L’Association des sages-femmes libérales de Guadeloupe convie le public et un riche panel d’invités à échanger autour de la Périnatalité en période d’esclavage.
Le mois de Mai et ses nombreuses commémorations mémorielles est aussi celui où les sages-femmes célèbrent leur Journée internationale, le 5 mai. En amont, l’Association des sages-femmes libérales de Guadeloupe ouvre le débat sur la Périnatalité en période d’esclavage, samedi 4 mai, au MACTe (Pointe-à-Pitre).
Un événement marrainé par George Tarer, 103 ans, ancienne élue, féministe de la première heure, première sage-femme diplômée de Guadeloupe, avec le soutien du MACTe, du Conseil départemental de l’ordre des sages-femmes, de l’association Les Amis du MACTe, du festival Monde en vues. L’occasion d’évoquer la transmission, « quand la maternité était pour la femme esclave d’une rare violence », mais aussi les évolutions liées à la profession de sage-femme…
Avec Hélène Migerel, Gisèle Pineau, Jean-Claude Blanche…
« Le métier de sage-femme est en continuelle mutation, explique Nadia Keita, présidente de l’Association des sages-femmes libérales de Guadeloupe. Quand on accompagne un patient, il est très important d’avoir plusieurs niveaux de lecture : physique, émotionnelle, son entourage du patient, son histoire… à prendre en compte. C’est de là qu’est né le besoin de mener cette manifestation. Nous avons souhaité aborder la période de l’esclavage sous un aspect qui est peu évoqué : la sphère intime de la périnatalité, en faisant dialoguer la médecine, l’histoire, l’art… ».
Pour ce débat qui promet d’être enrichissant, l’Association des sages-femmes libérales de Guadeloupe a convié des personnalités d’horizons divers :
- Hélène Migerel, docteure en Sciences humaines, psychanalyste, fondatrice de la Soulagerie… abordera les rites de naissance pendant l’esclavage et les traces que l’on retrouve aujourd’hui dans notre société.
- Jean-Claude Blanche, historien, chercheur, apportera son éclairage sur la mortalité néo-natale et ses causes pendant l’esclavage, de 1858 à 1930.
- Gisèle Pineau, romancière, dont le dernier ouvrage, La vie privée d’oubli met en exergue le poids de l’héritage sur plusieurs générations de femmes et l’incidence des traumatismes liés à l’esclavage sur les générations actuelles.
Cinéma, peinture, musique
Directrice de Monde en vues, festival international du Film des Droits humains de Guadeloupe, Elizabeth Gustave présentera le court-métrage multi-primé à l’international, Ici s’achève le monde connu, de la réalisatrice guadeloupéenne Anne-Sophie Nanki. L’histoire d’une rencontre, au milieu du XVIIe siècle entre une indigène Kalinago enceinte d’un colon français et un captif africain en fuite qui l’aide à accoucher dans la forêt.
D’autres formes d’art agrémenteront ce rendez-vous inédit. Noam MBA Ella, artiste plasticienne, réalisera un happening pendant la manifestation. Entre chant et musique, Leedyah Barlagne proposera un voyage à travers les rythmes et régions du monde, de l’Afrique à l’Amérique en passant par la Caraïbe et l’Europe. Une prestation nourrie par l’une des œuvres de Simone Schwarz-Bart évoquant le parcours d’une mère et esclave, Pluie et vent sur Télumée Miracle.
Des regards croisés qui permettront d’aborder autrement la question de la transmission, voire de donner des clés aux professionnels de santé pour un meilleur accompagnement de la patientèle.
Cécilia Larney
Pointe-à-Pitre, MACTe. Samedi 4 mai, à 17 heures.