Haïti. La faim atteint « un sommet historique »

Alors que le pays continue de faire face à une crise sécuritaire, 5,4 millions d’Haïtiens luttent quotidiennement pour se nourrir, représentant l’une des proportions les plus élevées de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans une crise alimentaire mondiale, peut-on lire dans un communiqué du Programme alimentaire mondial (PAM), qui souligne ce « sommet historique » de la situation de faim aiguë, lundi 30 septembre 2024.

Parmi elles, deux millions de personnes sont confrontées à des niveaux d’urgence alimentaire (phase 4 de l’IPC), faisant donc face à des problèmes de production, de pénuries alimentaires extrêmes, à la malnutrition aiguë et à des niveaux élevés de maladies causées par un apport nutritionnel insuffisant.

Selon le dernier rapport de l’IPC, au moins 6 000 personnes déplacées internes (PDI) vivant dans des abris provisoires dans la capitale haïtienne, après avoir fui leurs foyers, font désormais face à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire (phase 5 de l’IPC). Cela signifie que ces personnes sont confrontées à la misère, à des situations de faim et à des niveaux extrêmement critiques de malnutrition aiguë, ce qui pourrait conduire à un risque de mort à court terme.

Ce dernier rapport couvrant la période d’août 2024 à février 2025 a été publié par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) d’Haïti, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Il fournit une échelle commune pour mesurer la gravité et l’ampleur de l’insécurité alimentaire aiguë.

Depuis sa création en 1996, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire constitue la seule référence étatique en matière de sécurité alimentaire. Sa mission consiste à influencer les politiques publiques destinées à améliorer de façon durable les conditions de sécurité alimentaire de la population haïtienne. Depuis plusieurs années, de concert avec des partenaires et acteurs locaux et globaux, elle conduit l’analyse et la mise à jour annuelles du Cadre intégré de Classification de la sécurité alimentaire (IPC).

« Haïti est dans une course contre la montre face à la détérioration de la sécurité alimentaire. Il est temps de saisir l’opportunité de fournir autant d’aide que possible pour inverser la tendance. Avec des ressources supplémentaires, le PAM peut intensifier sa réponse pour assister les personnes les plus dans le besoin, le plus rapidement possible. Il ne peut y avoir de paix quand la moitié de la population est affamée », a déclaré Wanja Kaaria, représentante et directrice pays du PAM en Haïti, cité dans ce communiqué.

 « Nous ne devons pas tourner le dos à la pire crise alimentaire de l’hémisphère occidental. Le PAM lance un appel urgent à un large soutien pour augmenter massivement l’aide vitale aux familles qui luttent chaque jour contre des pénuries alimentaires extrêmes, une malnutrition galopante et des maladies mortelles. Il ne peut y avoir de sécurité ou de stabilité en Haïti alors que des millions de personnes sont confrontées à la famine », a déclaré Cindy McCain, directrice exécutive du PAM, citée dans ce communiqué en anglais.

Les agences humanitaires alimentaires onusiennes et les ONG en Haïti affichent un déficit de 230 millions de dollars pour mettre en œuvre leurs programmes jusqu’à la fin de l’année – tandis que les familles déplacées en raison de la montée de la violence cette année constituent la frange la plus vulnérable face à l’insécurité alimentaire grandissante.

« Plus de 75 % des personnes les plus touchées par l’insécurité alimentaire en Haïti vivent dans les zones rurales. Fournir aux ménages touchés par la crise un appui à la production alimentaire d’urgence est une solution rentable qui leur permet de produire rapidement leur propre nourriture et d’assurer leur autosuffisance. Pour ce faire, il est plus qu’urgent pour la FAO d’avoir un financement adéquat pour répondre aux besoins de production alimentaire d’urgence. Trop tard coûtera plus cher ! », a déclaré Pierre Vauthier, Représentant de la FAO en Haïti.

Les attaques violentes et les combats liés aux groupes armés se sont intensifiés à Port-au-Prince au début de 2024, forçant les opérations portuaires et aéroportuaires à s’arrêter temporairement. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leurs foyers à la recherche de sécurité ; entre mars et juin, le nombre de personnes déplacées a plus que doublé, avec un total actuel de plus de 700 000.

Les sites de déplacés internes sont souvent surpeuplés et insalubres, tandis que les familles traumatisées, ayant vu leurs revenus et leurs moyens de subsistance disparaître, peinent à acheter suffisamment de nourriture dans un contexte de la flambée des prix.

Le PAM a assisté 1,35 million de personnes à travers le pays en 2024, notamment par le biais de l’aide d’urgence, des repas scolaires, de la protection sociale et des activités de résilience. Les familles avec des femmes enceintes/allaitantes et/ou des enfants de moins de cinq ans de cette cohorte reçoivent un soutien supplémentaire pour prévenir la malnutrition.

Avec des ressources supplémentaires, le PAM sera prêt à intensifier l’aide alimentaire d’urgence. Dans les populations touchées par la crise, urbaines, périurbaines et rurales de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et du département de la Grand’Anse, la FAO prévoit de soutenir les ménages vulnérables par la fourniture de transferts monétaires ainsi que de kits de production alimentaires.

La FAO a besoin de toute urgence de fonds pour intensifier sa réponse et atteindre les populations les plus en insécurité alimentaire. Avec les kits nécessaires, un agriculteur peut produire des légumes nutritifs en seulement quelques semaines, d’une valeur près de 14 fois supérieure au coût du kit agricole fourni.

Ce rapport intervient dans un contexte de grande perturbation du transport maritime depuis le kidnapping, mi-septembre, de deux membres d’équipage d’un navire dans la baie de Port-au-Prince. Cette situation, ajoutée aux tirs sur les installations du port de l’APN, à La Saline, a sévèrement perturbé le transport. Les autorités ont annoncé des mesures qui ne sont pas encore implémentées.

Le 27 septembre, l’une des compagnies maritimes, Maersk, dans une mise à jour, a annoncé l’arrêt de toute nouvelle réservation. « À la suite des récents troubles sociaux en Haïti, qui empêchent le fonctionnement normal du terminal, il a été décidé, avec effet immédiat, d’arrêter toute nouvelle réservation en provenance et à destination d’Haïti afin d’éviter l’accumulation de containers dans les terminaux de transbordement. »

« Les expéditions en transit seront maintenues dans leur port actuel. Nous suivons la situation de près et vous tiendrons informés de l’évolution de la situation », a annoncé cette compagnie maritime. Le gros des importations d’Haïti s’effectue par voie maritime. Si la PNH a glané de petites victoires ici et là, la circulation des personnes et des biens sur les routes nationales sont affectées par des bandes armées.

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