Par Philippe Kalil
Expert-comptable
La tentation est grande, compte tenu de la durée de la crise, de la part des autorités, de réorienter, plus encore, les aides ou faveurs, attribuées aux entreprises, en fonction, de leur capacité de faire du cash, et surtout de se servir de ce critère pour fixer le montant et la durée de remboursement de leurs dettes (PGE, moratoires, reports d’échéances, cotisations sociales, impôts).
La DGFIP, la CGSS, les banques ont la capacité de classer les entreprises entre celles qu’il faudra laisser tomber (les zombies) et celles qu’il faut aider. Est-ce qu’en 2021, seules celles qui sont viables (avec capacité de remboursement) bénéficieront des largesses de ces institutions et les plus fragiles seraient sacrifiées.
Pour l’attribution des PGE (prête garantis par l’Etat)c’est ce critère qui a déjà prévalu. D’ailleurs le stop and go va rendre inapproprié cet outil en raison de l’épuisement de la capacité d’autofinancement des entreprises même en bonne santé financière. Seule l’indemnisation de la perte d’exploitation pourrait correspondre à la situation nouvelle.
Il existe une pause sur l’afflux des défaillances d’entreprises. Est-ce qu’elle va durer ? En effet, la CGSS assigne moins les entreprises au tribunal depuis le début de la pandémie. Or, ces assignations représentaient environ un quart des défaillances chaque année.
Les services fiscaux accordent plus facilement des moratoires et des dégrèvements, mais pour combien de temps encore ? Les contrôles fiscaux se poursuivent et pourront porter même sur une partie de l’année 2017.
La disparition des zombies menace des centaines d’emplois en Guadeloupe et risque de provoquer des défauts de paiements. Ceux des clients des entreprises classées viables, pourraient bien se multiplier, créant ainsi un effet domino.
Cependant, le risque, provoqué par la pandémie, de confondre des entreprises fragiles avec des zombies est grand. Se baser surtout sur la qualité des produits, l’existence d’une demande effective, le nombre d’emplois, le coût social sont aussi à prendre en considération pour les distinguer. Il y a de l’humain derrière tout cela.
Le changement de stratégie de ces décideurs, en cours de crise, serait fatal à l’économie guadeloupéenne et la plongerait dans un marasme sans précèdent.