PAR CHRISTIAN BAPTISTE*
La nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre n’est pas un simple épisode de plus dans la crise politique que traverse notre pays. Elle incarne le rejet massif de la politique d’Emmanuel Macron, une politique menée au mépris des aspirations populaires, des forces progressistes et de la représentation nationale.
Le renversement du gouvernement Barnier par une motion de censure marque une rupture historique. La France est sans projet de loi de finances, et c’est une loi spéciale qui devra pallier l’absence de vision budgétaire. Cette situation inédite révèle l’isolement du Président de la République, incapable de rassembler et de répondre aux attentes des Français.
François Bayrou hérite d’un pays fracturé, d’un Parlement méprisé, et d’une majorité éclatée. En homme de dialogue, il doit comprendre que ce moment exige bien plus qu’une simple gestion des affaires courantes. Il doit s’émanciper des dogmes macronistes, renoncer à l’arrogance technocratique et à une gouvernance verticale. Ce gouvernement doit renouer avec une politique respectueuse des citoyens, des élus et des corps intermédiaires.
En tant que député ultramarin, je ne peux que dénoncer l’abandon dont nos territoires ont été victimes depuis 2017.
Depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, nous avons vu se succéder six ministres des outre-mer en sept ans. Cette instabilité n’est pas qu’un dysfonctionnement : elle est le symptôme d’un mépris structurel envers les ultramarins et leurs spécificités.
Les populations des territoires dits d’Outre-mer souffrent de politiques inadaptées, conçues depuis Paris dans une indifférence insupportable. Pourtant, nos territoires regorgent d’initiatives, d’énergie et d’espoirs qui méritent un accompagnement ambitieux et respectueux.
François Bayrou doit comprendre que, sans une prise en compte réelle des territoires dits d’Outre-mer, il ne pourra réussir le rassemblement qu’il ambitionne.
Ce moment de bascule est une chance pour reconstruire. Je le dis avec force et conviction : le temps est venu d’un changement profond de méthode et de cap.
Nous avons besoin d’un gouvernement qui porte une politique sociale et écologique ambitieuse, qui combatte les inégalités, et qui mette fin au mépris des territoires et des classes populaires.
Je serai, avec mes collègues de la gauche, particulièrement vigilant. François Bayrou sera jugé sur sa capacité à s’affranchir des échecs du passé et à bâtir un avenir fondé sur la justice sociale, le respect des forces républicaines et la dignité de chaque Français.
Les Français, en Hexagone comme dans les territoires dits d’outre-mer, ne se contenteront pas d’effets d’annonce.
Ils attendent des actes. Et ils nous trouveront à leurs côtés pour exiger le respect de leurs droits et la satisfaction de leurs attentes.
*Député de la seconde circonscription de la Guadeloupe
Membre de la Commission des Finances
Rapporteur Spécial sur les crédits de la mission Outre-mer.