Visite semi-officielle d’une personnalité éminente aux Archives départementales, mercredi 29 mai. Calixte Biah, historien et conservateur du musée d’Histoire de Ouidah, au Bénin, était reçu par Michel Mado, président de la commission Culture et Patrimoine du Département, Brigitte Rodes, seillère départementale, membre de la commission Culture, Antoine Jullien, conservateur en chef du patrimoine, directeur des archives, et Ingrid Dumirier, chef du service de l’action culturelle, des archives iconographiques et privées des Archives départementales de la Guadeloupe.
Calixte Biah est un historien réputé, qui a atteint à la célébrité en allant chercher et en ramenant au musée de Ouidah des objets jusqu’alors entreposés en France. Volés, semble-t-il, à la fin du XIXe siècle au Bénin et restitués par l’Etat français à la demande du président de la République, Emmanuel Macron (seul le chef de l’Etat peut passer outre le caractère inaliénable du patrimoine national).
De passage en Guadeloupe, Calixte Biah a été reçu simplement pour une visite des Archives départementales, à Bisdary/Gourbeyre.
Là, Michel Mado et Antoine Jullien lui ont fait visiter les lieux. Passage obligé, dans le hall qui abrite une série de panneaux didactiques sur l’esclavage, la première abolition en 1794 jusqu’en 1802 et le rétablissement de l’esclavage puis la seconde abolition, en 1848, enfin la liberté.
Certains détails de la vie des esclaves sont abordés sur ces panneaux, le grand déplacement depuis l’Afrique, le travail forcé, le marronnage — qui passionne Michel Mado, rebelle lui-même —, les prises de conscience au fil du XVIIIe siècle qu’il fallait en finir avec cette abomination, les hésitations, les différentes périodes et les révoltes, puis la peur d’une grande révolte comme à Saint-Domingue ou en Martinique, qui a incité les autorités, en 1848 à devancer la proclamation officielle en juin… pour afficher partout dès le 27 mai que l’esclavage était aboli.
Calixte Biah a demandé si les documents sur la période qui sont aux Archives nationales à Paris ne pouvaient pas être ramenés en Guadeloupe… Antoine Jullien lui a appris que les documents qui sont à Paris ont leurs copies numérisées en Guadeloupe ou sur le site internet des Archives nationales, donc consultables à tout moment par tout chercheur habilité.
Dans la salle de lecture, Antoine Jullien et son équipe avaient préparé une collection de documents authentiques et de copies de documents trop fragiles pour être présentés concernant la période esclavagiste. Listes d’esclaves sur certaines habitations, par exemple, ces listes servant à régler l’impôt sur chaque tête d’esclave puisque ceux-ci étaient propriétés de maîtres qui les exploitaient et en tiraient des richesses. Chaque esclave, homme, femme, enfant, vieillard, infirme avait une valeur précise qui était taxée… Emouvant, le nombre d’enfants en bas-âge inscrits sur ces listes…
Calixte Biah a pu constater que les documents sont nombreux sur la période. Antoine Jullien a regretté qu’il n’y en ait pas plus, ceux-ci étant de plus en plus difficiles à se procurer, sauf en cas de vente aux enchères publiques ou de dons.