Opinion. Un risque de bis repetita

PAR VICTORIN LUREL*

En ce jour de deuil national en hommage et en respect au peuple mahorais vers lequel mes pensées restent tournées, l’Élysée vient d’annoncer la composition du gouvernement de Monsieur Bayrou.

Si chacun peut mesurer la difficulté de l’équation, admettons que la solution dévoilée ce jour — et singulièrement la coloration du nouveau gouvernement — sont largement déceptives.

Malgré l’ambition initialement affichée par le Premier ministre, force est de constater qu’il n’y aura ni élargissement du socle parlementaire ni symbole pouvant augurer d’une orientation politique nouvelle. Droite et Macronie continueront donc de gouverner, sous surveillance d’une extrême-droite toujours plus exigeante.

Les mêmes causes entrainant souvent les mêmes effets voire les mêmes destins, je crois que les choix affichés ce soir pavent, hélas, le chemin d’une nouvelle censure.

Pour les Outre-mer, qui connaîtront donc leur 8e ministre en 7 ans, je me satisfais que le ministère redevienne un ministère de plein exercice avec la nomination de M. Manuel Valls, désormais ministre d’État, 3e au rang protocolaire.

Compte tenu des défis, des enjeux et des mutations à l’œuvre, les Outre-mer méritent un ministre d’expérience et volontariste. J’ose espérer, qu’en tant qu’ancien Premier ministre, M. Valls saura trouver les voies de l’apaisement en Nouvelle-Calédonie, celles d’une assistance accrue et d’une reconstruction durable à Mayotte et la force d’imposer, enfin, une feuille de route ambitieuse pour l’ensemble des territoires des Outre-mer.

Dans la concertation et dans l’écoute, M. Valls doit pouvoir s’affranchir des inclinaisons à la fois sécuritaires et austéritaires de ses collègues ministres pour engager des réformes Outre-mer qui peuvent encore être transpartisanes : une réforme constitutionnelle en faveur des Outre-mer, une grande loi structurante contre la vie chère et des moyens budgétaires exceptionnels et nécessaires en faveur du développement de chaque territoire.

Regrettant que le prochain Conseil des ministres soit repoussé à janvier, je crois que la première urgence est de donner un budget aux Outre-mer : il devra nécessairement être réévalué par rapport à celui présenté en baisse de 38% par le précédent gouvernement.

*Sénateur de la Guadeloupe

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