Haïti. 1 379 victimes de meurtres et de blessures et 428 enlèvements au second trimestre de 2024, selon le BINUH

Le service des droits de l’homme (SDH) du BINUH a dénombré 1 379 victimes de meurtres et de blessures et 428 victimes d’enlèvements, au cours du dernier trimestre (avril-juin 2024), peut-on lire dans un rapport dont Le Nouvelliste a obtenu copie, mardi 30 juillet 2024.

« Entre 1er avril et le 30 juin 2024, le Service des droits de l’homme (SDH) du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) a documenté 1.379 victimes de meurtres et de blessures et 428 victimes d’enlèvements ; les hommes représentant 77% des victimes, les femmes 20% et les enfants 3% », a indiqué le SDH du BINUH. « Cela, a souligné ce rapport, qui coïncide avec les débuts de l’exécutif CPT-PM, correspond à une diminution de presque 45% des meurtres et blessures et une baisse de 2% des enlèvements par rapport au trimestre précédent (janvier – mars 2024). »

https://ssl.gstatic.com/ui/v1/icons/mail/images/cleardot.gif« En revanche,  le SDH s’inquiète d’informations indiquant une augmentation significative de cas de violences sexuelles contre les femmes et les filles dans plusieurs quartiers et les sites de personnes déplacées de la capitale. »

Selon ce rapport « le plus grand nombre de meurtres et de blessures a continué d’être enregistré dans la capitale (88%), notamment en raison d’attaques indiscriminées des gangs contre certains quartiers, mais aussi d’exécutions par les gangs d’individus soupçonnés de collaborer avec la police ou des groupes d’autodéfense. » Les affrontements entre les gangs et les groupes « d’autodéfense », les tirs croisés ou l’usage excessif de la force lors des opérations ou des patrouilles de la police ont également eu un impact négatif sur l’intégrité physique des populations. Les grèves répétitives des magistrats et des personnels judiciaires continuent de paralyser la justice. Depuis le début de l’année judiciaire, les cours et les tribunaux n’ont été fonctionnels que dix jours. 78 détenus sont décédés dans les prisons haïtiennes au cours du deuxième trimestre (29 au cours du premier trimestre), la plupart en raison de maladies causées par la malnutrition.

Le rapport du BINUH a aussi indiqué que « dans ce contexte, et dans la continuité des tendances documentées tout au long du premier trimestre 2024, les opérations menées entre avril et juin par les unités spécialisées de la police pour déloger les gangs ont tué ou blessé au moins 236 membres de la population. Si la plupart d’entre elles ont été touchées par des balles perdues lors d’affrontements avec des gangs, au moins 45 cas impliqueraient un usage excessif de la force par la police à l’encontre d’individus n’ayant pas participé à des actes de violence au moment des incidents. Parmi ces victimes, certaines circulaient à pied ou vendaient leurs produits sur des étals dans les rues. Le SDH a aussi documenté des cas impliquant des éléments d’unités spécialisées de la police concernant des allégations de meurtres d’individus non armés, notamment à Cité Soleil, au niveau des carrefours Drouillard et Vincent. Selon un média en ligne, ainsi que des sources locales, des individus auraient été transportés dans des véhicules vers plusieurs endroits spécifiques de la capitale, tels que le quartier de Maïs Gâté (Tabarre), avant d’être exécutés par des « hommes encagoulés et lourdement armés ». Leurs corps auraient ensuite été brûlés et jetés sur des tas d’ordures », a indiqué ce rapport.

« Les allégations d’activités criminelles du commissaire du gouvernement de Miragoâne, Ernest Muscadin, demeurent un autre sujet de préoccupation. Entre avril et juin 2024, le SDH a documenté cinq cas d’exécutions extrajudiciaires qui auraient été commises par ce dernier, contre des membres présumés de gangs et des individus impliqués dans des crimes de droit commun. Au total, Ernest Muscadin aurait tué depuis le début de l’année 2022 plus de 26 personnes. Bien qu’il ait reconnu dans les médias son implication dans ces exécutions, et que le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) ait publiquement reproché son comportement, aucune action n’a été posée par les autorités dans cette affaire au moment de la publication de ce rapport, possiblement en raison du soutien populaire dont il jouit. Selon plusieurs témoignages, le commissaire du gouvernement de la juridiction d’Aquin semblerait avoir récemment recouru à la même pratique, en exécutant deux individus accusés d’avoir commis des vols », peut-on lire dans le rapport du SDH du BINUH.

Le SDH du Binuh a recommandé à la communauté internationale de maintenir Haïti sur l’agenda international et accélérer le déploiement complet de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, conformément aux normes et standards en matière de droits de l’homme, telle qu’adoptée par la résolution 2699 (2023) du Conseil de sécurité des Nations unies ; de mettre à jour la liste des personnes et entités soumises à des sanctions pour avoir soutenu, préparé, ordonné ou commis des actes contraires au droit international des droits de l’homme, conformément à la résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le rapport a également recommandé aux États de la région de renforcer et accroître les inspections des cargaisons à destination d’Haïti sur leur territoire, y compris dans les ports maritimes et les aéroports, conformément à la résolution 2653 (2022) du Conseil de sécurité des Nations unies, qui impose un embargo sur les armes. Le rapport recommande au gouvernement haïtien, avec le soutien de la communauté internationale, d’établir des pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre les crimes de masse, y compris les violences sexuelles, et les crimes de corruption. Le gouvernement doit aussi résoudre urgemment la crise humanitaire au sein des prisons haïtiennes. Le gouvernement, avec le soutien de la communauté internationale, est appelé à mettre en place un programme de réhabilitation et de réinsertion des mineurs impliqués dans les gangs, peut-on également lire dans ce rapport.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/249405/1-379-victimes-de-meurtres-et-de-blessures-et-428-enlevements-au-second-trimestre-de-2024-selon-le-binuh

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