Haïti. En juillet 2024, Ariel Henry aura 36 mois au pouvoir : « C’en est assez ! », s’exclame l’ex-président Privert

L’ancien président Jocelerme Privert invite une nouvelle fois le Premier ministre Ariel Henry à mettre en marche la machine électorale afin d’organiser les élections en Haïti. Il estime que cette transition a duré trop longtemps, soulignant qu’aucune transition antérieure dans le pays n’a dépassé deux ans.

En prenant ses fonctions le 20 juillet 2021, le Premier ministre Ariel Henry avait promis de rétablir l’ordre pour organiser les élections. Plus de deux ans après, les scrutins n’ont pas eu lieu, et la situation sécuritaire du pays reste inchangée. « La seule façon de sortir de ce cadre est d’organiser les élections », a laissé entendre l’ancien président provisoire Jocelerme Privert, qui participait à l’émission « Panel Magik » le vendredi 5 janvier.

« La seule manière durable de sortir de cette crise est de restaurer les institutions démocratiques. Cette restauration passe par l’organisation des élections », a -t-il avancé, soulignant que tous les autres présidents provisoires ayant précédé le chef du gouvernement Ariel Henry ont organisé des élections en deux ans. De la juge Ertha Pascale Trouillot à son règne en février 2016.

L’ancien chef d’État invite l’actuel chef du gouvernement à prendre les mesures adéquates pour organiser les élections. « Normalement, entre la formation du Conseil électoral et la date probable des élections s’écouleront 12 à 18 mois », estime Jocelerme Privert.

« Tant que le Conseil électoral provisoire n’est pas formé, nous ne pouvons pas prétendre prendre la voie électorale. Tant qu’il n’y a pas de Conseil électoral, personne ne peut dire quand on verra le bout du tunnel. C’est pour cette raison que j’insiste sur la formation de cette structure, le premier élément marquant le cheminement vers la fin de cette transition. Toutes les transitions dans le pays n’ont jamais excédé deux ans. Comme je l’ai dit avant-hier, en juillet prochain, le gouvernement actuel aura 36 mois au pouvoir. Je pense que c’en est assez pour une transition! Il faudrait que les mécanismes nous menant à la fin de cette transition soient posés », a-t-il réclamé, avouant avoir parlé au chef du gouvernement pour lui demander d’organiser au plus vite les joutes électorales.

Certes, M. Privert se positionne en faveur de l’organisation des élections, mais il pense que celles-ci devraient avoir lieu après la réforme de la Constitution. « Peu importe l’opinion des uns et des autres, ce serait l’erreur la plus grave que l’on commettrait aujourd’hui que de tenir des élections sans revoir, au moins, les articles traitant du mandat des différents élus. »

« On n’a organisé qu’une seule élection en 13 ans alors qu’on aurait dû en avoir huit. Si on ne résout pas la question des mandats des élus, nous aurons toujours des parlements dysfonctionnels. Il arrivera toujours un moment où toutes les institutions seront sans légitimité. Cette réforme constitutionnelle est indispensable », a déclaré l’ex-président.

M. Privert a précisé avoir rencontré le chef de la Primature pour la première fois le 19 juillet 2021, trois jours avant la formation de son gouvernement, s’étant dit qu’il n’y avait pas d’autres moyens de combler le vide constitutionnel, car, a-t-il dit, le président Jovenel Moïse a sapé toutes les institutions républicaines.

« Sous l’empire de cette Constitution, il n’y a aucune façon d’avoir un président, un exécutif bicéphale. Si je le dis, pour certains, je ne fais que confirmer la position de M. Henry. Mais je dois avoir le courage de dire ce que dit la Constitution. Personne ne pourra m’en empêcher », s’est-il défendu.

« L’article 149 de la Constitution parle de vacances au niveau de la présidence. Il y a deux façons de combler une vacance présidentielle : le Conseil des ministres, sous la présidence du Premier ministre, exerce le pouvoir exécutif. La deuxième façon de gérer une vacance présidentielle, c’est l’Assemblée nationale qui élit un président provisoire », a tranché M. Privert.

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