En janvier 2024, Me Vanessa Bousardo et son binôme, Me Patrice Hoffman, débuteront leur mandant de bâtonniers au Barreau de Paris, le plus grand de France.
Quelle a été votre motivation pour des études de droit ?
Le droit est une vocation secondaire : au départ, j’avais fait une première année de médecine, et au bout de quelques jours, j’ai compris que ce ne serait pas ma place, ni ma voie ! J’ai recherché une université de droit et là, le déclic a été immédiat. J’avais une fascination pour ce domaine, mais il fallait que je ferme une porte, celle de la médecine, pour aller là où je devais. Dès les premiers jours, à l’université en droit, ça a été une évidence. J’ai adoré le raisonnement ! C’était une vraie découverte : j’étais à ma place et mon objectif était de devenir avocate.
Quel est votre lien avec la Guadeloupe ?
Ma maman vient de Besson, aux Abymes. Le lien est plus que central : c’est ma mère, ma base, ce sont mes origines plus qu’intrinsèques. Je ne suis pas née en Guadeloupe, mais j’y ai de la famille, des attachements très forts. J’y étais l’année dernière. J’ai du plaisir à revenir le plus possible en Guadeloupe. J’ai eu même l’occasion d’y venir pour des audiences. Mon lien à la Guadeloupe est loin d’être anecdotique.
Vous exercez au Barreau de Paris, le plus grand de France. Quelles sont les contraintes ?
Un barreau de presque 34 000 avocats, c’est une petite ville ! On peut très vite y être isolé : l’important c’est d’essayer d’intégrer des groupes, qu’il s’agisse de syndicats, d’associations littéraires, de la Conférence des avocats, un concours d’éloquence pour les pénalistes… Dans un si grand Barreau, on peut potentiellement être anonyme, mais il y a de vraies possibilités de créer du lien pour ne pas être isolé.
Justement, vous avez été Secrétaire de la Conférence des avocats du Barreau de Paris avant d’être élue vice-bâtonnière, le 29 juin. Comment l’appréciez-vous ?
Faire partie de la Conférence, c’était un peu un rêve pour la jeune avocate que j’étais à l’époque ! C’était une vraie satisfaction. Quelques années plus tard, j’ai été élue au Conseil de l’ordre, de 2019 à 2021. Aujourd’hui, l’élection au bâtonnat avec mon confrère Pierre Offman, me donne le sentiment d’avoir fait des propositions qui ont rencontré les avocats, après une très longue campagne de 18 mois. Nous sommes allés à la rencontre de beaucoup de confrères et de consoeurs dans leur cabinet, pour discuter des difficultés que nous connaissions déjà, et faire des propositions auxquelles nous croyons très fort. Nous avons la satisfaction de nous dire que nous avons touché « notre public », les avocats de notre Barreau que nous voulons servir. Aujourd’hui, il y a une certaine hâte à passer à l’action pour mettre en œuvre nos mesures.
Dans votre programme, vous annoncez un barreau « plus uni, plus solidaire, et plus fort ». Que proposez-vous pour atteindre cet objectif ?
Nos propositions partent du constat d’une certaine déficience ressentie par les avocats du Barreau à l’égard de leur Ordre. Un peu à l’image de la société. Nous avons proposé d’ouvrir l’Ordre aux avocats pour qu’ils soient des acteurs, notamment en intégrant certaines commissions. Nous voulons aussi apporter des services et œuvrer pour une certaine égalité entre les hommes et les femmes au Barreau de Paris : c’est essentiel. Par exemple, la mise en place d’une garderie d’urgence aidera les consoeurs et confrères en congés parentalité ou congés maternité pour qu’ils soient remplacés aux audiences.
Entretien : Cécilia Larney
Spécialisée en droit pénal et droit pénal des affaires, Me Vanessa Bousardo a ouvert son cabinet en 2016, à Paris, après 10 ans de collaboration avec Me Pierre-Olivier Sur, ancien bâtonnier de Paris.