Guadeloupe. BTP : une réunion pour éviter la crise

Face aux difficultés financières rencontrées par les entreprises, particulièrement dans le secteur du BTP, le préfet de Région, Xavier Lefort, les présidents de Région et de Département, les services de l’Etat… étaient réunis à l’Espace Régional du Raizet (Les Abymes), mardi 12 novembre.

La réunion « grand format » de ce 12 novembre fait suite à la rencontre du président de Région Ary Chalus avec une cinquantaine de membres du secteur du BTP, la semaine dernière, avec à leur tête, José Gaddarkhan, Jean-Yves Ramassamy, Bruno Frédéric, président de la CERC Guadeloupe, Observatoire régional de la filière Construction…, inquiets pour la survie de leurs entreprises, confrontées à une situation jugée « catastrophique » par José Gaddarkhan, président de la Fédération régionale du bâtiment et des travaux publics.

Au Raizet, la Région Guadeloupe a élargi la discussion avec les acteurs du BTP aux services de l’Etat (DRFIP, CGSS), au préfet Xavier Lefort, à Guy Losbar, président du Département, Jocelyn Sapotille, président de l’Association des maires de Guadeloupe, aux bailleurs sociaux (SIG, Sikoa…), mais aussi à d’autres secteurs d’activités en souffrance (coiffeurs, transports sanitaires, indépendants…).

Un engagement de la CGSS

Jean-Yves Casano, directeur par intérim de la CGSS Guadeloupe.

Les acteurs du BTP, en quête de réponses « concrètes », ont obtenu des pistes à étudier dans les prochaines semaines, mais aussi un engagement clair de Jean-Yves Casano. De nombreux interlocuteurs ont été bien heureux de faire la connaissance du directeur de la MICOR (Mission Interministérielle de Coordination de la Sécurité sociale des Outre-Mer) et directeur général par intérim de la CGSS de Guadeloupe. En poste depuis peu, Jean-Yves Casano a annoncé la suspension des procédures d’huissiers à l’encontre des entreprises, le temps d’analyser la situation.

Par ailleurs, les chefs d’entreprise en difficulté ont également été invités à recourir aux dispositifs qui sont à leur disposition, notamment le CCSF (Comité consultatif du secteur financier), trop peu sollicité ou, trop tard.

Confrontées au règlement des charges fiscales et sociales et au remboursement du fameux PGE (Prêt garanti par l’Etat), certaines entreprises perdent pied et n’ont d’autre choix que le dépôt de bilan. Pourtant, dans le secteur du BTP, en Guadeloupe, les perspectives ne manquent pas.

« Les carnets de commandes sont pleins, assure le préfet Xavier Lefort. La Guadeloupe est en tête des DROM pour son chiffre d’affaires dans le BTP, meilleur que dans l’Hexagone. Mais, pour éviter un retournement de situation dans les prochains mois, il est important de régler certaines difficultés. »

Des retards de paiement qui pénalisent les entreprises

L’archipel est dans une situation paradoxale. Les nombreux marchés publics (bailleurs sociaux, Etat, Région, Département…) restent souvent insatisfaits. En effet, pour accéder à la commande publique, les entreprises doivent être à jour de leurs cotisations fiscales et sociales. Un écueil fréquent qui s’ajoute à une trésorerie exsangue en raison des retards de paiement des communes et autres collectivités. Difficile, pour les entreprises, dans ces conditions, de tenir leurs engagements vis-à-vis des fournisseurs.

« Il y a des perspectives dans le secteur, rappelle Guy Losbar, président du Département. Au premier semestre 2025, il faut que nous puissions présenter nos attentes aux entreprises pour accompagner celles qui ne peuvent pas payer leurs fournisseurs. » En amont, Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe, a fortement suggéré aux acteurs du BTP de constituer un groupe de travail pour échanger régulièrement, entre eux et avec les services de l’Etat, aux solutions à mettre en place, sans attendre d’être une situation d’urgence.

Une alternative pour les entreprises en souffrance

Dans les prochains jours, le préfet Xavier Lefort s’est engagé à lancer les discussions pour apporter une solution au manque de trésorerie des entreprises en raison des retards de paiement.

« Aujourd’hui, avec leur trésorerie, les entreprises doivent compenser les retards de paiement des collectivités, ce qui les met en difficultés pour payer leurs fournisseurs, explique le préfet Xavier Lefort. Avec les présidents de Région, de Département, les services de la DRFIP et de la Sécurité Sociale, nous allons réfléchir à un système de préfinancement, de financement-relais ou de fonds de garantie pour que les entreprises ne souffrent pas de difficultés de trésorerie. »

Un autre point, plus technique, qui concerne l’intégration des charges salariales dans le moratoire proposé aux entreprises en difficulté, reste à solutionner. Le député Serva a été sollicité pour un relais au national. Un point qui pourrait bien être à l’ordre du jour du prochain Comité interministériel des Outre-Mer…

Cécilia Larney

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