PAR JEAN-MARIE NOL*
La Martinique s’apprête à accueillir François-Noël Buffet, ministre auprès du Premier ministre, chargé des Outre-mer, pour une visite officielle de quatre jours. Le timing de cette visite n’est pas anodin : elle intervient dans un contexte de crise aigüe de la vie chère qui continue de frapper les foyers et d’exacerber les tensions économiques et sociales.
De plus pour corser le tout, la population martiniquaise, sera bientôt confrontée à une stagnation économique marquée et à une inflation persistante, et pourrait difficilement être plus vulnérable. Cette situation de « stagflation » — une combinaison redoutable de stagnation économique et d’inflation — représentera un défi de taille pour l’île, et l’attente de solutions concrètes est palpable.
La crise de la vie chère en Martinique est exacerbée par plusieurs facteurs : une insularité qui accroît les coûts d’importation, des revenus souvent bien en-deçà de ceux de la France métropolitaine, et des politiques d’austérité budgétaire qui réduisent la capacité d’action de l’État sur le plan local. Ce contexte difficile laisse de nombreux Martiniquais sceptiques quant aux répercussions réelles de cette visite ministérielle. Ils redoutent que ce déplacement ne se limite à des engagements vagues, sans solutions viables pour relancer l’économie, soutenir le pouvoir d’achat, ou réduire le coût de la vie.
Les attentes vis-à-vis de cette visite sont mitigées. D’un côté, la présence d’un ministre pourrait être perçue comme une reconnaissance de l’urgence de la situation sociale, un signal que l’État central ne reste pas insensible aux souffrances de la précarité de la population martiniquaise. Mais de l’autre, l’histoire récente des relations entre l’État et les territoires d’Outre-mer incite à la prudence. De nombreuses annonces de soutien à l’économie ou d’initiatives pour le développement local se sont heurtées, par le passé, à une réalité faite de moyens limités et de bureaucratie pesante, atténuant largement l’impact des intentions affichées.
L’un des aspects cruciaux de cette visite sera sans doute la capacité du ministre à aborder la question de la survie du tissu économique et financier des entreprises et surtout de l’investissement. Dans un contexte où peu d’investisseurs sont enclins à risquer leur capital sur une île où la croissance économique reste anémique et où les perspectives sont ternies par la précarité sociale et les tensions politiques, la Martinique peine à attirer de nouveaux projets porteurs de croissance.
Cet état de fait nourrit un cercle vicieux : une économie peu dynamique qui peine à attirer des capitaux dans les secteurs clés de l’agroalimentaire et de l’hôtellerie, tandis que l’absence de ces capitaux freine encore davantage son développement. Pour rompre ce cercle, l’État devra peut-être repenser sa manière de soutenir les territoires ultramarins et assouplir certaines restrictions budgétaires, notamment au niveau de la mission Outre-mer, qui limitent leur capacité de résilience économique.
Toutefois, un renouveau économique ne saurait se limiter à des annonces de crédits ou de subventions. La Martinique doit pouvoir compter sur une refonte de son modèle économique ainsi qu’un véritable projet d’autonomie de développement économique, orienté vers la durabilité et l’autosuffisance, qui prendrait en compte ses spécificités géographiques et ses besoins sociaux.
Les secteurs de l’agriculture, du tourisme durable, des énergies renouvelables, mais aussi de l’innovation pourraient être des axes porteurs si des moyens adaptés sont mis en œuvre pour les soutenir. Sans ce type de stratégie de long terme, toute tentative de relance de type keynésienne risquerait de se révéler temporaire et insuffisante pour répondre aux attentes d’une population lasse des promesses non tenues.
La question sociale demeure également centrale. La crise de la vie chère ne se limite pas à un simple problème économique ; c’est également un problème sociétal avec la violence qui touche de plein fouet le quotidien des familles, le niveau de vie précaire de certaines catégories populaires, et donc la cohésion sociale. De nombreux Martiniquais vivent désormais dans une situation de précarité où le poids des dépenses incompressibles — santé, logement, alimentation, énergie — absorbe une part croissante des revenus. Dans ces conditions, la frustration grandit, alimentant un terreau de violences et de troubles sociaux. La visite du ministre pourra difficilement ignorer ce contexte, même si les moyens concrets pour apaiser ces tensions sociales et économiques semblent déjà, à notre avis, limités.
En foi de quoi, cette visite de François-Noël Buffet en Martinique sera observée de près, tant par la population que par les élus locaux. Si elle ne doit pas être une simple formalité ou une opération de communication, elle représente un véritable test pour la politique de l’État vis-à-vis des Outre-mer.
A moins de véritables engagements et de mesures substantielles, cette visite pourrait être perçue comme une nouvelle déception pour une fraction de la population notamment la classe moyenne qui n’a pas cessé de s’appauvrir et de voir son avenir s’assombrir. Quant aux perspectives à long terme, elles reposent sur une refonte des politiques publiques locales et une prise de conscience des spécificités ultramarines, de manière à sortir de cette spirale de stagflation qui enferme l’économie martiniquaise.
La Martinique attend des solutions concrètes, pragmatiques et adaptées, et non des promesses vides. Le ministre saura-t-il être à la hauteur de ces attentes ? Si la réponse reste en suspens, il est clair que le temps presse, car chaque jour passé sans réponse forte ne fait que renforcer le sentiment de désillusion et de distance entre l’État et les territoires d’Outre-mer.
Et pour cause, la Martinique, qui est virtuellement déjà en proie à une crise sociale, financière, économique et politique, semble aujourd’hui manquer de repères stratégiques pour naviguer à travers les nombreux défis qui la secouent. Le territoire est aux prises avec une conjonction de problématiques complexes, de la vie chère aux coupes budgétaires massives, en passant par une polarisation politique qui fragilise la société antillaise.
Dans ce contexte, il devient impératif pour la Martinique de se doter d’une « boussole stratégique » avec l’aide du gouvernement pour s’extraire de cette situation périlleuse et envisager un futur plus stable et équitable. Mais quelles sont les racines de cette crise ? Comment un territoire au potentiel économique indéniable se retrouve-t-il dans une telle impasse ?
Revenons sur les facteurs externes et internes qui ont mené à cette situation et sur les perspectives de transformation nécessaires pour un avenir plus prometteur.
La Martinique se trouve aujourd’hui dans une impasse de la vie chère qui est un problème complexe, traversée par une crise multidimensionnelle due à plusieurs facteurs qui affecte profondément sa société. En proie à des difficultés économiques, sociales et politiques, le territoire semble avancer sans cap stratégique, avec une polarisation grandissante qui fragilise son tissu social. L’urgence d’une boussole multi-directionnelle se fait ressentir : une vision claire et unifiée s’imposent pour sortir l’île de cette situation et lui permettre de bâtir un avenir plus prospère et durable.
De fait d’un point de vue financier, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) subit depuis plusieurs années les conséquences de restrictions budgétaires de plus en plus sévères. Avec le Projet de Loi de Finances 2025, les coupes budgétaires atteignent des niveaux critiques, alors que les besoins de la population continuent de croître. Parmi les secteurs les plus durement touchés, on trouve la transition écologique, essentielle pour une île exposée aux risques climatiques. La réduction de 60 % des financements du Fonds Vert compromet ainsi des initiatives vitales pour la protection de l’environnement, la prévention des inondations et la lutte contre le changement climatique. Pour un territoire insulaire dont la préservation des écosystèmes est cruciale, cette situation met en péril la résilience même de l’île face aux défis environnementaux.
Sur le plan économique, la Martinique souffre d’une dépendance excessive vis-à-vis de la France hexagonale, en contradiction avec l’autonomie financière promise par la Constitution. Cette dépendance rend l’île vulnérable aux fluctuations économiques et financières de la France, elle-même en difficulté. Selon les prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM), la France s’apprête à vivre une période de croissance stagnante, de pression budgétaire accrue et de chômage en hausse.
L’année 2025 s’annonce complexe pour l’économie française, en proie à des défis croissants sur les plans budgétaire, de l’emploi, et de la croissance économique. Les récents rapports, notamment celui de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM), brossent un tableau incertain et alarmant des perspectives économiques, marqué par un ralentissement de la croissance, une pression budgétaire accrue et une hausse anticipée du chômage.
Le contexte politique, avec une Assemblée nationale divisée en blocs sans majorité claire depuis la dissolution récente, n’aide guère à apaiser les inquiétudes. Entre incertitude politique, ajustement budgétaire et montée du chômage, l’économie française semble s’engager dans une voie délicate pour l’année à venir.
En termes de croissance, l’OFCE anticipe un rythme d’expansion particulièrement modeste. En 2024, le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de seulement 1,1 %, suivi d’une croissance estimée à 0,8 % en 2025. Ces chiffres traduisent un ralentissement notable par rapport aux dynamiques des années précédentes, marquées par une reprise post-pandémie. L’OFCE pointe du doigt l’incertitude politique et fiscale qui pousse les entreprises à freiner leurs investissements, souvent considérés comme les moteurs du dynamisme économique.
En Martinique, la situation est particulièrement inquiétante : l’IEDOM estime que l’économie locale pourrait subir une contraction allant jusqu’à un point de PIB en 2024, et deux ou trois points en 2025. L’affaiblissement de la consommation et de l’investissement, freiné par l’incertitude sociale et politique, est l’une des raisons principales de cette prévision de croissance atone, impactant directement les perspectives économiques des départements d’outre-mer.
Le projet de budget 2025 que les députés commencent à examiner illustre bien la stratégie gouvernementale pour redresser les finances publiques. En effet, la France, en quête d’une stabilisation budgétaire, envisage de réduire le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025, grâce à un effort d’assainissement chiffré à 60 milliards d’euros. Cet effort repose pour un tiers sur une augmentation des recettes fiscales, avec notamment des hausses d’impôts, et pour deux tiers sur une réduction des dépenses publiques.
Toutefois, l’OFCE avance un chiffrage de l’ordre de 44 milliards d’euros, dont environ 60 % seraient couverts par des hausses de recettes et 40 % par une diminution des dépenses publiques. Ce débat autour des chiffres reflète les incertitudes entourant les projections budgétaires et met en lumière les tensions entre les attentes de l’exécutif et les analyses des économistes.
Les répercussions de cet ajustement budgétaire ne se limiteront pas aux simples données chiffrées, mais toucheront profondément le tissu social. En effet, les coupes budgétaires, particulièrement dans les politiques de l’emploi, sont susceptibles d’entraîner une hausse significative du chômage. Le taux de chômage, mesuré à 7,3 % au deuxième trimestre 2024, pourrait atteindre 7,5 % en fin d’année, pour grimper à 8 % fin 2025. Ces prévisions sombres illustrent la bascule opérée après une période de forte création d’emplois : alors que la France avait créé près de 500 000 emplois en 2022, puis encore 210 000 en 2023, l’année 2025 pourrait marquer une perte de 143 000 emplois voire plus avec la multiplication actuelle des plans sociaux . L’OFCE souligne l’impact d’une politique de l’emploi moins favorable, ce qui risque de pénaliser les travailleurs les plus précaires et d’accentuer les tensions sur le marché du travail.
Parallèlement, le pouvoir d’achat individuel des Français devrait connaître un léger recul de 0,2 % en 2025, après une hausse de 1,1 % en 2024. Ce repli s’explique en partie par la contraction de l’emploi et la faible croissance des prestations sociales. Les réformes, notamment le report de l’indexation des retraites à juillet, viendront accentuer cette tendance. À cela s’ajoute la baisse attendue des revenus du patrimoine, alors que les dividendes distribués par les entreprises pourraient diminuer, et que les taux d’intérêt pourraient connaître un fléchissement. Ces éléments ne manqueront pas d’influencer la capacité de consommation des ménages, qui reste l’un des piliers de la croissance économique française. En Martinique, l’IEDOM prévoit une diminution de la consommation des ménages en 2025, conséquence directe de la baisse du pouvoir d’achat et de l’augmentation de l’épargne.
La politique monétaire, cependant, pourrait apporter une lueur d’espoir en 2025. Selon l’OFCE, l’inflation, qui a fortement marqué les dernières années, devrait enfin se modérer pour atteindre 2 % en moyenne annuelle en 2024, puis 1,5 % en 2025. Ce ralentissement de la hausse des prix, en ligne avec l’objectif de la Banque centrale européenne, devrait offrir un certain répit aux consommateurs et aux entreprises. Toutefois, malgré cette accalmie sur le front des prix, l’impact de l’inflation modérée pourrait être atténué par l’effet combiné du chômage et de la faiblesse du pouvoir d’achat, limitant le regain de la consommation.
Face à ces perspectives économiques complexes pour l’Hexagone, il est difficile de prévoir des mesures miracles pour relancer une croissance vigoureuse et durable en Martinique car l’incertitude politique reste un frein majeur. Cela incitant les entreprises à la prudence dans leurs décisions d’investissement, et limitant leur capacité à créer de nouveaux emplois. La politique de redressement des finances publiques, indispensable pour contenir la dette, engendre des effets collatéraux indéniables, comme le resserrement des politiques de l’emploi et la baisse des prestations sociales.
Les choix budgétaires auxquels la France est confrontée en 2025 devront s’articuler autour d’un équilibre délicat entre discipline financière et soutien à l’économie réelle, afin d’éviter une dégradation trop brutale du marché de l’emploi et du pouvoir d’achat des ménages.
En définitive, l’économie française semble engagée dans une année de transition incertaine et potentiellement difficile. Les arbitrages budgétaires, le contrôle de l’inflation et le soutien à l’emploi sont autant de paramètres que les responsables politiques devront surveiller attentivement pour limiter les impacts négatifs d’un contexte économique tendu. La France et ses territoires d’outre-mer, comme la Martinique, devront relever des défis majeurs, mais l’apaisement de la pression inflationniste avec la signature d’un accord pour faire baisser les prix en Martinique pourrait donner un peu d’oxygène aux ménages et aux entreprises, même si cela reste loin des espérances de croissance et de stabilité espérées.
L’année 2025 sera donc cruciale pour évaluer la résilience de l’économie française face aux défis et aux ajustements qu’imposent la conjoncture actuelle.Dans ce contexte de fragilité, l’économie martiniquaise pourrait voir son produit intérieur brut (PIB) se contracter d’un point en 2024, puis de deux points en 2025, entraînant une perte de dynamisme et des perspectives de croissance à long terme de plus en plus limitées.
Face aux efforts d’assainissement des finances publiques français, qui visent une réduction drastique du déficit public d’ici 2025, les collectivités locales, y compris la CTM en Martinique, se voient contraintes de restreindre leurs dépenses. Les conséquences de cette politique sont tangibles : hausse du chômage, dégradation des services publics et diminution du pouvoir d’achat. Le taux de chômage, déjà préoccupant, devrait encore augmenter, pesant lourdement sur les Martiniquais, notamment sur les jeunes. La baisse de l’emploi se conjugue avec un recul du pouvoir d’achat, exacerbant les inégalités sociales et alimentant un sentiment d’injustice parmi la population.
Cette précarisation du quotidien se manifeste également dans le domaine sociétal avec une faillite de l’éducation, où la Martinique connaît des taux d’illettrisme alarmants, bien supérieurs à ceux de la métropole. Dans certains quartiers, plus de 36 % des habitants peinent à lire et 42 % à calculer. Un tel contexte limite les perspectives professionnelles des jeunes, les rend vulnérables face au chômage et les expose davantage aux risques de délinquance.
La suggestion de créer des établissements disciplinaires inspirés de dispositifs militaires comme le RSMA pour les jeunes en difficulté illustre une tentative de réponse pragmatique, bien que controversée, aux problèmes éducatifs et sociaux croissants.
Les jeunes Martiniquais, acteurs des mouvements sociaux de 2009 et de 2021 de la crise COVID , expriment aujourd’hui une colère plus radicale. Face à un modèle perçu comme injuste et déconnecté des réalités locales, cette jeunesse abandonne de plus en plus l’espoir d’une amélioration de sa situation, manifestant sa frustration par des actes de violence. Les entreprises locales, malgré une population de jeunes diplômés, hésitent à proposer des conditions salariales attractives, maintenant ainsi de nombreux jeunes dans la précarité.
Cette crise societale se manifeste aussi dans un contexte de baisse des ressources fiscales, la CTM cherche à rationaliser son budget par des mesures impopulaires : gel des embauches, réduction d’effectifs et vente d’actifs. Ces ajustements, bien que nécessaires pour maîtriser les finances, compromettent la qualité des services publics et aggravent les inégalités, affectant les populations les plus vulnérables. La vie chère, accentuée par une inflation persistante, alimente ainsi les tensions identitaires, sociales et renforce le malaise général.
En réaction à ce climat délétère, des mouvements populistes, comme le RPPRAC, ont vu le jour, prônant un blocage et un boycottage des grandes enseignes pour lutter contre la vie chère. Cette initiative, bien qu’elle exprime un besoin légitime de changement de paradigme , pourrait exacerber les difficultés économiques, la Martinique restant largement dépendante des importations. En ciblant les distributeurs, l’initiative risque en effet d’aggraver l’inflation et les pénuries, ce qui nuirait d’abord et avant tout à la population.
Le RPPRAC met également en cause la légitimité des élus locaux, accusés de négliger le bien-être des Martiniquais au profit des élites économiques békés. En polarisant la vie politique entre « peuple » et « élites », ce mouvement populiste menace de déstabiliser les institutions démocratiques en Martinique, risquant d’introduire une méfiance généralisée et un affaiblissement du dialogue démocratique. Dans ce contexte, les élus locaux doivent écouter les voix contestataires tout en veillant à maintenir un climat propice au dialogue et à la concertation.
Pour dépasser cette crise profonde, la Martinique doit impérativement repenser son modèle de développement économique. La dépendance historique vis-à-vis de la métropole, notamment pour l’approvisionnement en biens essentiels, expose l’île aux variations des prix internationaux et aux crises logistiques. Le développement d’une agriculture diversifiée et durable représente une piste prometteuse pour renforcer l’autonomie alimentaire du territoire, créer des emplois et préserver l’environnement.
Une transition énergétique s’impose également, car la Martinique dispose de ressources naturelles — solaire, éolienne et peut être géothermique — qui, si elles étaient exploitées, pourraient réduire sa dépendance énergétique et créer des perspectives d’emplois qualifiés pour les jeunes.
Le tourisme, secteur clé de l’économie locale, devrait être réorienté vers un modèle plus durable, en valorisant le patrimoine naturel et culturel de l’île. Au lieu de chercher à attirer un grand nombre de touristes, l’accent pourrait être mis sur un tourisme de qualité, qui profiterait davantage aux habitants tout en préservant les écosystèmes fragiles.
De plus, le développement numérique de l’économie martiniquaise pourrait stimuler la croissance en attirant startups et télétravailleurs. Cette digitalisation favoriserait également l’accès aux services publics modernes, tels que la télémédecine ou l’enseignement à distance, et offrirait aux Martiniquais une meilleure qualité de vie.
Cependant, tout développement économique doit être inclusif pour être durable. Il est essentiel d’adapter les politiques de formation aux besoins du marché local, en orientant les jeunes vers des nouveaux secteurs porteurs. En encourageant l’entrepreneuriat et l’économie sociale et solidaire, la Martinique pourrait stimuler l’innovation et renforcer la cohésion sociale, tout en répondant aux aspirations des jeunes.
Au final, l’avenir de la Martinique repose sur la création d’un nouveau modèle économique de développement autonome et respectueux des besoins de ses habitants. Ce modèle, basé sur la durabilité, doit intégrer l’État et les acteurs locaux dans une démarche collaborative. Dans un monde en mutation rapide avec le poids grandissant des nouvelles technologies à l’instar de l’intelligence artificielle, la Martinique a l’opportunité de devenir un exemple de résilience et de développement durable pour les territoires insulaires.
Mais, pour éviter un effondrement sociétal annoncé, il est crucial que l’île s’engage résolument sur cette voie et se dote d’une boussole stratégique, ce qui lui permettra de construire une société plus juste et prospère, répondant aux aspirations profondes des Martiniquais.
« Déyè bwa ki ni bwa »
Traduction littérale : Derrière les bois, il y a encore des bois
Moralité : Se dit d’une tâche dont on arrive pas à voir le bout car on l’a sous-estimée.
*Economiste