L’Hôpital universitaire la Paix (HUP), établissement public de santé situé à Delmas 33, ne cesse de subir la pression de l’affluence des patients depuis la fermeture de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) en février dernier et l’annonce de la fermeture en cours de semaine des établissements sanitaires situés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince administrés par Médecins Sans Frontières (MSF).
Invité à la matinale de Magik 9 le vendredi 22 novembre 2024, Jean Philippe Lerebourg, directeur médical de l’HUP, dit enregistrer une augmentation de 200% dans tous les services de l’hôpital par rapport à l’année précédente. « L’hôpital reçoit en moyenne 300 personnes au quotidien qui viennent en consultation ou pour une urgence. Nous enregistrons en moyenne 85 accouchements par semaine dont 25 par césarienne », a confié le Dr Jean Philippe Lerebourg.
Dans cet hôpital public d’une capacité d’accueil initiale de 210 lits, face à l’affluence des efforts ont été faits pour ajouter des lits dans d’autres services au cours des derniers jours. « Nous faisons face à une pression énorme en raison de la fermeture d’autres hôpitaux de la région métropolitaine de Port-au-Prince », a indiqué le directeur médical de l’HUP.
À cause de la recrudescence de la violence des gangs armés dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince au cours des deux dernières semaines, le nombre d’admission de blessés par balles a considérablement augmenté, a confié le Dr Lerebourg, sur les ondes de Magik 9 ce vendredi 22 novembre. « 71 blessés par balles ont été admis entre le lundi 11 novembre 2024 à date, soit une moyenne de 7 blessés par balles par jour », a-t-il précisé. Pour la seule journée du mercredi 20 novembre 2024, a souligné le Dr Jean Philippe Lerebourg, le nombre de blessés par balle admis au service d’urgence était de 20 personnes, informant que deux des blessés sont décédés.
Mis à part l’augmentation des patients, l’HUP est confronté à un problème de personne. En effet, selon le Dr Lerebourg, l’HUP « a perdu 27% de son personnel médical ». Certains sont partis pour l’étranger alors que d’autres ont laissé tomber à cause de l’insécurité croissante.
« Le personnel est éprouvé physiquement et psychologiquement. On travaille dans des conditions extrêmes. C’est difficile », a commenté le Dr Lerebourg sur les conditions de travail du personnel dans ce contexte. Toutefois, a-t-il avoué, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a gratifié le personnel médical pour ses efforts, soulignant que par ailleurs, l’HUP, grâce à l’aide de certains partenaires a alloué des primes de risque au personnel médical, reconnaissant que que c’est peu suffisant.
Malgré les défis sécuritaires et les problèmes dans l’approvisionnement des intrants médicaux, l’HUP tient bon jusque-là. Selon le Dr Lerebourg, le MSPP, de concert avec l’Organisation panaméricaine de la santé et l’organisation mondiale de la santé (OPS/OMS), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et le Comité internationale de la Croix-Rouge (CIRC), approvisionne l’hôpital en intrants. L’hôpital, a-t-il révélé, dispose depuis le 29 février 2024 d’un plan de contingence pour la gestion du stock de médicaments et de carburant qui fonctionne à ce jour.
Le mardi 19 novembre dernier, MSF a annoncé dans un communiqué la suspension de ses services dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, en raison des menaces à répétition proférées par des agents des forces de l’ordre contre le personnel de l’institution. En commentaire, Jean Philippe Lerebourg a qualifié de « regrettable » cette fermeture.
Selon le Dr Jean Philippe Lerebourg, MSF épongeait une quantité considérable des patients qui ne pouvaient pas se rendre à l’HUP, ces fermetures rendent plus compliqué la prestation de soins. « L’HUP ne pourra pas tenir pour tout le système », a lâché le Dr Lerebourg, invitant à des réflexions pour l’ouverture d’autres centres médicaux.
Source : Le Nouvelliste