Fête des cuisinières 2023 : « Nous saluons les cuisinières de Guadeloupe et leur disons toute notre affection »

PAR JACQUES BANGOU*

Ce deuxième samedi du mois d’août, notre cathédrale pointoise accueillera comme de tradition à chaque fête de son Saint Patron Saint Laurent, l’association des cuisinières de Guadeloupe pour sa traditionnelle messe précédant le défilé dans les rues de la cité puis le repas dansant.

Nous saluons à cette occasion les cuisinières de Guadeloupe et leur disons toute notre affection.

S’agissant de leur création, voilà ce que j’ai pu écrire dans Pointe-à-Pitre, une Ville, un Peuple, un Parcours

« Au tournant du XXe siècle elles sont quatre femmes : servantes, c’est-à-dire personnes à tout faire dans la maison des riches, cuisinières, repasseuses, ménagères, lingères, mabos (gardiennes des enfants de l’employeur).

Elles sont naturellement pauvres.

Elles sont inquiètes de pouvoir être enterrées décemment…

Elles décident, les quatre fondatrices, les demoiselles Debourt, Michely, Louis, Kapas accompagnées de Fifi Anthony*[1] qui sera leur premier administrateur, de fonder une tontine. Chaque sou économisé assurerait leurs frais d’obsèques.

Elles ne s’arrêtent pas là.

Dans un élan d’émancipation du carcan social dans lequel l’histoire veut les enfermer, elles s’appuient sur cette tontine pour se rencontrer entre elles, fêter ensemble, danser ensemble, prier ensemble.

Ainsi se met en place une « sosietè », rythmée après des mois de travail, d’un temps de pause dont l’apothéose consiste en cette messe traditionnelle pour honorer le saint des cuisinières, Saint Laurent. S’en suit le bal, la sortie sur la plage avec le riz et calalou… Autour de la présidente officient les soldâtes. Le protocole est strict, et toute incartade signalée par la clochette énergiquement agitée par la présidente, est synonyme de gage.

C’est à ma connaissance la plus ancienne action délibérément féministe en Guadeloupe.

C’est, également, l’ancêtre des mutuelles de Guadeloupe un demi-siècle avant la Sécurité Sociale en France. »

Elles ont été d’abord Tontine puis la mutuelle des cuistots de la Guadeloupe avant de se transformer en association sous la contrainte des réformes ayant conduit à l’extinction de toutes les mutuelles régionales. Transition douloureuse et pendant quelques années les deux structures vont coexister avec deux directions !!! Mais elles ont su surmonter cette épreuve et arborent plus que jamais le deuxième samedi d’août, toutes réunies, leur fameux costume créole au tissu renouvelé chaque année. Bravo Mesdames !

Pour la réception, elles nous réunissent cette année, au Hangar 1 sur l’enceinte du port. Une première ! Historiquement depuis les années soixante, le bal et la réception se sont successivement tenues au Palais de la Mutualité dont elles étaient co-fondatrices, comme les premières mutuelles Guadeloupéennes, puis à l’école Amédée-Fengarol, puis au Hall des sports.

Le trajet du défilé innovera donc nécessairement avec sans nul doute une halte dansante sur la place du marché central. Halte dansante toujours animée par leur président Rony Théophile pour le plus grand bonheur de tous.

Autre innovation attendue, le clin d’œil à nos racines indiennes avec un menu qui reprend les grands classiques de la cuisine indienne-guadeloupéenne.

Alors samedi 12 aout tous et toutes autour des cuisinières pour leur dire notre amour et notre fierté.

Jacques Bangou est ancien maire de Pointe-à-Pitre

[1] Source : association des cuisinières de la Guadeloupe

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