Politique. La gueule de bois

Un grand silence sur la Guadeloupe. Comme un grand coup sur la tête. On a entendu des élus parler de sidération. Olivier Nicolas a parlé à la radio, d’une voix brisée par l’émotion ou les meetings de la campagne, on ne sait pas trop. Victorin Lurel s’est fendu d’un communiqué édifiant dans lequel il a réaffirmé — ce que personne ne met en doute — son sens de la République et son peu d’affection pour les chemises noires. D’autres sont restés muets : de stupeur, sans doute.

Hier après-midi, tandis que le Guadeloupéen Rody Tolassy arborait un sourire de Joconde, fort de son siège à Bruxelles — à Strasbourg aussi —  sitôt connu le score d’anthologie de la liste conduite par Jordan Bardella pour le Rassemblement National, la Guadeloupéenne Sylvie Gustave dit Duflo, candidate sur la liste soutenue à bout de bras par le président de la République, était introuvable. Sa liste était dans les choux. Le président de la République aussi.  

Mais, à sa décharge, si Rody Tolassy n’avait besoin de personne pour faire campagne, il a surfé sur une dynamique nationale, en Guadeloupe le soutien dont elle a bénéficié s’est fait plutôt discret. A part une vidéo improbable passée sur les réseaux sociaux… avec un soutien qui ne le disait pas vraiment tout en le laissant entendre. Des fois…

Ça sentait l’amateurisme. Et c’est dans la même ligne que le président de la République, pas satisfait d’un scrutin européen, a puni les Français en leur infligeant un scrutin national, législatif. Na !

Vous voulez du Bardella, vous en aurez ! Les Français sont invités à renouveler l’Assemblée nationale dissoute sur un coup de tête ou un coup de dé par Emmanuel Macron, une heure après l’annonce de sa déroute aux Européennes. Sa déroute puisqu’il s’est particulièrement engagé dans cette campagne qui ne le concernait pas directement.

Ah, quand on plane au-dessus de la logique, comme on peut se faire des illusions !

Là, dans trois semaines, après une campagne sur les chapeaux de roues, pour Emmanuel Macron, se sera quitte ou double. Ou plutôt, à moins d’une sorte de miracle qu’un rationaliste comme lui ne doit pas croire possible à moins d’un dérangement du cerveau, ce sera… l’enfer.

Imaginons une gauche unie, avec un porte-drapeau qui irait au combat avec pugnacité. Porte-drapeau ? Mélenchon, agité du bocal ? Panot, tricoteuse effrenée ? Faure, bien brave ? Ils se bouffent le nez tout en parlant de faire l’union en allant chercher les électeurs dans les foyers de jeunes de banlieues. Bon courage ! Les cages d’escaliers ne sont pas sûres.

De plus, cette gauche qui n’a cessé de faire de la retape pour Jordan Bardella, Marine le Pen et le Rassemblement national en criant au loup faute de présenter un projet de société dont elle ne possède pas les premières lignes, a peu de chance de faire le plein d’électeurs.

A moins… A moins que les débris de la droite et de la macronie ne nous la jouent comme Chirac face à Le Pen père en 2002 : s’allier avec la gauche et faire front uni contre l’extrême-droite. Mais, les Français vont-ils accepter qu’on les prenne une nouvelle fois pour des glands ?

En Guadeloupe, et sans doute ailleurs, les sortants — Olivier Serva, Christian Baptiste — vont se représenter. Rody Tolassy ira tenter sa chance… contre un autre sortant, Max Mathiasin.

Olivier Nicolas, un jeune loup du PS, qui a bien travaillé le terrain pour les européennes, faisant le plein de voix socialistes dans son fief, le sud Basse-Terre, a annoncé qu’il n’ira pas. Elie Califer sera le champion de la gauche dans cette circonscription.

André-Jean VIDAL

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