L’Académie de la Martinique est associée à la CTM (collectivité territoriale de Martinique), l’OECO (Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale), Campus France, l’université des West Indies, l’université Quisqueya et l’université d’Etat d’Haïti, et bien entendu l’université des Antilles qui porte ce projet de formation pour un Espace Caribéen de la Connaissance. Chaque mercredi, retrouvez votre série.
Fred Reno, professeur de science politique.
Pour aboutir à cet Espace caribéen de la connaissance les différents partenaires mentionnés partagent la volonté de co-construire un socle de savoirs portant sur des secteurs très divers de la réalité caribéenne : l’histoire, la culture, l’économie, les inégalités sociales, les institutions politiques et autres défis auxquels sont confrontées les sociétés caribéennes, comme la globalisation, le changement climatique, la sécurité alimentaire, les risques naturels, la migration, la coopération et l’intégration régionale.
Nos publics privilégiés sont les élèves du secondaire, les étudiants des universités et toutes autres personnes s’intéressant aux sociétés caribéennes.
Pour comprendre l’intérêt et les enjeux de cette formation, nous allons vous présenter le constat et l’analyse qui sont à l‘origine de notre volonté de porter une réponse à ce que nous avons appelé « l’ignorance partagée » à propos de la Caraïbe.
Notre projet repose sur le paradoxe suivant : nous sommes nombreux à proclamer, à revendiquer notre caribéanité, mais curieusement nous savons peu de choses sur cet espace que nous partageons.
La Caraïbe est notre espace commun : Cette idée traverse toutes les sphères et les catégories sociales de nos sociétés. Elle se manifeste par une coopération informelle active et très ancienne. Elle se concrétise aujourd’hui par l’institutionnalisation de cette coopération à travers par exemple, l’adhésion de la Guadeloupe et de la Martinique aux organisations régionales de la Caraïbe.
Aujourd’hui nous sommes membres associés de l ‘Association des Etats de la Caraïbe, de l’organisation des Etats de la Caraïbe orientale. Nombreux sont les étudiants et les jeunes en général qui parlent d’identité caribéenne, mais une identité souvent réduite à la culture. On se reconnaît dans les musiques urbaines, dans les danses. Reggae, dance hall, Soca, Zouk, Salsa notamment.
Cette approche disons « culturaliste » et souvent festive coïncide paradoxalement avec une ignorance remarquable sur le reste. Que savons vous de notre histoire commune ? de nos voisins ou tout simplement de la géographie de la Caraïbe ? La réalité, c’est que la Caraïbe est un espace largement méconnu des caribéens. La connaissance, lorsqu’elle est acquise, est le plus souvent limitée à nos espaces coloniaux respectifs.
Les francophones se limitent à l’espace hérité de la colonisation française, les anglophones à l’héritage colonial de l’Angleterre, les hispanophones, les néerlandophones ont tendance à faire la même chose. Comme si nous étions encore prisonniers de notre passé et incapables de sortir des frontières linguistiques et culturelles léguées par la France, L’Angleterre, l’Espagne et les Pays-Bas.
Ce projet nous a amené à nous interroger sur le rôle que peut jouer, que doit jouer l’université face à ce constat d’un déficit chronique de connaissances partagées sur la Caraïbe.