Guadeloupe. Retour sur des pillages rue Frébault

Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2024, une quarantaine d’individus cagoulés et armés ont défoncé, à l’aide d’un tracto-pelle, une dizaine de rideaux de fer de magasins, agence bancaire et supermarché. Ceci se passait à Pointe-à-Pitre pendant le black-out provoqué par des agents d’EDF-PEI en grève contre leur direction. Les autorités ont souhaité faire le point sur cette nuit et ses suites judiciaires.

Une des bijouteries pillées. @AJV

Ils sont quatre assis dans une salle de Rémy-Nainsouta, à Pointe-à-Pitre. Christophe Gavat, directeur territorial de la Police nationale (DTPN), Caroline Calbo, procureure de la République à Pointe-à-Pitre, Jean-François Moniotte, sous-préfet de l’arrondissement de Pointe-à-Pitre et la Grande-Terre, Corinne Diakok-Edinval, troisième adjointe au maire, présidente du CCAS.

Premier à prendre la parole, Christophe Gavat, pour rappeler les faits. Les faits sont simples : depuis le début de la semaine, il y avait des émeutes de ci de là en Guadeloupe, notamment à partir de lundi 21 octobre, à Rivière-des-Pères, quartier chaud de Basse-Terre. Trois interpellations, de mineurs, qui avaient érigé des barrages.

En sous-effectif sécuritaire, parce que les gendarmes mobiles qui, habituellement, renforcent les effectifs de police, étaient en Martinique où la situation sociale occasionnait quelques inquiétudes (barrages, incendie de magasins, etc.), le commissaire divisionnaire Gavat et son état-major faisaient avec les fonctionnaires de police des différents services la maille entre des barrages incendiés aux Abymes, d’autres au Gosier… tandis que des voyous en profitaient, dans la nuit du 25 au 26 octobre, du black out et d’une panne généralisée d’électricité, pour dérober, sur un chantier, Cité Henri IV,  un de deux tracto-pelles stationnés là et gardés par un vigile, menacé.

Ils parvenaient à faire démarrer l’une des deux machines et se dirigeaient, l’entourant et le protégeant, arme à la main, vers le boulevard Chanzy non au passage avoir défoncé une agence bancaire. Puis la salle des coffres. Ils ne parvenaient pas, cependant, à prendre l’argent. Ils s’en prenaient ensuite au supermarché U, défonçaient le rideau et pillaient de ci de là.

Mais, leur intérêt était plutôt pour deux catégories de commerces : des magasins de téléphonie et des bijouteries. Ils en défonçaient une dizaine, vidant les vitrines, images vues et revues sur les réseaux sociaux.

Mais, que faisait la police ? Le lendemain, les commerçants pointois se posaient la question, épiloguant sur leur prétendue inertie.

Le commissaire divisionnaire Gavat a défendu la ligne de conduite des forces de l’ordre, qui, malgré trois séries de coups de feu qui leur ont été tirés dessus, n’ont ouvert le feu qu’une fois — un fonctionnaire de police a tiré, venant d’être frôlé de peu par une balle.

« Ouvrir le feu, riposter aux coups de feu de ces émeutiers aurait fait des blessés et des morts », se défend Christophe Gavat qui rend hommage au sang-froid des unités engagées, dont le RAID, unité d’élite dont le véhicule a été touché par plusieurs balles de 9mm.

La patience a payé puisque les spécialistes de l’identité judiciaire ont relevé des empreintes, examiné les vidéos… et la brigade de répression du banditisme a procédé à plusieurs interpellations. 

Christophe Gavat DTPN :

Caroline Calbo, procureure de la République, a rappelé les interpellations sur les pillages de ce soir-là, mais aussi que, la veille, le 24 octobre, un émeutier a été intepelé qui a été condamné, à un an de prison, dont six mois avec sursis probatoire. Les voleurs de la nuit du 25 au 26 octobre ont été jugés et condamnés le 28 octobre à un an de prison.

« L’enquête de la brigade de répression du banditisme a permis d’interpeller quatre autres présumés auteurs des faits de pillage, le 13 novembre, qui seront jugés le 13 décembre. Tous ont reconnu les faits. Chez l’un d’eux, une arme de calibre 380 a été saisie. »

La procureure a relevé, tout comme le commissaire divisionnaire Gavat, « le travail remarquable de la police judiciaire. »

Caroline Calbo, procureure :

Corinne Diakok-Edinval, élue de Pointe-à-Pitre, a souligné qu’après cette nuit d’horreur, le maire, Harry Durimel, et le conseil municipal, ont engagé la réparation des caméras de vidéosurveillance des rues, tandis qu’une convention a été signée avec la Police nationale pour que ces caméras, gérées par la police municipale, soient reliées au poste central de contrôle de l’Hôtel de Police.

L’éclairage de la vile a été revu et renforcé car sans lumière, pas de possibilité d’utiliser les caméras de surveillance.

De même, les policiers municipaux, qui étaient 14 vont passer à 22 afin de soutenir leurs collègues de la Police nationale, à tout le moins pour faire remonter des renseignements.

Enfin, des réunions du CLSPD se sont tenues pour harmoniser, avec les policiers d’Etat et les services judiciaires, des mesures pour rendre la ville plus sûre.

CLSPD dont la procureure Calbo a dit qu’ils étaient « dynamiques à Pointe-à-Pitre. »

Corinne Diakok- Edinval, élue :

Le sous-préfet Jean-François Moniotte a rappelé que le préfet de région Xavier Lefort avait rencontré, dès lundi 28 octobre, les commerçants de Pointe-à-Pitre réunis par la CCI-IG puis avaient déambulé dans les artères commerçantes de Pointe-à-Pitre pour parler avec les victimes dont les vitrines avaient été défoncés et les stocks pillés.

Il a confirmé les mesures prises par l’Etat et la Ville pour renforcer la sécurité, notamment aux approches de moments critiques, Noël et la période de carnaval, jusqu’en mars.

A ce propos, le DT

PN a révélé qu’il avait écrit au directeur général de la police nationale pour lui réclamer des renforts pour le temps des fêtes et du carnaval.

Jean-François Moniotte, sous-préfet d’arrondissement :

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