Des vestiges d’une habitation du 18e siècle retrouvés à Saint-François 

Lors de recherches archéologiques préventives menées par l’institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), à la demande de la direction régionale des affaires culturelles (DAC), des vestiges d’une habitation coloniale datant du 18e siècle ont été retrouvés à Saint-François.

Les vestiges retrouvés par les archéologues sont datés du 18e siècle mais peuvent être datés jusqu’au 20e siècle. La direction des affaires culturelles de Guadeloupe a donc demandé des fouilles archéologiques sur la surface de 926 m2 qui pourra permettre de comprendre le fonctionnement du lieu et apporter des réponses sur le fonctionnement des habitations de la Grande-Terre. 

Selon les premiers apports historiques, les vestiges sont ceux de l’habitation coloniale de La Viele, qui a été opérationnelle entre la fin du 17e siècle et le début du 18e siècle sous la direction de la famille Desbonnes. Des cartes qui ont été faites entre 1763 et 1768, appelées carte des ingénieurs du Roi, détaille certaines infrastructures de l’habitation dont 13 cases où habitaient les personnes réduites en esclavage sur l’habitation. Ce sont ces cartes du roi qui ont permis à l’Institut national de recherches archéologiques préventives d’être notifié lorsque l’actuel propriétaire de la terre Kilyan Matou, a effectué les démarches pour déclarer son projet de construction d’une maison individuelle.

« C’est un dispositif assez unique en Europe et dans le monde, on vient intervenir avant tous les projets d’aménagement. Cela est régit par une loi qui stipule que l’état peut demander une fouille archéologique avant le lancement du projet si le site le nécessite », explique Alexandre Coulaud, archéologue responsable des recherches sur le chantier. Ce sont donc les cartes de l’ingénieur du Roi qui ont déclenché le dispositif qui a abouti sur le lancement des recherches archéologiques depuis le mois de septembre. Ces fouilles sont également financées par l’état, dans le cadre de la prévention, les fouilles suivantes qui risquent de « casser » les découvertes seront à la charge du propriétaire des lieux. 

Alexandre Coulaud :

A Saint-François, l’habitation coloniale a laissé de nombreux vestiges intéressants sur la parcelle de terrain d’environ 900 mètres carrés. Dans un trou, qui semble être une ancienne poubelle de l’habitation, on peut retrouver de la céramique, de la vaisselle de table, du verre et particulièrement des vaisselles de luxe, comme de la porcelaine de Chine.

Samedi, de nombreuses personnes ont fait le déplacement pour découvrir les vestiges et apprendre plus concrètement ce qui était le fonctionnement d’une habitation coloniale.

« Je suis venu aujourd’hui avec mon fils, parce que je m’intéresse à l’histoire car je suis généalogiste et j’ai un ancêtre qui a été esclave ici. Par ailleurs, la femme d’un maitre de cette habitation, est également apparentée avec moi. Je me sens impliqué dans cette histoire. », explique Dominique.

Pour cet homme il était important que son fils puissent venir sur ce site qui risque d’être détruit une fois les fouilles terminées. Pour Françiane, femme active de 79 ans, la visite de cette habitation située à quelques mètres de chez elle, où elle habite depuis 40 ans était un plaisir car « elle apprenait des choses sur la Guadeloupe ». « Durant toute ma vie, même à l’école, on ne nous apprenait rien sur la Guadeloupe. On ne parle que de la France, quand j’ai une carte de la Guadeloupe, j’ai tellement pleuré ! ». C’est donc naturellement qu’elle s’est déplacée pour découvrir l’histoire de cette habitation qui était si près d’elle. « Il faut raconter ces histoires aux jeunes pour leur dire qui était la avant nous. Pour qu’ils comprennent vraiment à quel point la vie était dure ! », a-t-elle déclaré. 

Kylian Matou :

La première phase des fouilles archéologiques sur ce site est presque terminée, la question sur toutes les lèvres était donc que deviendront ces vestiges ? Il y a sur le site, un moulin, un édifice qui pourrait être un entrepôt construit en pierre et  « la pépite du site » selon Alexandre Coulaud, des restes cassées d’un format sucre, instrument de céramique qui servait à sécher le sucre produit sur l’habitation. Le propriétaire du site, Kylian Matou avait le projet initial de construire une maison individuelle, mais marquée par l’importance historique de ce lieu, il a décidé de ne pas détruire des vestiges. Il accompagnera son projet par la construction d’un parc qui aura vocation à inviter la population à découvrir un morceau d’histoire de la Guadeloupe et une grande partie de l’histoire du fils de Dominique. 

Tafari TIROLIEN

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