Hébert Edau et Goodÿ en « Rézistans » pour rester libres !

En couleurs, formes, petits, moyens et très grands formats, Hébert Edau et Goodÿ, artistes peintres, revendiquent.

Résolument anti-tendances, anti-censure, farouchement ancrés dans la réalité de leur territoire, en phase sur leur vision de la Guadeloupe et sur leur rôle en tant qu’artistes, observateurs et militants, Hébert Edau et Goodÿ continuent à cheminer ensemble.

Aux Abymes, ils ont aménagé « leur » espace, à Nortia Coworking, au Raizet. Là, dans ce lieu intimiste qui invite à des discussions libres, sans filtre, ils exposent en permanence – l’actuelle collection est visible jusqu’au 31 juillet – sans être soumis à l’ingérence des salles qui les accueillent. Ce qui ne signifie pas que les deux artistes renoncent définitivement à rentrer dans le cadre pour une exposition au sein d’une galerie, ou dans un espace dédié à l’art…

Comme un symbole…

« Avoir un lieu dédié à nos créations, c’est l’expression de la liberté, commente Goodÿ. L’atelier du peintre n’est pas un centre commercial : je n’ai pas envie de voir défiler 200 personnes dans mon atelier ! Qu’on assiste à mon travail de création quand je suis en performance, à l’extérieur, c’est autre chose. C’est un instantané, un moment de liberté pour
l’artiste en dehors de l’atelier. »

Symboliquement, en mai, mois traditionnellement dédié à la commémoration de l’abolition de l’esclavage et aux luttes sociales en Guadeloupe, les deux artistes peintres ont débuté leur cycle d’exposition permanente. Le thème de la première thématique s’est imposé : « Rézistans ». En prenant cette décision, les deux peintres posent un premier acte de résistance.

Un futur à bâtir…

« Rézistans, pour nous, ce n’est pas simplement le fait d’être combattifs, insiste Hébert Edau. C’est également ne pas oublier qui on est, comment on pêchait autrefois, les jardins créoles, les plantes médicinales… C’est aussi la danse, la musique…, l’homme guadeloupéen, les maisons créoles qui disparaissent… comme le territoire dont les côtes sont envahies par la mer… Comment faire face à tout cela ? »

Hébert Edau et Goodÿ lancent la discussion à travers leurs œuvres. Dans leur nouveau lieu d’exposition, ils proposeront leurs créations en permanence, y compris sur rendez-vous, à des horaires flexibles, qui siéent aux visiteurs. Parallèlement, au gré de leurs envies, ils développeront une thématique… « Cet espace facilite la découverte, l’échange avec le public qui voit les œuvres autrement, peut mieux les imaginer chez lui quand il est accroché dans un coworking, ce qui permet aussi de créer des événements en dehors du circuit classique. »

Conscients des difficultés d’aujourd’hui – les mêmes qu’hier, d’ailleurs ! – Hébert Edau et Goodÿ gardent imperturbablement le regard rivé vers demain, vers la ligne d’horizon. Un futur à construire.

« Montrer au monde ce que nous sommes capables de faire ! »

« La résistance, c’est la mémoire et c’est aussi construire demain, poursuit Hébert Edau. Ce que nous demandons aujourd’hui, des lieux pour présenter notre travail, ce n’est pas pour nous, mais pour l’art. Des lieux qui permettent de montrer au monde ce que nous sommes capables de faire ! Des lieux qui font référence. Pour y arriver, il faut travailler avec les artistes, les premiers concernés. Beaucoup d’entre nous avons une expérience de terrain, en plus de celle des professionnels de l’encadrement, du graphiste, de l’éclairage… avec qui nous collaborons. Autour d’une exposition, c’est toute une économie qui vit ! »

Hébert Edau et Goodÿ en restent convaincus : « L’art est rentable quand il est pensé sur le long terme ! Un lieu dédié pousse les artistes vers l’excellence, pour donner du cachet au lieu. »
À mi-chemin entre atelier et salle d’exposition, le nouvel espace de Hébert Edau et Goodÿ favorise la contemplation des œuvres, la mise en perspective de la création des artistes sur plusieurs périodes pour mieux apprécier ainsi l’évolution de leur travail. N’hésitez pas à leur rendre visite !

Cécilia Larney

Les Abymes, ancien aéroport du Raizet, espace Nortia Coworking, rue Pompilius Keller. Tél. 06 90 32 04 50 – 06 90 95 39 31.




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