Caraïbe. Série. Pour un espace caribéen de la connaissance : identité et mémoire collective par Fred Réno

L’examen de cette région du monde est particulièrement exaltant.

C’est un microcosme multiculturel et multiracial. Le laboratoire caribéen témoigne de l’émergence de cultures syncrétiques, de cultures-rhizome dont on ne peut nier l’originalité.

Mais, parallèlement à cette réalité, on assiste au développement de stratégies d’invention d’une Caribéanité par des fractions importantes de l’élite intellectuelle, politique et artistique de la Région.

C’est à l’analyse des mécanismes de production de cette caribéanité que nous vous invitons.

Cette construction repose avant tout sur des mythes mobilisateurs. Parmi les lieux d’expression de ces mythes, on peut en dégager trois qui de notre point de vue sont les plus importants. Le premier concerne la mémoire collective et relève par conséquent de l’historique. Le second, étroitement lié au premier, renvoie au culturel et notamment à la dimension symbolique. Enfin le troisième confère à la région un avenir commun et prend la forme de projections politiques. Le recours à la mémoire collective, c’est aussi le retour à l’histoire.

Il y a dans cette partie du monde un souci obsessionnel d’ancrage historique qui s’explique par la jeunesse de sociétés vieilles seulement de plusieurs siècles et par l’idée largement partagée que la représentation du passé n’est que représentation coloniale et qu’il convient par conséquent de corriger cette représentation . Les élites estiment avoir alors pour mission de recomposer notre mémoire qui serait chaotique Cette recomposition dont l’urgence est soulignée, s’opère sur des registres divers avec cependant pour objectif commun de restituer ou de doter un sentiment communautaire à un ensemble culturellement éclaté.

Le retour à l’histoire s’exprime aussi dans l’idée que dans la caraïbe, nous avons connu un âge d’or précolonial La dimension historique se nourrit aussi d’analogies dégagées du processus colonial par delà la diversité des colonisateurs. Ces ressemblances bien que réelles ne permettent pas pour autant de déduire l’existence d’une communauté caribéenne.

Autres aspects historiques, l’esclavage, l’économie de plantation et un peuplement original légitimeraient l’existence de cette communauté caribéenne. Soumises au même sort, les parties de l’espace antillais connaîtraient une dynamique semblable. Il faudrait désormais reconnaître la prévalence de l’identité sur la différenciation

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