Guyane. Eviter une catastrophe sanitaire après l’incendie de Baduel

Le 27 juillet, plus de 1000 personnes ont tout perdu dans l’incendie du quartier informel de Baduel (Cayenne). Depuis, la cellule d’urgence médico-psychologique accompagne les sinistrés.

Depuis plus d’une semaine, trois gymnases de Cayenne accueillent les personnes évacuées suite à l’incendie qui a ravagé près de 80 % de la zone de Baduel. Environ 1 050 personnes sont hébergées depuis dans les gymnases des collèges Paul-Kapel (pour une majorité d’hommes), Gérard-Holder et Justin-Catayée, essentiellement pour les femmes et leurs enfants. La préfecture de Guyane a activé le centre opérationnel de zone (COZ), l’outil opérationnel de gestion de crise. L’Agence Régionale de Santé (ARS) y participe quotidiennement pour coordonner les interventions sanitaires des professionnels de santé. L’enjeu étant d’aider les patients chroniques en rupture de traitement. Ces interventions ont permis de repérer et prendre en charge des cas d’extrême vulnérabilité, quelques pathologies aiguës et des personnes chez qui le drame a impacté la santé mentale. Elles se poursuivront jusqu’à la mi-août, date à laquelle les gymnases devront être libérés pour préparer la rentrée scolaire.

Stress aigu, syndromes anxieux, troubles du sommeil

Dès le dimanche 28, la cellule d’urgence médico-psychologique (Cump) a été déclenchée par l’ARS. La psychologue et l’infirmier permanents, renforcés par des psychiatres, psychologues et infirmiers volontaires, y compris de pédopsychiatrie, étaient sur place.

« Nous avons effectué une première évaluation, puis nous sommes allés au collège Holder, le 30 juillet, et au collège Catayée le 31 juillet, détaille Marianne Pietropaoli, psychologue permanente de la Cump. Au collège Holder, les personnes avaient davantage de besoins somatiques que psychologiques. Au collège Catayée, en revanche, nous avons repéré des cas de troubles de stress aigu, des syndromes anxieux et des troubles du sommeil. Ce sont des réactions normales à une situation anormale. Nous avons rappelé les cas les plus préoccupants pour évaluer leurs besoins de consultation. »

Le lien a également été fait avec la Croix-Rouge française pour une prise en charge de certains sinistrés par ses soignants.

Outre la Cump, d’autres acteurs de la santé sont mobilisés auprès des sinistrés : la Croix-Rouge française, Médecins du Monde, la Permanence d’accès aux soins de santé et les dermatologues de l’hôpital de Cayenne, ainsi le service de la Protection maternelle et infantile.

Des actions de prévention

Toutes les personnes ont ainsi bénéficié, dès la semaine dernière, d’un bilan de leur état de santé et de leurs besoins avec un infirmier et, si besoin, un médecin. Les personnes hébergées seront à nouveau vues cette semaine par un professionnel de santé.

« Dès le premier jour, nous avons reçu des alertes sur la situation sanitaire des personnes sinistrées, relate le Dr Karl Kpossou, coordinateur médical de la Croix-Rouge française. L’ARS et la préfecture ont réuni pour faire un point de la situation et déterminer les actions à mener. Notre premier passage nous a permis de constater qu’il y avait des enfants en situation de déshydratation et de dénutrition. »

Un des enjeux était de réussir à voir rapidement entre 300 et 400 personnes sur chacun des sites, de repérer les cas aigus et les patients chroniques en rupture de traitement.

Outre son rôle de coordination, l’ARS a alerté sur certains risques sanitaires liés aux conditions d’hébergement. Ils concernent notamment les repas avec l’accent mis sur la nécessité de respecter les chaînes du froid et du chaud, ou encore de prévenir les allergies alimentaires. L’Agence a également demandé l’aménagement, en relation avec les Forces armées en Guyane (FAG), de zones de repas séparées des zones de vie et de couchage. Ce travail de prévention a pour but de ne pas générer d’autres problèmes de santé.

Des cas d’extrême vulnérabilité

Ces interventions ont également permis d’identifier quelques cas d’extrême vulnérabilité : enfant handicapé, enfant nourri par sonde, nourrisson de 11 jours, adultes aveugles. Ces personnes et leur entourage – soit quinze personnes – ont rejoint un centre d’hébergement d’urgence pour quinze jours, à la demande de Médecins du Monde. La Croix-Rouge française et la PMI ont également distribué des kits d’hygiène ainsi que du lait infantile aux mères qui allaitent leurs nourrissons au biberon. Celles qui allaitent au sein ont été sensibilisées sur la nécessité de poursuivre.

Aux côtés de la PMI, la Collectivité Territoriale de Guyane a également déployé des assistantes sociales auprès des sinistrés, notamment pour enregistrer les demandes de logement.

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