Le 14 mai 2023, une automobiliste qui quittait Basse-Terre au volant de sa C3 était violemment frappée à la tête par un élément de l’airbag de sa voiture. Une enquête était ouverte par le parquet de Basse-Terre.
Un mois et demi plus tard, à l’initiative d’Eric Maurel, procureur général de la Guadeloupe, les procureurs de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre, MM. Xavier Sicot et Patrick Desjardins, ont tenu une conférence de presse pour faire le point sur plusieurs blessures, certaines mortelles, imputées à des airbags survenues ces dernières années.
« De 2018 à ce jour, nous avons 10 affaires sur le ressort du parquet de Pointe-à-Pitre pouvant impliquer un airbag qui s’est déclenché de façon inopinée en occasionnant des blessures, certaines mortelles. »
Le procureur Patrick Desjardins donne cette information de façon solennelle. Il poursuit : « Pour quatre de ces blessés, la mort d’une personne est intervenue en fin de compte. »
Ces personnes, quand elles étaient blessées, leurs proches quand elles étaient décédées, ont déposé plainte. Ces plaintes s’appuient aussi sur des investigations légales menées au CHUG.
« Il es possible, prévient le procureur pointois, qu’il y ait d’autres victimes, qui n’aient pas été blessées grièvement ou qui aient quitté la Guadeloupe. »
Le parquet de Pointe-à-Pitre a regroupé ces 10 faits. Désormais, il faudra passer à l’étape supérieure, mener des investigations plus poussées, techniques, et poursuivre la procédure.
« Une information judiciaire a été ouverte sur quatre dossiers dans lesquels il y a une très forte conviction que le fait que des airbags aient été impliqués. ce sont des dossiers pour blessures ou pour décès de la victime. »
Le procureur Desjardins détaille :
. Le 24 octobre 2021, aux Abymes, Palais Royal, une personne est blessée par l’explosion d’un airbag.
. Le 21 mai 2022, aux Abymes, une personne seule est décédée après l’explosion de l’airbag de sa voiture.
. Le 18 juillet 2022, à Saint-François, le conducteur d’une voiture est blessé par l’explosion de l’airbag.
. Le 16 mai 2023, aux Abymes pour « un accident bénin », l’airbag se déclenche, explose et tue le conducteur du véhicule.
Le procureur de Basse-Terre, Xavier Sicot, expose l’accident du 14 mai 2023 et explique la procédure mise en branle.
« L’enquête a été confiée à la gendarmerie et à la section de recherche de Pointe-à-Pitre. Il s’agit d’une enquête préliminaire pour décès par personne physique ou morale. J’ai reçu les proches de la victime. Une information judiciaire va être ouverte d’ici la fin de la semaine. Le chef d’infraction est l’homicide involontaire par personne physique ou personne morale. »
Le procureur Desjardins : « C’est une enquête lourde, avec beaucoup d’actes, des expertises, des témoignages, peut-être des investigations dans d’autres pays. L’enjeu est la protection des personnes. Il faut travaille sur l’hypothèse que les airbags aient été défectueux, rechercher la responsabilité de personnes physiques ou morales. L’information va sans doute dépasser la Guadeloupe. Nous sommes bien conscients de l’ampleur de ce dossier. »
Les six autres faits ? « Ils ne sont pas abandonnés : il y a eu des victimes. Les enquêtes vont se poursuivre pour rechercher les causes exactes de l’accident et les blessures. Il faudra entendre les victimes, faire des vérifications. Il est hors de question d’oublier ces victimes ! », martelle le procureur Patrick Desjardins, qui affirme organiser la réception des avocats des victimes qui se sont constitués en collectif tout comme les victimes ou des proches à titre individuel.
Dans l’immédiat, trois juges d’instruction seront sur ces dossiers parce que l’investigation sera lourde, longues. « Il pourront faire le suivi sur le long terme. »
Patrick Desjardins : « Si les informations concluent aux mêmes causes, aux mêmes conclusions, aux mêmes responsabilités, la complexité de ces dossiers justifiera que les deux dossiers, celui collectif de Pointe-à-Pitre et celui de Basse-Terre soient regroupés. »
A ce jour, les véhicules, dont les airbags de marque japonaise pourraient être mis en cause, sont tous des Citroën C3, tant dans le dossier groupé de Pointe-à-Pitre que dans le dossier de Basse-Terre.
Les six autres dossiers pour lesquels il faut investiguer encore concernent des airbags sur des véhicules Citröen. « Je ne veux pas en parler tant qu’il n’y a pas des vérifications pointues effectuées par des experts », souligne le procureur Desjardins.
Le Pôle des accidents collectifs de Paris, quoiqu’informé, n’a pas été saisi « pour l’instant. »
André-Jean VIDAL
aj.vidal@karibinfo.com