Les mouvements migratoires en Haïti continuent de présenter des défis majeurs, notamment avec les retours forcés des Haïtiens vers leur pays d’origine. Ces retours, souvent issus de tentatives de migration irrégulière, soulèvent des préoccupations quant à la sécurité et à la réintégration des personnes concernées dans leur communauté d’origine, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans une étude publiée le 12 mai 2024.
En 2023, plus de 216 000 Haïtiens ont été renvoyés de force vers Haïti par différents pays, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces retours, bien qu’ils puissent être perçus comme un obstacle, ne dissuadent pas certains individus de réessayer, parfois à plusieurs reprises, de quitter le pays à la recherche d’une vie meilleure.
Selon les données partagées par l’OIM, la République dominicaine est le pays qui a retourné le plus d’Haïtiens en 2023 avec 208 169 compatriotes retournés soit 96% du nombre total. Turks et Caïques occupent la deuxième place avec 3 338 (2%). En troisième position on trouve les Bahamas, 2 021 retournés (1%). Les États-Unis occupent la quatrième place avec 1 862 Haïtiens ( 1%). Cuba est en cinquième position avec 751 (1%). Les deux derniers de la liste sont la Turquie 463 et la Jamaïque 73 Haïtiens retournés.
L’étude de l’OIM offre un aperçu détaillé des profils des Haïtiens retournés de force en 2023. Il révèle que la majorité de ces personnes étaient des travailleurs indépendants avant de quitter Haïti.
« La moitié des retournés (49%) étaient des travailleurs indépendants avant de quitter Haïti et seulement 10% avaient un emploi. Ce dernier pourcentage s’est élevé à 15% lorsque les retournés se trouvaient hors d’Haïti », selon l’étude.
L’agriculture, la construction et le commerce étaient les trois principaux secteurs d’emploi, tant en Haïti qu’après avoir quitté le pays. Le pourcentage de personnes travaillant dans la construction est passé de 22% en Haïti à 29% en dehors d’Haïti, selon l’OIM.
Selon les données de l’OIM, la grande majorité des Haïtiens retournés de force (90%) l’ont été seuls, sans membres de leur famille à leurs côtés. Cependant, pour ceux revenant de la République dominicaine, le pourcentage de ceux renvoyés avec leur famille était légèrement plus élevé, avec 11% accompagnés de proches.
« La plupart des personnes (90%) ont été retournées seules, contre 10% avec des membres de leur famille. Ce dernier pourcentage était plus élevé pour les retournés depuis la République Dominicaine : 11% ont été retournés avec des membres de leur famille (contre 5% pour les retournés depuis d’autres pays). Parmi ceux qui sont retournés avec leur famille, les enfants représentaient 38% de tous les membres de la famille et 42 % étaient des femmes ».
Les chiffres révèlent également que les Haïtiens qui ont quitté leur pays d’origine pour entreprendre des voyages vers des destinations incertaines étaient souvent seuls. « Les trois quarts des retournés ont voyagé seuls lorsqu’ils ont quitté Haïti (78%). Ceux qui voyageaient en groupe étaient majoritairement accompagnés par des membres de leur famille : 23% étaient accompagnés de frères et sœurs ou de cousins, 17% par leur conjoint ou partenaire, 14% par leurs enfants, 7% par toute leur famille et 4% par leur père ou leur mère. Un pourcentage considérable de retournés (42%) voyageaient avec des personnes n’appartenant pas à leur famille », note l’OIM.
Presque tous les Haïtiens retournés (97%) étaient nés en Haïti, soulignant l’impact direct de la migration sur la population locale.«Presque tous les retournés étaient nés en Haïti (97%) et 3% en République Dominicaine. La majorité d’entre eux (57%) disposaient d’une pièce d’identité. La nouvelle carte électorale était le document que la plupart d’entre eux possédaient », rapporte l’organisation internationale.
Le temps passé hors d’Haïti avant d’être retourné de force varie considérablement selon les pays de destination. Plus de la moitié des retournés de la République dominicaine (57%) ont passé plus de six mois à l’étranger, comparé à seulement 24% pour les retournés des autres pays.
« La moitié des retournés (51%) ont passé plus de 6 mois hors d’Haïti avant d’être retournés. Toutefois, ce pourcentage est plus élevé pour les retournés de la République dominicaine (57%) que pour les autres pays (24%). En effet, la majorité des retournés d’autres pays ont passé moins de 2 semaines hors d’Haïti avant d’être renvoyés ».
La recherche d’opportunités d’emploi était la principale raison pour laquelle les retournés avaient quitté Haïti (84%). Les retournés de la République Dominicaine ont quitté Haïti en grande majorité par voie terrestre, en passant par les zones frontalières des deux pays, notamment Belladère (25%), Cornillon Grand Bois (18%), Anse-à-pitres (16%), Savanette (11% ), Ouanaminthe (9%) et Fonds-Verrettes (8%), voir figures 35 et 37.
Ceux en provenance d’autres pays ont quitté Haïti en majorité par voie maritime (75%), notamment par le port du Cap-Haïtien (33%), Borgne (14%) et La Tortue (10%). Les aéroports de Port-au-Prince (6%) et de Cap-Haïtien (10%) ont également été des points de sortie importants. « Entre août et octobre 2023, plus de 31 000 Haïtiens ont quitté le pays par vols charters vers le Nicaragua », a rappelé l’OIM.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/248166/migration-2023-lannee-des-retours-forces