Aujourd’hui une question est posée : que se passe-t-il au SMGEAG ? L’actualité démontre que tout ne va pas dans cette structure syndicale créée de toutes pièces par l’Etat, la Région et le Département pour tenter de solutionner le problème de l’eau et l’assainissement dans l’archipel Guadeloupe. La Commission de Surveillance a souhaité en parler avec la presse.
La structure, présidée par Jean-Louis Francisque, maire de Trois-rivières, conseiller régional, a pris la succession — sans inventaire — du SIAEAG et d’une série de régies de collectivités et de communes. Les salariés de ces régies ont été agrégées pour devenir le personnel du SMGEAG. Personnels fonctionnaires ou sous contrat. Un peu plus de 500 personnes. Poids sur les finances du SMGEAG : 40 millions d’euros chaque année. Pour un chiffre d’affaire de 90 millions, avec une obligation d’investissement our refaire les réseaux d’eau pourris de 50 à 80 millions chaque année… et une dette de 87 millions d’euros.
Michel Claverie-Castetnau parle chiffres :
Voici les données brutes. Pour tenter de sauver le bébé (à peine deux ans d’existence), il faut compter sur un taux de recouvrement des factures d’eau dues par les particuliers, les entreprises, les établissements publics compris entre 30 et 70%, sur des subventions d’Etat, des prêts contactés auprès de l’Agence Française de Développement (AFD) et auprès de la Caisse de Dépôts et Consignation. Ces derniers étant consentis avec remboursement sur… 50 ans. Du jamais vu !
« Une trésorerie tendue qui permettra, en fin d’année, d’avoir environ 5 millions d’euros en caisse… et une trésorerie négative en 2024. »
Celui qui fait ce constat est ancien chef d’entreprise, qui sait ce qu’un bilan comptable veut dire — sans doute mieux qu’un élu. Michel Claverie-Castetnau est membre de la Commission de Surveillance du SMGEAG, instance collégiale présidée par Jean-Claude Malo, ancien maire de Bouillante. Cette instance a donné, mercredi 27 septembre, une conférence de presse. Alain Lascary, premier vice-président, Marguerite Civis, deuxième vice-présidente, Daniel Marianne, secrétaire, Camille César-Auguste, Harry Olivier, membre, étaient présents, qui vont intervenir chacun à son tour.
Jean-Claude Malo, sur le rôle de la Commission de Surveillance :
Que s’est-il dit ? Que la Commission de Surveillance du SMGEAG, pourtant prévue par la loi qui a créé — une première en France — le SMGEAG, a été délaissée, ignorée pendant deux ans par la présidence du SMGEAG.
Fort de sa composition, dont les membres sont des usagers de l’eau, la commission a écouté des associations, des particuliers, a visité des installations, pour comprendre les problèmes qui se posent. Cette commission sait bien que l’eau et l’assainissement ont été durant les cinquante dernières années négligées par ceux qui étaient en charge des réseaux : les élus qui avaient délégué leur mission à des prestataires, grands groupes internationaux qui ont fait ce qu’ils ont voulu de l’argent public, renvoyant sur ces élus les miettes suffisantes à leur faire fermer les yeux. De récentes affaires judiciaires en attestent. Et encore, on n’a pas, par pudeur, tout déballé…
Camille César-Auguste, sur l’assainissement, souvent oublié :
Cette commission sait bien que les réseaux sont pourris, que l’assainissement des eaux usées est impossible avec des stations d’épuration qui ne fonctionnent pas.
Cette commission sait bien que les usagers sont mécontents — d’autant qu’avant presque tous ne payaient pas l’eau — de recevoir leurs factures estimées à partir des fiches du SIAEAG qui gérait des conduites crevées, des compteurs endommagés et un relèvement de ceux qui fonctionnaient tout à fait fantaisiste. A l’estime, on établit des factures d’eau… à plusieurs milliers d’euros pour des logements non occupés. Pour une eau qui est partie pour moitié dans la terre qui supporte les canalisations.
Cette commission accuse les autorités d’avoir été trop vite, d’avoir mal estimé les problèmes… Même s’ils reconnaissent que, si l’Etat n’avait pas tapé du poing sur la table, les discussions autour du syndicat unique seraient toujours en débat et les travaux de réfection des réseaux d’eau toujours à l’état d’être gérés au jour le jour. Avec des rustines.
Mais ils disent, avec raison, que l’Etat, s’il n’est pas responsable de la gestion de l’eau, aurait du, au fil des années, se poser des questions sur l’utilisation des fonds publics qui étaient affectés à la gestion des réseaux par les élus et établir la balance entre les montants des aides, les facturations des clients et les dépenses engagées… pour des Journées de l’eau où le champagne coulait plus que l’eau ou des voyages d’étude en bande organisée en Australie ou en Thaïlande.
Alain Lascary, sur les dysfonctionnements constatés :
Durant cette conférence de presse, un état des lieux a été fait, qui laisse entendre que, si les instances dirigeantes du SMGEAG ne se mettent pas sérieusement au travail… l’institution va droit dans le mur.
Pour ce faire, la Commission du Surveillance du SMGEAG demande à être entendue, d’autant qu’elle a des préconisations à faire… toutes de simple bon sens.
Ces préconisations demandent quelque courage.
Tout d’abord réduire la masse salariale. Il avait été acté au moment de la création du SMGEAG que les effectifs seraient réduits de 50 personnes — départs en retraite, rupture conventionnelle — sur trois ans. Ceci n’a jamais été fait.
Ensuite augmenter la performance de l’outil de travail, mais il faut des sous pour cela. Et avant tout il faudrait avoir fait un inventaire des installations pour savoir ce qui est en état ou pas… et il faudrait récupérer les sommes dues au SIAEAG dont le SMGEAG est le continuateur pour la vente d’eau effectuée par celui-ci aux collectivités.
Enfin, améliorer, avec un meilleur service, le règlement des factures. Mais il faut arriver à convaincre les usagers de l’eau que celle-ci arrive en quantité et qualité dans les robinets et qu’elle est vendue au meilleur prix… sans que l’usager ait l’impression qu’avec ses sous… on va continuer à faire la fête sans réparer les trous dans les réseaux.
Pour éviter cette impression, le Conseil de Surveillance souhaite que la gestion du SMGEAG soit moins opaque, plus ouverte vers le public des Guadeloupéens.
A suivre.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com
Le coup de cœur de Cédric Cornet
Cédric Cornet, maire du Gosier, président de la Communauté d’agglomération La Riviera du Levant, a diffusé sur les réseaux sociaux un courrier au vitriol dans lequel il accuse Jean-Louis Francisque, président du SMGEAG, d’incompétence. Sur RCI, les deux hommes ont échangé. Ils se sont passés la main dans le dos, l’un reconnaissant avoir été fort dans ses propos (voir plus bas), son coup de cœur ressemblant à un coup. de sang, l’autre expliquant que le SMGEAG est au travail mais que tout se fait étape par étape… et qu’il faut du temps.
Le courrier de Cédric Cornet :
Bonjour population du Gosier
Par respect pour ma population je sors de mon silence sur le sujet de l’eau où depuis quasiment une semaine certaines rues sont sans une goutte d’eau…
Je suis un membre de la Région Guadeloupe et le président du Smgeag, maire de Trois-Rivières, est mon collègue….
Beaucoup ne le savent pas mais les relations entre Gosier et Trois-Rivières sont très houleuses depuis des mois…
En effet, que ce soit en réunion de majorité ou sur notre groupe WhatsApp je dénonce son manque d implication dans la gestion, l’organisation et le manque de communication du Smgeag.
Je lui ai donné tout le temps pour redresser la situation mais force de constater que rien ne change et notre population du Gosier est en GRANDE SOUFFRANCE…
Au lieu de s’activer et de nous remettre l’eau dans nos robinets ce MONSIEUR me méprise nous MEPRISE et fait de l’ironie sur notre sort car chez lui il a de l’eau et que nous NON…
J’ai toutes les preuves de ce que j’annonce..
Il est force de constater que devant cette insulte envers les Gosiériens je lui ai fait la promesse que ça va lui faire drôle si Le Gosier descend à Trois-Rivières…
Je ne peux pas payer l’INCOMPETENCE d’un homme…
Monsieur Francisque faites votre travail et assurez vous que tous les Guadeloupéens puissent user de l’eau en quantité et en qualité dans leur robinet…
Le SMGEAG est le seul à avoir le pouvoir de distribuer des packs d’eau…
Cedric CORNET
Maire de la ville du Gosier