Discrètement, sans bruit, Sonia Taillepierre, conseillère régionale, a été débarquée de la présidence du Comité du Tourisme des Îles de Guadeloupe.
Il a suffi de ne pas la désigner comme représentante de la Région au conseil d’administration de la structure, vendredi dernier lors de la plénière où tout un tas de représentants ont été nommés dans divers organismes pour qu’elle perde automatiquement la présidence de l’institution. Poste qu’elle occupait depuis la première mandature d’Ary Chalus après la démission de celui-ci de la présidence du CTIG, en 2018. A-t-elle compris en entendant les noms des nouveaux promus qu’il n’y avait pas le sien ?
En 2019, moins d’un an après son élection, elle s’était sentie « victime de discrimination », le président de Région la laissant de côté, paraît-il, elle disait avoir été « écartée d’une conférence de presse, d’une visite de la ministre des Outre-mer au Jardin botanique ou même du voyage destiné à promouvoir la Guadeloupe à Saint-Malo. »
Elle accusait même Ary Chalus de l’avoir, dans un discours, traitée de « mouton égaré ».
Dans un courrier largement médiatisé, elle affirmait : « Je ne me suis pas battue pour mettre à la tête de la Région Guadeloupe un dictateur et un gourou. »
Bref, pas réellement des choses à dire ou à écrire de quelqu’un dont on dépend autant…
On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Elle aurait dû méditer l’adage.
Déjà, lors du début du deuxième mandat, elle n’occupait plus le siège de présidente de la Commission Tourisme à la Région. On lui avait préféré Sheila Rampath, une jeune conseillère dynamique. Elle-même secondée par une vice-présidente tout autant sémillante, Corinne Pétro, élue d’avenir.
Sonia Taillepierre était reléguée au secrétariat de la Commission Environnement, eau et cadre de vie, présidée par Sylvie Gustave-dit-Duflo (vice-présidente Sylvia Vanoukia).
Que s’est-il passé ? La rumeur insistante veut faire du syndicaliste Mario Varo (CFTC) le tombeur de Sonia Taillepierre dont il dénonçait les dépenses somptuaires dans un tract récent, assorti de fac-similés de factures de billets d’avion et d’hôtels, pour des destinations pourtant en relation avec sa mission de représentants de la Guadeloupe touristique.
Qu’elle voyage en classe supérieure, pourquoi pas, rares sont les élus qui voyagent en classe économique. Mais, tout le temps… et à tout propos. Surtout en période de vaches maigres et d’économies…
On relevait, depuis 2020 et la présidence de Sonia Taillepierre, un net fléchissement des actions réelles du CTIG. Il est vrai qu’elle n’était pas une spécialiste du tourisme et que les acteurs de cette filière économique ne semblaient pas en attendre beaucoup.
C’est d’ailleurs patent que les têtes du tourisme local, patrons d’hôtels ou acteurs économiques du secteur se passent tout à fait du CTIG pour assurer la promotion de la destination. Ils sont leurs contacts dans les ministères et chez les tour opérateurs, les voyagistes, les compagnies aériennes et maritimes.
Le recrutement de Naomi Pétrine, directrice générale — elle aussi égratignée par le syndicaliste nommé plus haut pour des tours et détours en avion, de Pointe-à-Pitre à Paris, de Paris à Atlanta et de cette ville à Miami… avec locations de chambres dans des hôtels de qualité — a semblé une bonne idée et rien n’interdit de penser que c’est une bonne idée.
Elle devra faire ses preuves rapidement. Et réveiller la belle endormie qu’est devenu depuis quelques temps le CTIG.
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com