Le trimestre janvier-mars 2024 est la période la plus violente depuis que le BINUH a mis en place son mécanisme de surveillance des droits de la personne au début de l’année 2021.
Le trimestre janvier-mars 2024 est la période la plus violente depuis que le BINUH a mis en place son mécanisme de surveillance des droits de la personne au début de l’année 2021. C’est ce qu’a révélé un rapport de la représentation onusienne publié le vendredi 19 avril. Entre janvier et mars 2024, au moins 2 505 personnes ont été tuées ou blessées à la suite de violences liées aux gangs.
« Les hommes représentent 79% des victimes, les femmes 18% et les enfants 3%. Cela représente une augmentation de plus de 53 % par rapport à la période précédente (octobre-décembre 2023) », peut-on lire dans le document produit par le Service des droits de l’homme (SDH) du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH).
« Dès la fin du mois de février, des gangs ont mené des attaques coordonnées d’envergure contre des institutions publiques et des infrastructures stratégiques de la capitale. Plus de 4 600 détenus se sont évadés des deux principales prisons de la capitale, au moins 22 commissariats et sous-commissariats et autres bâtiments de police ont été saccagés ou incendiés et 19 officiers de police ont été tués ou blessés. Pendant cette période, le département de l’Artibonite a continué d’être fortement touché par la violence. Dans cette zone, les gangs se sont attaqués sans relâche aux populations locales, soit en attaquant leurs habitations, soit en exécutant les personnes qui contestaient leur autorité », rapporte le BINUH.
Plus loin, le document indique qu’au moins 438 personnes ont été enlevées contre rançon au cours de la même période. Ces kidnappings sont enregistrés dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Les enlèvements ont donc subi une baisse de 37% par rapport au quatrième trimestre de l’année 2023, fait-on remarquer.
« La plupart des enlèvements (60%) ont eu lieu dans le département de l’Artibonite et ont ciblé les personnes voyageant dans des véhicules de transport public, sur les routes principales. Dans cette région, les gangs ont continué à faire preuve d’une extrême violence dans leur mode opératoire, n’hésitant pas à tuer toute personne qui tentait de résister. Dans le département de l’Ouest, les enlèvements ont diminué dans la commune de Port-au-Prince et dans certaines parties de la commune de Croix-des-Bouquets, mais ont augmenté dans d’autres parties de la ville, notamment dans les communes de Tabarre et de Pétion-Ville », lit-on dans le rapport.
Le rapport a mis l’accent sur les violences sexuelles perpétrées par les groupes criminels qui attaquent des quartiers rivaux . « Dans le centre de Port-au-Prince, des gangs ont pénétré dans des sites pour personnes déplacées et ont violé des personnes qui s’y étaient réfugiées. Par exemple, le 29 mars, des membres du gang Village-de-Dieu sont entrés dans le gymnasium Vincent, un site improvisé pour les personnes déplacées, ont enlevé deux filles, âgées de 3 et 12 ans, et les ont violées collectivement dans une zone voisine, avant de les abandonner », révèle le rapport, qui souligne que des mineurs sont également recrutés et utilisés par les gangs pour commettre des activités criminelles.
Face à l’expansion des activités des gangs et l’incapacité des institutions de l’État à les contenir, soutient le rapport, la justice populaire et les groupes « d’autodéfense » ont poursuivi leurs abus. Cette justice populaire a fait au moins 141 morts dans le pays. « Entre janvier et mars, au moins 62 personnes adultes, prétendument affiliées à des gangs ou soupçonnées d’avoir commis des délits de droit commun, ont été tuées par la population à coups de machette et de pierres. Leurs corps ont souvent été immolés par le feu. Plus de la moitié de ces cas se sont produits dans des zones situées en dehors de la capitale, ce qui indique une crainte croissante des populations de ces zones face à l’escalade de la violence qui touche Port-au-Prince. Quant aux groupes organisés d’autodéfense, établis dans des zones à forte présence de gangs, ils ont été responsables des meurtres d’au moins 79 personnes, dont au moins deux enfants âgés de 12 et 16 ans », détaille le document.
Source : Le Nouvelliste