Mercredi 27 novembre 2024, s’est tenue à Paris la cérémonie nationale des Charter Awards, afin de revenir, en images, sur les 7 prix décernés à certaines préfectures de l’Hexagone et de l’Outre-mer lors de cérémonies locales.
Localement, c’est au cours d’une cérémonie en petit comité organisée la semaine précédente dans les jardins de La Cimade, que la préfecture de Guyane s’est vue remettre fictivement le « prix de la performance ».
Ce prix récompense l’enfermement et l’expulsion express de nombreuses personnes depuis le CRA de Matoury, sans accès préalable à un juge qui aurait pu examiner la régularité de la procédure ou la légalité de la mesure d’éloignement, en raison de l’application d’un régime juridique dérogatoire en vigueur dans plusieurs territoires ultramarins.
Si actuellement, ces expulsions express concernent principalement des personnes du Brésil ou du Suriname, pays frontaliers, il y a quelques années, des personnes originaires d’Haïti étaient expulsées le lendemain de leur interpellation, avec pour seul bagage, les vêtements qu’elles portaient lors de leur enfermement.
Un contexte de rapidité qui longtemps a permis de justifier des conditions indignes d’enfermement au centre de rétention administrative créé en 1995 sur la route de l’aéroport Rochambeau – aujourd’hui Félix Eboué.
Par exemple, jusqu’en 2015, il existait dans la cour intérieure du CRA, un espace grillagé de quelques m², dit « La cage », où étaient maintenues les personnes, en moyenne entre 15 minutes et 2 heures, sans accès aux toilettes, à de l’eau, à tout moyen de communication vers l’extérieur ou aux intervenants juridiques, dans l’attente de leur expulsion imminente.
Deux prix inédits ont également été remis :
- Le prix Petits Bagnards à la préfecture de Mayotte pour avoir enfermé en rétention au moins 55 000 enfants ces 20 dernières années
- Le prix Allô ? Police secours à la préfecture de l’Essonne pour avoir placé en CRA une femme victime de violences conjugales qui cherchait de l’aide.
La vidéo de cette cérémonie nationale est disponible ici.
Si c’est le prix de la performance qui a été décerné à la préfecture de la Guyane, elle aurait pu prétendre à bien d’autres titres, notamment pour récompenser son acharnement à enfermer inutilement des personnes étrangères sans possibilité réelle de les expulser, ou encore pour inlassablement enfermer dans le but de les expulser, des personnes vers Haïti, au péril de leur vie étant donné la situation de violence et d’insécurité que connait le pays depuis de nombreuses années.
Source : Cimade