Chlordécone : les parties civiles redoutent un non-lieu

En Martinique, les parties civiles ont été entendues, ce mercredi 20 janvier, dans l’affaire de l’empoisonnement à la chlordécone. Quinze ans après la plainte déposée en 2006, l’Assaupamar, l’AMSES et Pour une écologie urbaine ont répondu aux différentes questions des juges lors de l’audition qui aura duré cinq heures.

Une ombre au tableau, lors de l’audition des parties civiles dans le dossier Chlordécone en Martinique. Des preuves ont disparu du dossier, notamment des bordereaux de dédouanement prouvant l’acheminement, en 2005, du pesticide en Martinique. Les juges évoquent par ailleurs la prescription de l’action en justice. Ainsi, les parties civiles engagées redoutent-elles le non-lieu.

Non-lieu ou mise en examen ?

Pascal Tourbillon, représentant l’Assaupamar, s’indigne de la lenteur administrative dans le traitement de cette affaire dénonçant la prescription. « Cela fait 14 ans qu’on a déposé plainte, et on nous dit maintenant qu’il y a prescription, mais cette lenteur n’est pas de notre fait », explique-t-il.

Louis Boutrin, avocat de l’association Pour une écologie urbaine, dénonce également la prescription et réclame que l’instruction soit close au plus vite afin de procéder aux mises en examen. « La justice a aujourd’hui suffisamment d’éléments pour le faire », affirme-t-il. Les associations guadeloupéennes seront entendues par les magistrats jeudi 21 janvier. Une affaire à suivre… 

Rodolf Etienne 

La chlordécone a été utilisée aux Antilles françaises jusqu’en 1993 pour lutter contre le charançon du bananier.

Associations de Guadeloupe et de Martinique mobilisées

Plusieurs associations écologiques de Martinique et de Guadeloupe ont porté plainte contre X en février 2006 pour « mise en danger d’autrui et administration de substances nuisibles ayant porté atteinte à l’intégrité physique d’autrui ». Ces associations veulent que les responsabilités dans la pollution des Antilles françaises par la chlordécone soient déterminées. 

Des conséquences désastreuses

Interdite en France depuis 1990, la chlordécone a pourtant été utilisée dans les Antilles françaises jusqu’en 1993 pour lutter contre le charançon du bananier, grâce à une dérogation. Les conséquences ont été désastreuses. Selon les résultats d’une étude de l’agence Santé publique France, rendus publics en janvier 2018, « plus de 90 % de la population adulte » en Guadeloupe et en Martinique est contaminée par ce pesticide.

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