Le Conseil présidentiel de transition (CPT) a tenu, dimanche 7 juillet, à la Villa d’accueil à Musseau, une cérémonie d’hommage en mémoire de l’ex-président Jovenel Moïse, assassiné, il y a trois ans, en sa résidence privée à pèlerin 5, en banlieue de la commune de Pétion-Ville.
La commémoration du troisième anniversaire de l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse s’est faite a minima, en l’absence des membres de la famille du défunt président, sans le corps diplomatique et de quatre des neufs membres du CPT. Dans un coin de la salle, trône un portrait de l’ancien président et quelques bouquets de fleurs sont les seules décorations pour l’occasion. Pour cette troisième année, une messe de requiem célébrée par le père Frantznel Limite constitue la première partie du programme.
L’assassinat du 58e président de la république dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, rappelle le « souvenir d’un évènement sinistre », tel un tonnerre dont l’écho ne pouvait ne pas retentir, a jugé l’homme de Dieu.
« La mort n’est pas un déni de la sacralité de l’être humain. Par contre, quand elle survient dont ne sait d’où, des manœuvres secrètes qui aboutissent à la mort déshonorante d’une créature humaine, la morale ne peut qu’être révoltée, la charité évangélique indignée et le patriotisme trahi, et la parole de Dieu, dans une telle circonstance ne peut pas se taire », a avancé le père célébrant, Frantznel Limite.
« Le ʺrégicideʺ du président Jovenel [Moïse] comme de ceux d’avant lui, est un opprobre pour notre nation », a-t-il affirmé dans son homélie, qui est un appel à la paix et à la justice.
Pour sa part, le président du CPT Edgard Leblanc Fils a placé cette cérémonie d’hommage sous le signe du recueillement et de la réflexion « sur les conséquences de cet acte barbare », invitant les autorités étatiques à prendre la mesure de « ce drame odieux » et la nation haïtienne a honoré la mémoire du président assassiné. Selon Edgard Leblanc Fils, l’assassinat de Jovenel Moïse a amplifié la crise politique, s’ensuit également une recrudescence de la violence et de la banalisation de la vie.
L’assassinat de l’ex-président Moïse est « une de ces tragédies que le pays ne devrait plus revivre », a souligné M. Leblanc. « Les hommes et les femmes politiques toutes tendances confondues, la nation entière doivent apprendre à s’accepter, s’unir, vivre ensemble par-delà leurs différences, pour que plus jamais, le pays ne soit exposé à pareille ignominie », a déclaré Edgard Leblanc Fils, à la cérémonie d’hommage ce dimanche 7 juillet.
Le président Leblanc a tancé que les assassins doivent être identifiés, traduits en justice et sévèrement punis. Il a invité le CPT et l’administration du Premier ministre à tout mettre en œuvre pour que justice soit rendue à l’ex-président et s’est dit engagé « à faire avancer le dossier du procès de son assassinat afin que triomphe la justice ; pour que la nation haïtienne soit libérée de ce fardeau ignoble qu’elle porte sans le mériter ».
Outre le président du CPT, les conseillers-présidentiels Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Fritz Alphonse Jean et Leslie Voltaire y ont pris part. Le Premier ministre Garry Conille ainsi que d’autres autorités étatiques ont également participé à la cérémonie. À Port-au-Prince, comme les deux années précédentes, la commémoration de l’assassinat de l’ex-président Moïse n’a pas attiré grand monde. Les appels à manifestation sont restés lettres mortes.
Le président Jovenel Moïse a été assassiné chez lui dans la nuit du 6 au 7 juillet par un commando composé d’Haïtiens et de ressortissants étrangers. Sa femme, Martine Moïse a, elle été blessée lors de l’attaque. Depuis, la justice haïtienne et la justice américaine s’évertuent à faire luire la vérité sur le dossier. Côté américain, le dossier suit son cours et des sentences ont été prononcées contre des personnes impliquées dans cet assassinat, dont les condamnations à la prison à vie contre l’homme d’affaire haïtiano-chilien Rodolphe Jaar, l’ancien sénateur haïtien John Joseph Joël et l’Américain d’origine haïtienne Joseph Vincent. Du côté haïtien le dossier patine malgré des arrestations clés dont celles de Joseph Félix Badio, considéré comme l’un des cerveaux de l’opération.
De 2021 à date, cinq juges instructeurs ont été désignés pour mener l’instruction du dossier. La dernière nouvelle concernant le dossier remonte à la « vraie fausse » ordonnance non signée ni scellée qui a circulé sur les réseaux sociaux en janvier 2024 dont on a fait croire qu’il pourrait s’agir d’un draft non-officiel du juge instructeur Walter Wesser Voltaire, depuis aucune clarification n’a été apportée.
Source : Le Nouvelliste