Haïti. Corruption : la justice haïtienne prononce sa deuxième condamnation en vingt ans

Le fait, assez rare, est souligné par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) : la justice haïtienne vient de prononcer sa deuxième condamnation en 20 ans dans un dossier de corruption.

« Le tribunal criminel de la juridiction de Hinche, siégeant sans assistance de jury, a condamné, le 19 novembre 2024, M. Roudel Ducherne, inspecteur à la Direction Générale des Impôts (DGI) de Hinche, à quatre (4) ans d’emprisonnement pour détournement de biens publics », peut-on lire dans un communiqué de l’ULCC, soulignant que cette « condamnation qui intervient près de dix (10) ans après celle prononcée contre l’ancien Directeur Général de l’Office d’Assurance Véhicule Contre-Tiers (OAVCT), M. Edric Léandre, en date du 10 décembre 2015, se veut la deuxième depuis vingt (20) ans ».

« Ce jugement, poursuit le communiqué de l’ULCC, résulte d’une enquête menée par l’ULCC, laquelle avait conduit à l’arrestation de M. Roudel Ducherne, pris en flagrant délit. Le Tribunal a également ordonné la restitution des sommes détournées ».

L’ULCC, dans ce communiqué, a recommandé « à la justice haïtienne de traiter les nombreux dossiers de corruption en attente, reste déterminée à combattre ce fléau sous toutes ses formes au sein de l’Administration publique haïtienne ».

Tout de go, une source proche de l’ULLC, a confié que deux condamnations en vingt ans est l’expression d’une « culture de l’impunité et de la corruption au sein du système judiciaire qu’il faut attaquer. »

« Regardez la liste des magistrats non certifiés par le CSPJ et vous comprendrez l’ampleur du problème », a poursuivi cette source.

Sur les quatre dernières années, l’ULCC a envoyé une cinquantaine de dossiers de corruption à la justice, a poursuivi cette source, qui évoque le dossier de l’ex-directeur de la douane, Romel Bell, actuellement en appel, ceux d’ex-sénateurs comme Rony Célestin, Youri Latortue, Nenel Cassy, de l’ONA, de la Caisse d’assistance sociale (CAS), du Programme national de cantines scolaires (PNCS), a égrené notre source qui confirme que des conseillers-présidents veulent décapiter l’ULCC.

« Oui, c’est connu. Des conseillers présidentiels cherchent une majorité pour couper la tête du directeur général, Me Hans Ludwig Joseph », a confié notre source.

« Mais il y a beaucoup de pression face à ce projet », a-t-elle poursuivi, assurant que les conseillers qui veulent éjecter le directeur général de l’ULCC ne lui reprochent pas seulement l’enquête et la recommandation des poursuites judiciaires de trois conseillers, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin pour corruption passive.  L’enjeu est de se protéger contre des actions futures en cas d’enrichissements illicites. Ils veulent un directeur et une ULCC soumise, a expliqué notre source.

Pour le moment, il n’y a aucune indication sur la poursuite ou non de l’utilisation des fonds destinés aux renseignements à d’autres fins par les conseillers-présidents. Ce fonds n’est pas sujet à audit. Mais il y a des recommandations administratives de la part de l’ULCC, a indiqué cette source.

L’envoi par un conseiller-président de 1 500 000 gourdes à des particuliers, des militants de Pitit Dessalines, « est un cas de corruption. Tout ce qui a trait à la corruption concerne l’ULCC », a répondu notre source, soulignant qu’en temps et lieu, l’analyse de l’opportunité de la poursuite sera effectuée.

Notre source, au passage, a confié que l’ex-ministre des Affaires et des cultes, Dominique Dupuy, avait acheminé des documents à l’ULCC dans le cadre des enquêtes de conformité et de corruption qu’elle avait sollicitées. Ce dossier avance, a indiqué notre source qui, au passage, s’est réjouie « d’un bon important dans les déclarations de patrimoine » depuis que l’ULCC a durci le ton, saisi la justice contre des contrevenants.

Le score d’Haïti dans l’Indice de perception de la corruption 2023 de Transparency International est de 17 sur une échelle allant de 0 (« très corrompu ») à 100 (« très propre »). En termes de score, Haïti se classe 172e parmi les 180 pays de l’Indice, le pays classé premier étant perçu comme ayant le secteur public le plus honnête.

La justice haïtienne est restée muette sur l’un des plus gros scandales de corruption en Haïti, le dossier Petrocaribe. Des pays de la communauté internationale ont sanctionné d’anciens élus haïtiens et des officiels de haut rang pour corruption, trafic de drogue internationale et complicité avec les gangs.

Le pays est dirigé actuellement par un conseil présidentiel de neuf membres dont trois sont inculpés dans un dossier de corruption passive, le fameux dossier BNC.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/251624/corruption-la-justice-haitienne-prononce-sa-deuxieme-condamnation-en-vingt-ans

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