« Laissez nous travailler ! » Le cri d’alarme des entrepreneurs guadeloupéens

En ce moment, les chefs d’entreprises, réunis autour de Patrick Vial-Collet, président de la Chambre de commerce territoriale de Guadeloupe, reçoivent la presse. Il s’agit de faire le point sur la situation difficile des entreprises guadeloupéenne en période de pandémie, alors que le secteur hôtelier vient à son tour d’être impacté par les « motifs impérieux. »

« On va nous donner des espoirs, pour éviter le désespoir des entreprises. » C’est l’expertise de Patrick Vial-Collet quand il commente la politique du Gouvernement : confinement, plus de confinement, mesures renforcées, mesures moins strictes… on jour au yoyo avec les Français et les Guadeloupéens ne sont pas épargnés, qui ont été confinés deux mois en mars-avril, avant d’être « remis en liberté » pendant es mois des grandes vacances. A la rentrée, on a joué entre frontières ouvertes et frontières semi-ouvertes… Pour ouvrir largement en décembre, faire entrer 40 000 touristes, remplir les hôtels et les restaurants, louer les voitures, etc.

Depuis la fin des vacances, c’est « motifs impérieux ». On ne peut pas voyager entre l’Europe (la France) et les Antilles (Guadeloupe, Martinique, Guyane) pour éviter que la variante anglaise du Covid-19 n’atteigne nos départements.

Que dit Patrick Vial-Collet, hôtelier, patron d’un grand groupe ? « On aura vacciné tout le monde sans doute en juillet, moi je pense plutôt en octobre. Au mieux. Et en attendant ? »

« Bloquer l’économie,
ce n’est pas notre style ! »

Patrick vial-collet, président de la CCIT

Que proposent les chefs d’entreprises ? Des mesures d’apaisement des contraintes, tout en respectant les gestes barrière. Tout d’abord, supprimer les « motifs impérieux. »

« Nous avons demandé un renforcement des mesures sanitaires, avec plus de tests, un PC test dans toutes les communes touristiques, mettre fin au confinement de 7 jours, car le touriste qui viendrait en Guadeloupe, d’il doit être confiné pour 7 jours, il ne vient pas. Il faut réduire le temps du confinement, permettre au touriste de visiter le pays. Il faudrait aussi que les hébergeants s’engagent à faire des tarifs séjours longue durée pour que les touristes viennent, fassent leur quarantaine et ensuite profitent du pays. »

Il poursuit : « Pour lutter contre les faux tests, nous avons proposé des tests à QRCode. Et, pour mesurer la popularité de notre mouvement, nous avons lancé une pétition. » Erick Koury, patron d’Air Antilles, explique qu’en décembre, il n’y a pas eu de problèmes particuliers Avec les touristes transportés dans les avions entre l’Europe et les Antilles.

Pince sans rire, il lance même, rappelant qu’il vient de prendre une participation non négligeable dans le capital de la Nouvelle Corsair : « Dans les avions de Corsair, il n’y a pas de Covid ! »

« Il y a 20 000 salariés
du secteur touristique
potentiellement en danger
d’être licenciés. »

patrick vial-collet

Après bien des atermoiements, des propositions des uns et des autres, quelques questions des journalistes par Zoom, on revient au cœur de la discussion : le devenir de l’économie locale.

« Laissez-nous travailler ! » lance Patrick Vial-Collet. IL se lance dans une vision d’Apocalypse : « Quand ça va commencer à tomber, ça va être l’effondrement des entreprises, avec des licenciement en masse. Les vont aller dans la rue et 2009 ça va être de la rigolade à côté. »

Toujours Patrick Vial-Collet, qui met dans la balance « les 20 000 salariés du secteur touristique, potentiellement en danger d’être licenciés. »

On évoque le peu de vaccination en Guadeloupe. Et le sondage de l’ARS sur la typologie des volontaires (ou pas) à la vaccination anti-Covid-19.

« On était plein à ras-bord et on a dit aux gens qu’ils pourraient, éventuellement, amener la Covid, explique Patrick Vial-Collet. Aujourd’hui, la population guadeloupéenne n’a pas encore pris conscience de ce qui est en train de se passer. On est anesthésiés, avec les 84% de revenus, l’espoir… Il faut éclairer la décision des Guadeloupéens. Il y a un risque mais est-ce le plus gros risque ce qu’on nous décrit ? On soigne mieux la Covid-19. il y a moins de cas. On ne meurt plus de ça ici. Si on maîtrise mieux la Covid, il y a une chose qu’on ne maîtrise pas, c’est la crise économique. C’est un château de cartes, quand ça tombe, c’est tout l’édifice qui s’effondre. Si le touriste tombe ici, ça aura des répercutions sur toute l’économie. On va vers une implosion. »
« Rien ne sera possible si l’opinion publique ne bouge pas. Tout le monde sera touche ici ! La deuxième année sera encore pire pour l’économie locale que la première si on laisse faire sans rien dire. », conclut-il. Clap de fin.

André-Jean VIDAL

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