Guadeloupe. Délinquance : les autorités appellent à une prise de conscience collective

Pour faire face à l’augmentation des faits de violence sur le territoire, les forces de l’ordre disposeront de moyens supplémentaires. Des actions de prévention avec les collectivités territoriales, élus, acteurs de terrain… sont aussi envisagées.

Autour de Xavier Lefort, préfet de Région Guadeloupe, Eric Maurel, procureur général, Caroline Calbo, procureure de Pointe-à-Pitre, Xavier Sicot, procureur de Basse-Terre, Jean-Pierre Rabasté, commandant en second de la gendarmerie, et Christophe Gavat, directeur territorial de la Police nationale, les chiffres de la délinquance et de la sécurité routière pour l’année 2023 ont été présentés en préfecture.

Malgré un taux d’élucidation de 60 %, les atteintes volontaires à l’intégrité physique continuent de progresser (+7.40 %) : 7 801 faits enregistrés en 2023, contre 7 265, en 2022. Cette progression est de +26 %, comparée à 2019, année de référence (avant Covid).

Les violences sexuelles en constante augmentation

  • Les atteintes aux biens progressent de +3.9 %. 9 987 faits sont enregistrés contre 9 611, en 2022.
  • Les vols à main armée sur le territoire sont en nette augmentation (+29.2 %, de 2022 à 2023).
  • Depuis 2020, les violences sexuelles sont en constante augmentation : 521 faits ont été enregistrés en 2023, contre 514 en 2022. Les viols sur mineurs sont aussi en augmentation (+11.3 % entre 2022 et 2023).
  • Toujours florissant, le trafic de stupéfiants a enregistré, en 2023, en Guadeloupe, un taux remarquable (99 %) d’affaires élucidées. Pour autant, le territoire reste fortement impacté par une activité en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Hexagone, entre autres, qui ne connaît pas la crise.
  • Au bilan de la sécurité routière, en 2023, si la baisse significative du nombre de tués sur les routes de Guadeloupe est à souligner (-22 %), le nombre d’accidents poursuit sa course folle : +23 % par rapport à 2022, + 54 % de 2019 à 2023. Une accidentologie à laquelle pétions et cyclistes payent un lourd tribut.

Des moyens pour la Police et la gendarmerie

Le bilan en demi-teinte de l’année 2023 en matière de délinquance appelle des réponses pénales – mais pas seulement – de la part des autorités. Dans les prochains mois, des moyens supplémentaires seront alloués à la gendarmerie nationale autant qu’à la Police nationale. Ainsi, trois nouvelles brigades mobiles de gendarmerie seront déployées en Guadeloupe entre 2024 et 2025 :

  • une brigade nautique à Gourbeyre pour la fin de l’année
  • une brigade territoriale sera créée à Goyave
  • une brigade mobile sera déployée à Capesterre de Marie-Galante.

Par ailleurs, le nouvel hôtel de Police de Basse-Terre est en cours de construction, la création d’une brigade nautique est aussi programmée, ainsi que le renouvellement du parc automobile et motos, la dotation de caméras piétons.

Des moyens qui ne suffiront – malheureusement – pas à ramener durablement la sérénité sur l’ensemble du territoire. « La sécurité, c’est l’affaire de tous : il faut une action globale », insiste Eric Maurel, procureur général.

« Malgré les résultats enregistrés par les forces de Police et de gendarmerie, on ne peut se satisfaire de cette situation, commente le préfet de Région Xavier Lefort. Nous poursuivrons les contrôles, nous renforcerons notre présence sur les plages, la façade maritime, aux abords des événements festifs, sur les routes… Mais, une prise de conscience au sein de la cellule familiale est nécessaire, de même que des actions de prévention avec les collectivités territoriales, les élus, la Police municipale… ».

À ce titre, la réactivation des Comités locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), en sommeil dans certaines communes, est à l’ordre du jour.

Cécilia Larney

Les femmes, premières victimes

Les violences intrafamiliales qui figurent parmi les priorités des autorités sont en recul (1 721 faits enregistrés contre 1 750 en 2022). Il convient malgré tout de noter que 75 % des victimes de violences intrafamiliales sont des femmes, 84 % des victimes de violences conjugales sont des femmes, 90 % des victimes de viols et de violences sexuelles intrafamiliales sont des femmes.

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