation des professionnels représentatifs au sein des instances publiques régionales et locales se préoccupant du développement de l’entrepreneuriat et de l’emploi dans les industries touristiques.
Ce rééquilibrage nécessiterait une réforme du code du tourisme, ce qui suppose une concertation avec les parlementaires, et donc c’est la tâche du gouvernement.
A titre d’exemple, les professionnels ont noté, dans certains rapports des chambres régionales des comptes, que le recours quasi systématique des comités régionaux de tourisme ou offices du tourisme à des statuts de type EPIC était totalement inapproprié, voire irrégulier, pour défaut de cohérence entre le statut d’établissement public industriel et commercial et les recettes commerciales marginales ( https://www.ccomptes.fr/fr/documents/67446 fin de page 7 et début de page 8 ). La proposition d’EPA ne répondant pas plus à la nécessité d’un travail concerté avec les professionnels.
La concertation et l’action conjointe structurelle des pouvoirs publics avec les professionnels représentatifs suppose quelques adaptations du code du tourisme, que nous appelons de nos voeux.
*UMIH Guadeloupe