Economie. Les planteurs n’ont pas la banane !

Un rapport rendu public vendredi 15 septembre, fait le bilan des subventions à l’agriculture des Outre-mer. Hors-sol, selon les planteurs de bananes des Antilles Françaises.

Publié par la Cour des Comptes, le rapport observe que le mode de calcul du Programme d’Options Spécifiques à l‘Eloignement et à l’Insularité (POSEI) se traduit par « un niveau de soutien relativement constant d’une année sur l’autre, en dépit de la baisse de la production de bananes aux Antilles observée depuis 2017 », année du passage de l’ouragan Maria. Ceci se traduit par des soutiens financiers estimés par la Cour des Comptes globalement « supérieurs à la valeur des productions. »

La profession s’inscrit en faux et dénonce cette façon de voir les choses.

La concurrence est rude… sur le marché national.

La filière banane des Antilles (Guadeloupe et Martinique) subit la concurrence effrénée d’autres pays producteurs qui n’ont pas les mêmes problèmes — ils paient leurs salariés au lance-pierre et font usage de produits chimiques sans se gêner — et exporte 95% de sa production, essentiellement vers l’Hexagone.

En fait, si l’on prend la dernière année complète (2022), la production antillaise s’élève à 207 000 tonnes (soit +1,9 % de mieux par rapport à 2021 malgré une fin d’année catastrophique liée aux ravages de la tempête tropicale Fiona sur les exploitations du sud de la Basse-Terre, en Guadeloupe), permettant la couverture de 28% des besoins de l’Hexagone, le reste provenant d’Afrique de l’Ouest et de l’Amérique latine.

Que disent les planteurs de bananes ? Que le POSEI n’a pas été revalorisé depuis 2007 et que la promesse de la Première ministre Elisabeth Borne en mai d’une enveloppe de 10 millions d’euros pour aider les productions de fruits et légumes ultramarins s’avère un flop puisque la banane exportée ne bénéficie pas de cette enveloppe.

Les feuilles malades sont coupées à la main… @DR

Pourtant, les planteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique se veulent, et les experts sont unanimes à le reconnaître, vertueux. Ils ont arrêté depuis une dizaine d’années l’épandage aérien contre la cercosporiose noire, maladie qui attaque les feuilles de bananiers et fragilise ainsi les régimes de bananes. Tout se fait à la main désormais, sans produits chimiques, par élimination des feuilles malades (elles jaunissent, se dessèchent).

Ce qui coûte cher puisqu’il faut passer régulièrement dans les champs — plusieurs milliers d’hectares — pour éliminer les feuilles malades une à une…

De plus, il faut éliminer les herbes entre les pieds de bananes à la débroussailleuse puisque le glyphosate est interdit. Plusieurs milliers d’euros à l’hectare chaque année… parce qu’avec l’humidité ambiante sur les terres où l’on fait pousser les bananiers, l’herbe pousse aussi vite que les bananiers !

Ce surcoût, les planteurs l’ont pris à leur charge pour continuer à produire. Aujourd’hui, ils voudraient planter une banane israélienne résistante à la maladie… mais il faut des autorisations en masse que les administrations mettent du temps à accorder.

Surcoût encore celui des intrants : les engrais coûtent deux fois plus cher depuis la guerre en Ukraine !, dénonçait pour Karib’Info Francis Lignières, président de Les Producteurs de Guadeloupe, il y a un an, après le passage de Fiona.

Les aides que les planteurs vont réclamer à Paris dans une semaine (lundi ils devraient rencontrer le ministre des Outre-mer et celui de l’Agriculture) ils estiment ne pas les voler.

La profession emploie des milliers de personnes — qui dépensent leurs salaires au pays — pour une filière économique d’exportation de grande qualité.

André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com

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