Au menu de la rentrée du préfet de région Xavier Lefort, la vie chère, la situation du SMGEAG et de l’eau, le conflit EDF-PEI vs CGTG-Fédération de l’Energie, la situation économique de l’archipel, les sujets agricoles, la sécurité routière.
« Je pense qu’il faut attendre la constitution du gouvernement pour avoir des lignes directrices pour des actions concrètes. » Le sujet de la vie chère est abordé par le préfet Xavier Lefort avec en point de mire ce qu’il se passe en Martinique depuis quelques semaines, avec des protestations vigoureuses et le préfet qui reçoit les différentes parties.
« S’il fallait d’un trait de plume changer les prix… mais le sujet est complexe, qui regarde les taux de TVA, d’Octroi de mer, les coûts de transit, la péréquation qui fait que si le paquet de pâtes est moins cher la télévision est plus chère. »
Le coût de la proposition de baisser les prix de 2 500 produits en Martinique n’est pas négligeable : 20 millions d’euros chaque année.
« En fin de compte, résume le représentant de l’Etat, il faut que quelqu’un paie… »
Que se passe-t-il au SMGEAG ? Depuis dix jours, les bruits les plus fous sont répercutés sur les réseaux sociaux… et jusque dans la presse nationale.
« Non, il n’y a pas de cessation de paiement, ni de trou dans la caisse. Il y a une situation de grand désordre comptable. Mais, et nous en avons parlé avec les présidents de Région et de Département, la situation va s’éclaircir, avec le soutien de la Direction régionale des Finances publiques », explique Xavier Lefort.
Il souligne que les rapports avec la présidence et la direction générale déléguée du SMGEAG sont bons mais qu’il se devait de prévenir qu’il faut présenter des pièces comptables régulièrement afin que les bailleurs de fonds sachent où en est la situation financière de l’établissement.
Pour ce qui est de la situation de l’eau, « il y a une vraie volonté politique de l’Etat, de la Région et du Département qui mettent 213 millions d’euros d’ici 2025 dont 100 millions sur 36 opérations d’urgence. Des opérations, dit-il, financées avec souvent pour maître d’ouvrage la Région ou le Département. »
« Je n’ai pas l’intention, parce que ce n’est pas mon rôle, de me mêler de la gestion interne du SMGEAG. Les 20 millions d’euros de soutien de l’Etat ne sont pas remis en cause et il n’est pas à l’ordre du jour de l’Etat de se désengager. Mais, je dois, parce que sinon, je serai responsable de manquements si je ne le faisais pas, parce que c’est mon rôle, surveiller de près les finances du SMGEAG qui travaille sur fonds publics. »
EDF-PEI et la CTGT-Fédération de l’Energie sont en conflit ouvert avec menace de grève reconductible d’ici à février 2025.
« Je ne peux pas laisser faire. Il faut ouvrir, sous la tutelle de la DEETS, des réunions de facilitation. Il s’agit de questions techniques et j’en appelle à la bonne volonté des parties. »
Il semble que la plupart des points de friction évoqués par le syndicat soient en cours de résolution. Notons que la première réunion de facilitation se tient ce lundi entre le syndicat et la direction d’EDF-PEI.
« La situation économique de la Guadeloupe est bonne, mais nous ne sommes pas à l’abri d’un retournement de situation. » Le préfet a réuni, vendredi dernier, la Conférence économique avec le monde économique. La situation pourrait, néanmoins, déraper parce que c’est la fin des aides Covid et du PGE qu’il faut rembourser.
Néanmoins, un secteur, qui est toujours sensible, celui du BTP, a fait un chiffre d’affaire supérieur de 12% à l’année précédente en Guadeloupe, de 7% dans les DOM, est stable au national.
Xavier Lefort a réuni de même le Haut conseil de la commande publique, auquel a assisté Ary Chalus, président de Région, pour faire le point sur les commandes publiques, de l’Etat, de la Région et du Département, pour les deux prochaines années.
Il s’agit d’une enveloppe de 500 millions d’euros, Etat, Région et Département, dont des fonds FEDER gérés par la Région.
« L’argent est là, mais il s’agit d’un chiffre théorique qui dépend des prestataires, en fonction de leur capacité à faire. »
Le préfet a signalé que l’Etat a 200 millions d’euros en reste à réaliser parce qu’il attend des factures, parce que des travaux n’ont pas pu être terminés à temps, parce qu’il y a eu des défaillances d’entreprise…
Les sujets agricoles inquiètent le préfet Xavier Lefort. Il y a la canne, bien sûr. « Il est indispensable que la campagne débute en février, sinon la filière ne s’en remettra pas. » Le problème, c’est aussi le calcul du taux de sucre, la richesse de la canne. Comment la payer équitablement alors que la formule date de 1982 ?
Le groupe de travail sur la question s’est réuni à plusieurs reprises. « Il a bien avancé », résume le préfet.
Mais il ne cache pas que « la canne est une activité de rente, au rendement médiocre. Il faut un vrai travail agronomique. »
« Sur le prix d’une tonne de cannes, 110 euros, la puissance publique met 85 euros ! »
Il déplore : « Les productions agricoles sont en baisse constante… » Ce qui nous laisse loin de l’autosuffisance alimentaire souhaitée. Mais, la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAAF) et la chambre d’agriculture avec les professionnels en sont conscients et travaillent à améliorer les choses.
Dernier point évoqué par le préfet de région : la sécurité routière.
Il rappelle qu’il s’agit beaucoup de problèmes de comportement, avec des conducteurs « inconscients, voire dangereux au volant. »
47% des accidents sont causés par des conducteurs sous l’empire de stupéfiants ou de l’alcool. Les comportements dangereux sont les dépassements hasardeux, des piétons sous crack qui marchent sur la bande centrale la nuit, des cyclistes et des deux-roues sans casque, des automobilistes qui ne mettent pas la ceinture, qui utilisent leur portable en conduisant.
Contre cela, les contrôles de police et de gendarmerie se font trois fois par semaine, les radars sont réinstallés (9 sont déjà là, il devrait y en avoir une trentaine à terme).
Des actions de communication vont être menées dans les prochaines semaines.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com